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L’ancrage territorial de la Réserve naturelle nationale du Bagnas

Une RN bien ancrée dans son réseau d’acteurs

Un diagnostic d’ancrage territorial a été réalisé sur la Réserve Naturelle Nationale du Bagnas. Conjointement mis en œuvre par la chargée de mission du plan de gestion et une sociologue, ce diagnostic a permis de dresser un premier état des lieux de l’ancrage de la réserve sur son territoire. Cet état des lieux permettra au gestionnaire de mettre en place des actions d’amélioration de l’ancrage notamment auprès des acteurs locaux.

Qu’est-ce que l’ancrage territorial d’une réserve ?

L’ancrage d’une entité géographique (telle une réserve naturelle) est lié à l’appropriation que s’en font les acteurs locaux et aux efforts d’intégration réalisés par cette entité. Il s’agit d’un processus, dont la mesure de l’état à un instant « T » peut constituer un moyen d’évaluer le bon fonctionnement social d’une réserve. Cette mesure de l’appropriation par les acteurs locaux est également l’occasion de définir des objectifs et actions propres à améliorer l’ancrage de cette entité géographique. L’ancrage peut se mesurer à partir de l’analyse des perceptions, par les acteurs locaux, du rôle et de la place de cette entité au sein de son territoire.

Quel état de l’ancrage pour la réserve du Bagnas ?

La place de l’Homme dans le site du Bagnas est une vraie question. Pour qualifier cet ancrage, 31 personnes ont été enquêtées. Répartis en 4 catégories (usagers locaux, partenaires et élus locaux, acteurs scientifiques, acteurs de l’EEDD), les acteurs ont répondu à un questionnaire en 3 parties permettant de refléter leur niveau de connaissance de la réserve, l’intérêt qu’ils y portent ainsi que leur niveau d’implication dans les actions et politiques de la réserve. A noter la principale limite de cette étude qui est la non prise en compte de la population locale lors des enquêtes.

Le diagnostic d’ancrage territorial révèle ainsi que la réserve est bien ancrée dans son réseau d’acteurs mais qu’elle reste peu connue par la population locale. Et au sein même du réseau d’acteurs, il existe des dissonances. En effet, les « usagers locaux » se sont montrés plus réfractaires envers la réserve notamment sur les questions de gestion et d’efficacité que les autres catégories d’acteurs. On se rend ainsi compte que l’ancrage de la réserve naturelle est meilleur à une échelle supra-territoriale dans le cadre d’un réseau institutionnel et scientifique qu’à l’échelle très locale où des conflits persistent.

La définition des profils cognitifs, tels que construits par Clara Therville dans sa thèse (2013), permet de mettre en valeur la relation qu’entretiennent les acteurs avec la réserve au moment du diagnostic. C’est donc une photo de l’ancrage territorial de la réserve à un instant T. Mais c’est également un outil stratégique qui permet au gestionnaire d’identifier les marges de progrès pour améliorer son ancrage. Avec une large majorité de profils fédérés (= acteur convaincu du caractère enrichissant de la réserve pour son territoire : se positionne en soutien) identifiée parmi les acteurs enquêtés (75%), la RNN du Bagnas dispose de forces vives, impliquées et convaincues, pour relayer ses efforts d’amélioration de son ancrage territorial. En pratique, deux enjeux peuvent être identifiés : d’abord conserver la répartition actuelle de profils « fédérés » et ensuite faire évoluer les profils « territoriaux » (=acteur acceptant la présence de la RN sur le territoire) et « contraints » (= la RN est perçue en termes de contraintes) vers le profil « fédéré ».

 

Comment améliorer l’ancrage territorial de la réserve ?

Plusieurs pistes de réponses à ce DAT… qui trouveront place au sein du nouveau plan de gestion de la réserve naturelle.

Un mode de gouvernance à faire évoluer… Le DAT a permis de révéler les limites du modèle de gouvernance actuel de la réserve. En effet, le comité consultatif n’est pas vécu comme un lieu d’échange et de concertation par la plupart des acteurs. L’Adena et ses partenaires doivent innover et proposer de nouveaux espaces de concertation aux acteurs locaux comme des commissions usagers. Une commission scientifique a déjà été mise en place en 2018.

Réseauter… Cette reconnaissance aux échelles supra-territoriales, gage de légitimité, implique donc une ouverture de l’Adena vers l’extérieur. L’implication dans les réseaux pour transmettre son savoir-faire et partager son expérience dans les différents domaines d’intervention du gestionnaire est essentielle. Sur les questions des suivis scientifiques, d’EEDD ou de concertation et conciliation des usages, la RNN possède l’expérience et la compétence pour mobiliser et structurer ou participer à la structuration de réseaux thématiques d’envergure.

L’atout associatif… La place de l’association, en tant que gestionnaire est primordiale. En effet, le statut associatif permet à la société civile de devenir actrice de son environnement. Le DAT a mis en avant le manque de lisibilité dans le fonctionnement de la structure associative et de ses liens avec l’équipe gestionnaire. Néanmoins, les restructurations en cours perçues par les acteurs témoignent d’une dynamique interne constructive. L’Adena située dans un bassin de vie conséquent a toutes les cartes en main afin de faire connaitre ce lieu d’exception à la population locale et ainsi mobiliser les citoyens autour d’une cause commune.

L’accueil du public… La restriction d’accès au site peut engendrer une incompréhension des acteurs locaux et notamment de la population. C’est pourquoi l’accueil du public est un outil fondamental pour l’ancrage de la réserve.

Et bien sûr communiquer, communiquer, communiquer… Une faiblesse identifiée dans le cadre du DAT !

 

Des bénéfices pour le territoire reconnus par la majorité des acteurs

 

-> Contact : Noémie Le Gars, chargée de mission plan de gestion, e-mail [1]