Première action du Projet Balbuzard méditerranéen français
Date de publication : 23/05/2017
Par Claire Pernollet et Anthony Olivier
[1]Depuis les années 1930, les Balbuzards pêcheurs ne se reproduisent plus dans 8 pays méditerranéens dont le Sud de la France. Contrairement aux populations du Nord de l’Europe, la population méditerranéenne de Balbuzards est classée localement « en danger »[1] [2].
Comptant moins de 80 couples nicheurs, les noyaux de reproduction de la population méditerranéenne présentent des spécificités génétiques différentes de celles du Nord de l’Europe. Les 4 principaux sites de reproduction actuels (Corse, Baléares, Maroc, Algérie) sont distants les uns des autres.
Les balbuzards méditerranéens ont des stratégies migratoires très hétérogènes (résidents, courte et longue distances). Néanmoins, les jeunes se déplacent dans tout le bassin méditerranéen. Des échanges entre les différents noyaux de reproduction méditerranéens sont donc possibles.
Chaque année des individus de Corse, d’Italie, des Baléares, d’Espagne ou même d’Allemagne séjournent durant leur hivernage ou réalisent des haltes migratoires sur le littoral méditerranéen français (informations issus des travaux de recherche de Flavio Monti et Olivier Duriez, CEFE Montpellier-PNR Maremma/Université de Ferrara-Italie).
La Camargue et les étangs languedociens représentent donc jusqu’à maintenant uniquement des lieux de passage alors qu’ils possèdent tous les éléments pour accueillir des couples de balbuzards en reproduction.
Des projets visant à reconnecter les noyaux de reproduction de la population méditerranéenne du Balbuzard pêcheur ont été mis en place en Espagne (2003), Italie (2006) et au Portugal (2011) et donnent des résultats positifs. Ces projets se sont réalisés en deux étapes :
- Action 1) Installation de nids artificiels sur des sites de passage migratoires clés ou d’hivernage des balbuzards afin de favoriser la recolonisation naturelle ;
- Action 2) Renforcement des populations à travers l’élevage et le lâché de juvéniles.
En décembre 2016 était publié le « Plan de rétablissement et de sauvegarde du balbuzard pêcheur en Europe, notamment dans le bassin Méditerranéen » dont un des axes de conservation de l’espèce en France préconise la mise en place de plateformes artificielles sur des sites potentiellement favorables.
C’est donc tout logiquement que la Tour du Valat coordonne depuis un an un pré-projet visant à réfléchir à la manière de favoriser la reproduction du Balbuzard pêcheur sur le littoral méditerranéen français, de la région Occitanie à la région PACA.
Jusqu’ici deux réunions ont eu lieu dans ses murs. La première (23 juin 2016) a permis de lancer le projet d’assistance à la reproduction du Balbuzard le long de la côte méditerranéenne française (hors Corse). La seconde (6 avril 2017) avait pour but de définir les grandes lignes du projet avec les partenaires (CEFE-CNRS Montpellier, LPO Mission Rapaces, LPO Hérault, LPO PACA, Réserve du Bagnas, Réserve des Marais du Vigueirat) afin que ces derniers soit informés de l’état des connaissances à ce stade.
En parallèle, la première plateforme de nidification dédiée à cette espèce sur le littoral méditerranéen français a été installée le 7 avril, en Camargue dans le bois de Tourtoulen, une partie de la ripisylve du Rhône appartenant au Conservatoire du Littoral et co-gérée par la Tour du Valat et l’ONF (voir la fiche du site / Conservatoire du Littoral [3]).
Pour ce faire, un peuplier blanc de 20 mètres de haut, à l’écart des autres arbres et à une dizaine de mètres du bord du fleuve, a été choisi. La plateforme offre un panorama dégagé aux reproducteurs potentiels. L’arbre présente une belle assise ayant permis d’y installer un nid fait de bois flotté (récupéré sur les berges du fleuve) et d’un tapis de litière dans la corolle (voir photos).
Le 7 avril 2017, Anthony Olivier (garde/gestionnaire du Bois de Tourtoulen), Yann Vivien (élagueur professionnel), Flavio Monti (post-doctorant balbuzard, Italie), Paul Lesclaux et Florent Lagarde (projet de translocation de balbuzards pêcheurs dans les Landes de Gascogne) et Claire Pernollet (coordinatrice du projet) ont installé une plateforme sur un peuplier blanc dans le bois de Tourtoulen (à gauche © A. Olivier, au centre et à droite © Y. Vivien).
La Tour du Valat espère que de nombreuses autres plateformes fleuriront le long du littoral dans des lieux stratégiquement choisis pour cette espèce. A ce titre, un développement de ces installations en Occitanie est attendu en collaboration avec la LPO Hérault. Affaire à suivre !
- En savoir plus sur l’espèce et l’installation de plateformes de nidification :
Document de présentation du projet [5]
- POUR TOUTES QUESTIONS / Contacts
Contact plateforme Bois de Tourtoulen : Anthony Olivier, [email protected] [6]
Coordinatrice du projet: Claire Pernollet : [email protected] [7]
Contact en Occitanie : Denis Rey, [email protected] [8])
Contact en PACA : Arnaud Béchet, [email protected] [9]
[1] [10] Le balbuzard pêcheur est classé vulnérable sur la liste rouge nationale. Il est classé dans la catégorie CMAP 1 (espèce dont la Conservation Mérite une Attention Particulière) qui regroupe toutes les espèces menacées à l’échelle planétaire avec le statut d’oiseau vulnérable. De plus, en Europe, il figure en catégorie SPEC 3 qui désigne l’ensemble des espèces dont le statut européen est défavorable et dont la majorité de la population mondiale se situe hors d‘Europe