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Continuité écologique en marais littoraux méditerranéens

Résultats du stage de Noa Ledru (2022), co-encadré par l’OFB et le Pôle-relais lagunes méditerranéennes

Pendant 5 mois, l’Office français de la biodiversité (antenne de Pérols) a accueilli Noa Ledru en stage de Master 1 afin de poursuivre les travaux engagés depuis 2019 sur la continuité écologique et l’accueil piscicole dans les marais littoraux.

La transparence des ouvrages à la mer et une meilleure gestion hydraulique des marais littoraux sont des leviers importants pour la préservation des populations piscicoles qu’elles soient dulcicoles, amphihalines ou marines. L’étude et la connaissance de la continuité écologique (en particulier piscicole) de ces territoires doivent faire l’objet d’une attention particulière, pour accompagner la mise en œuvre :

© N. Barré

Afin de parvenir à cette mise en œuvre à l’échelle des deux façades maritimes, l’Office Français de la Biodiversité s’appuie techniquement sur le Pôle-relais lagunes méditerranéennes et le Pôle-relais Marais atlantiques, Manche et mer du Nord (Forum des marais atlantiques).

Le stage a porté sur la cartographie des Unités Hydrauliques Cohérentes en marais littoral méditerranéen. La production des données sur les ouvrages hydrauliques et la délimitation des UHC, s’appuient préalablement sur les documents de gestion, les diagnostics hydrauliques existants fournis par les structures de gestion, ainsi qu’une visite de terrain organisée en partenariat avec les gestionnaires de sites. La validation finale des données produites est réalisée en concertation avec ces derniers.

A noter que le rapport de Master 1 de Noa Ledru, en téléchargement ci-dessous, présente une vision préliminaire du travail à fournir pour lever la donnée en marais et son utilisation à venir pour de nouveaux indicateurs de continuité (cadre DCSMM).

Référencement des ouvrages hydrauliques

Suite aux premiers stages de 2019, 2020 et 2021 [1] plus de 1000 ouvrages hydrauliques ont déjà été identifiés sur ces milieux humides, dont les caractéristiques ont été collectées, standardisées suivant une typologie commune [2], puis bancarisées dans le référentiel des obstacles à l’écoulement.

Les résultats du stage 2022 ont permis de référencer de nouveaux ouvrages hydrauliques au ROE sur les secteurs des marais du Narbonnais (134), des étangs palavasiens (Grande Palude : 36) et de Camargue (domaine de la Tour du Valat et marais du Verdier : 97), visibles sur le RPDZH [3].

Les fiches de synthèse produites par Noa Ledru présentent les localisations cartographiées  des ouvrages et permettent d’informer sur les principales caractéristiques référencées dans la Base de Données sur les Obstacles à l’Écoulement (i.e. nom local de l’ouvrage, type et numéro ROE). De plus, quand le gestionnaire dispose de l’information de gestion de ces ouvrages, cette donnée a été intégrée à la fiche.

[4] [5]

Légende : exemples de cartographies des ouvrages hydrauliques (à gauche) et des unités hydrauliques cohérentes (à droite).

Avancées sur la cartographie des Unités Hydrauliques Cohérentes en marais littoraux méditerranéens

Dans le cadre des précédents stages portés par l’OFB en partenariat avec le Pôle relais lagunes et le Forum des marais atlantiques, le protocole de délimitation des unités hydrauliques cohérentes (UHC) éprouvé sur les marais de la façade atlantique, a été adapté aux marais littoraux de Méditerranée. Ces travaux préliminaires ont permis d’éditer à l’automne 2021, le Protocole d’identification et de délimitation pour les façades atlantique et méditerranéenne [6] pour les 2 façades, permettant ainsi d’obtenir, de décrire (fonctionnement hydraulique, salinité, niveau d’emboîtement de l’unité hydraulique) et de bancariser, pour la première fois, des surfaces précises de marais sur la plateforme du réseau partenarial des données sur les zones humides.

Suite au référencement des obstacles à l’écoulement et à la caractérisation des UHC en marais, il est désormais plus aisé de connaître le nombre d’ouvrages hydrauliques connectés à chaque marais référencé ou encore de connaître le nombre d’ouvrages les connectant au réseau hydraulique, du cours d’eau à la lagune. Les secteurs ciblés par le PLAGEPOMI ont par ailleurs été pris en compte pour prioriser cette remontée de connaissances sur les grands territoires lagunaires (lien aux masses d’eau DCE).

À l’issue du stage de Noa Ledru, ce sont 6 nouvelles fiches de synthèse qui ont été produites sur les territoires suivants (cf téléchargement):

– Marais du Narbonnais en périphérie du complexe d’étangs de Bages-Sigean

– Marais de Grande Palude, marais du Méjean et Salines de Villeneuve aux abords des étangs palavasiens

– Marais camarguais : Grandes cabanes, Marais du Verdier.

Les fiches de synthèse ont permis d’apporter cette année des outils permettant plus d’appropriation des méthodes nationales et des données référencées :

un logigramme pour représenter la hiérarchisation des unités hydrauliques (niveaux d’emboitement), ainsi que les ouvrages hydrauliques au ROE qui y sont associées. Cf exemple ci-dessous l’exemple sur les marais de Grande Palude au nord de l’étang d’Ingril (étangs palavasiens).

[7]
– un tableau de caractérisation des unités hydrauliques permet d’indiquer leur gamme de salinité et un type de gestion. Ce sont autant de renseignements sur les casiers hydrauliques qui pourront figurer en ligne dans le portail d’information géographique du RPDZH. [8]

En retour de ce travail, il sera nécessaire de revenir vers les gestionnaires des marais périphériques des lagunes pour faire évoluer ces fiches de synthèse et les enrichir de leurs données de gestion des ouvrages (identification des champs de données à recueillir).

Conclusion

Le stage de Noa Ledru a permis d’apporter une réflexion sur l’évolution de ces outils de porter à connaissance en marais, pour les faire évoluer et favoriser leur appropriation auprès des acteurs des territoires. L’OFB prévoit de poursuivre ces travaux de référencement des obstacles à l’écoulement et de cartographie des unités hydrauliques cohérentes sur d’autres secteurs de marais dès 2023.

D’autre part, dans le cadre de la mise en œuvre du 2ème cycle de la DCSMM, il est attendu que des indicateurs de pression et de suivi du bon état écologique des milieux marins soient élaborés et en particulier sur le descripteur 7 : « une modification permanente des conditions hydrographiques ne nuit pas aux écosystèmes marins ». L’ambition est de développer des indicateurs utiles, utilisables, utilisés par les acteurs territoriaux.

Afin de répondre à ce besoin d’indicateur qualifiant la « continuité terre-mer », des pistes de réflexion sur la perméabilité et la complexité hydraulique à l’échelle des marais littoraux ont été engagées lors de ce stage 2022 conjointement avec le Forum des marais atlantiques. Ces pistes de travail devront être approfondies et partagées en 2023 avec une communauté d’acteurs travaillant sur la caractérisation des continuités écologiques, et à la lumière de la synthèse bibliographique portant sur le sujet (prestation en cours financée par l’OFB, fin prévue début 2023).

Salins de Frontignan (étangs palavasiens, 34). © Noa Ledru/OFB

Pierre Caessteker
OFB
[email protected] [9]

Nathalie Barré
CEN-Occitanie /Pôle-relais lagunes méditerranéennes
[email protected] [10]