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Espèces Exotiques Envahissantes dans la Réserve de biosphère de Camargue

Vers une gestion concertée

Ibis sacré, une espèce sous surveillance en Camargue © ONCFS

Le développement des espèces exotiques envahissantes (EEE) constitue l’une des causes importantes de perte de biodiversité dans le monde. Un groupe de travail rassemblant des experts et des gestionnaires a été mis en place pour élaborer un plan d’action et une gestion concertée de ces espèces à l’échelle de la réserve de biosphère de Camargue.

La législation définit désormais un cadre précis pour la gestion des EEE. Un règlement européen adopté en 2014 fixe notamment une liste d’espèces dites « préoccupantes pour l’Union », qui doivent à ce titre faire l’objet de mesures de gestion ou de plans d’éradication. Cette liste évolutive, et que chaque état membre peut compléter, compte actuellement 49 espèces, dont certaines sont bien implantées en Camargue, comme le Ragondin (Myoscastor coypus) ou la Jussie (Ludwigia peploides). Du règlement européen transposé en droit français découle une stratégie nationale relative aux EEE, elle-même en cours de déclinaison à l’échelle des régions.

En 2017, le conseil scientifique et d’éthique du Parc et de la Réserve de biosphère de Camargue s’est saisi de cette problématique par la création d’un groupe de travail dédié, constitué d’une dizaine de structures de gestion et d’organismes divers, co-animé par le Syndicat Mixte de Gestion de la Camargue Gardoise et le Parc naturel régional de Camargue.  C’est dans ce cadre qu’un plan d’action EEE a été élaboré par Aurore Prieur, stagiaire étudiante en Master II génie de l’environnement de l’école d’agronomie de Rennes. Ce plan sera finalisé en 2019, pour une mise en œuvre espérée à partir de 2020.

Dans un premier temps, ce travail a permis de réaliser un état des lieux de la problématique des EEE et de leur gestion à l’échelle du territoire. Les experts ont ainsi établi une liste de plus de 70 espèces considérées comme présentes dans la réserve de biosphère. Ils ont ensuite classé ces espèces selon leur statut réglementaire, leur impact sur la biodiversité et la faisabilité de la gestion, en quatre catégories : alerte, surveillance, contrôle ou éradication.

Parallèlement, une enquête menée auprès d’un panel de gestionnaires et d’usagers (chasseurs, agriculteurs…) visait à évaluer leur intérêt pour la problématique des EEE et à recueillir des témoignages quant aux impacts et à la prise en compte de ces espèces dans la gestion. Lors de cette enquête, pas moins de 25 espèces ont été signalées  par les acteurs locaux, les plus citées étant le Ragondin, l’Ecrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii), la Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans), la Jussie, le Séneçon en arbre (Baccharis halimifolia), l’Herbe de la pampa (Cortaderia selloana) et le Faux indigo (Amorpha fruticosa).

Les acteurs du territoire ont d’autre part pointé plusieurs facteurs susceptibles de limiter la portée des actions : le manque d’information et de documents techniques, le déficit de communication entre acteurs, la faiblesse des moyens financiers dédiés à la lutte contre les EEE.

Le plan d’action, élaboré à partir de toutes les informations recueillies, développe 5 axes, déclinés en 12 objectifs et 27 actions :

Une des premières actions du plan consistera en l’installation d’un comité de pilotage chargé d’en suivre la mise en œuvre. Ce comité sera constitué d’acteurs locaux, de gestionnaires d’espaces naturels, de collectivités et d’institutions publiques.

 

Claire Tétrel

Parc naturel régional de Camargue

[email protected] [1]

 

Jean-Baptiste Mouronval

Syndicat Mixte Camargue Gardoise

[email protected] [2]