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Du nouveau sur la contamination chimique des lagunes méditerranéennes

Les résultats de l’étude PEPS LAG, Ifremer, Sète (34)

 

Les résultats de PEPS LAG montrent que sur les 23 masses d’eau de transition suivies, 20 doivent d’ores et déjà être considérées comme étant en mauvais état chimique à cause d’au moins un polluant et seulement 3 (La Palme, Bagnas et Ponant) pourraient être considérées en bon état chimique vis-à-vis de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) en l’état. Les résultats de la campagne DCE 2012 viendront compléter ces derniers en vue de la définition de l’état chimique des lagunes au cours de ce plan de gestion.

Objectifs et méthodes de l’étude

L’objectif de l’étude PEPS LAG était de caractériser le niveau d’exposition des lagunes aux contaminants chimiques, afin de compléter notre connaissance de la qualité des masses d’eau côtières méditerranéennes françaises. 23 masses d’eau de transition (soit 26 lagunes) réparties sur 7 départements côtiers en LR et PACA ont été échantillonnées entre mai et août 2010, au moyen d’échantillonneurs intégratifs et/ou passifs (SBSE : Stir Bar Sorptive Extraction, POCIS : Polar Organic Contaminant Integrative Sampler et DGT : Digital Gradient in Thin film). Grâce à l’utilisation conjointe de ces trois types d’échantillonneurs complémentaires (SBSE, POCIS et DGT), 141 contaminants issus de différentes familles chimiques (pesticides, médicaments, alkylphénols, HAP, PCB et métaux traces) ont été recherchés sur chaque site. Leurs teneurs ont ensuite été comparées aux Normes de Qualité Environnementales (NQE), lorsque celles-ci existent, afin d’apporter des éléments de réflexion et de connaissance sur l’état chimique de chacune des masses d’eau étudiées, au titre de la DCE. Il s’agit là des résultats d’une seule campagne qui sera complétée par les suivis réalisés en 2012 au titre de la DCE afin de statuer sur l’état chimique de ces masses d’eau au cours du plan de gestion actuel.

Mas du Grès, Etang de l’Or, Lansargues. Crédit photo Thomas Gendre.

Les résultats : un mauvais état chimique de nos lagunes

Les résultats de PEPS LAG montrent que sur les 23 masses d’eau de transition suivies, 20 doivent être considérées comme étant en mauvais état chimique à cause d’au moins un polluant et seulement 3 (La Palme, Bagnas et Ponant) en bon état chimique vis-à-vis de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). Sur les 20 masses d’eau en mauvais état, 19 le sont en raison d’un déclassement par au moins un insecticide organochloré (de la famille des cyclodiènes, des lindanes et/ou l’insecticide endosulfan). Ce type de pollution semble être liée à des usages passés. En revanche, le cuivre, dont les apports sont liés aux usages actuels, vient compléter la liste des contaminants qui déclassent certaines masses d’eau.

¾ des contaminants recherchés dans cette étude ne disposent pas de NQE, il n’est donc pas possible de savoir s’ils constituent ou non un risque pour les écosystèmes lagunaires. De plus, l’ensemble de contaminants chimiques recherchés ici ne constituent qu’une partie sans doute infime des produits chimiques présents dans l’eau. S’il est important d’élargir la gamme et le nombre des contaminants chimiques recherchés, la diversité des contaminants retrouvés dans cette étude (entre 15 et 64 contaminants retrouvés par site d’échantillonnage) pose question. La réglementation actuelle fixe des NQE par contaminant, sans prendre en compte les effets croisés potentiels de ces derniers. Des travaux de recherche restent encore à mener sur l’étude de ces effets de « cocktails » sur les écosystèmes aquatiques afin d’améliorer l’évaluation du risque chimique en milieu lagunaire et marin.

Finalement, ces résultats mettent simplement en évidence l’impact de notre mode de vie actuel sur notre environnement proche, notamment l’environnement marin et les écosystèmes lagunaires (anthropisation littorale, introduction de produits chimiques, pharmaceutiques et phytopharmaceutiques dans la vie professionnelle autant que personnelle de chaque citoyen, indépendamment de son niveau social). Si on souhaite voir diminuer la présence de ces contaminants chimiques dans l’environnement, il est urgent de revoir nos modes de consommation et de vie actuels.

 

Rapport disponible sur Archimer sur ce lien [1]

Taper : « PEPS LAG »

 

Dominique Munaron

Laboratoire Environnement et Ressources du Languedoc Rousssillon LER-LR, Sète

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