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État des lieux des étangs palavasiens : Vers une stratégie de restauration

Suite à la dissolution du syndicat des étangs littoraux, le Siel, afin de capitaliser la connaissance acquise sur les lagunes palavasiennes et d’accompagner la prise de compétence GEMAPI par les EPCI sur le littoral, une entente dite « Lagune » a été créée pour les trois années transitoires, réunissant les 3 EPCI du territoire à savoir Métropole Montpellier Méditerranée, Sète Agglopôle Méditerranée et Pays de l’Or Agglomération. Ce travail en régie a eu pour but de mettre en perspective sur le temps long la restauration de ce système lagunaire, par le partage d’une vision commune et l’élaboration de documents d’aide à la décision facilitant la concertation et l’émergence de projets opérationnels.

Les lagunes palavasiennes sont le fruit de longs processus naturels conjugués à l’accumulation sur plusieurs siècles d’aménagements anthropiques. Le résultat est une mosaïque complexe de milieux aquatiques et humides, à la fois d’un grand potentiel écologique et d’une extrême vulnérabilité.

Elles cumulent des pressions passées, actuelles et futures tant sur les plans hydromorphologique, biogéochimique qu’écologique. Ce cumul dégrade fortement le potentiel fonctionnel de ces milieux.

Une dynamique enclenchée…

Les suivis de ces milieux font ressortir une dynamique de restauration enclenchée depuis une décennie, grâce notamment à la modernisation des systèmes d’assainissement et aux programmes de conservation écologique sur les lagunes et leurs zones humides périphériques. Cette dynamique de restauration reste toutefois lente. Le Risque de Non Atteinte des objectifs de bon état chimique, écologique et morphologique, fixés par la Directive cadre sur l’Eau, DCE, à 2027 est avéré, alors qu’ils avaient déjà été reportés en 2015 et 2021.

Face au constat de l’état général dégradé des masses d’eau des étangs palavasiens et de leurs bassins versants (suivis de la DCE, Evaluation de l’état de conservation de l’habitat lagunaire…) et de l’inertie de son amélioration, une réflexion a été amorcée en 2018 pour que le territoire soit doté d’une stratégie de restauration de ces lagunes. L’objectif partagé avec l’ensemble des acteurs de ce territoire est une restauration fonctionnelle et pérenne des lagunes palavasiennes.

Ainsi, en 2019, une instance spécifique a été créée : « l’Entente lagune » pour amorcer cet état des lieux, regroupant par voie de convention les trois EPCI compétentes sur les lagunes palavasiennes et leurs bassins versants : Sète Agglopôle Méditerranée, Montpellier Méditerranée Métropole, Pays de l’Or Agglomération.

Pour faciliter la mobilisation de l’ensemble des acteurs du territoire autour de la restauration des étangs palavasiens, plusieurs outils d’aide à la décision ont été établis : un état des lieux des connaissances, un atlas cartographique et un dossier technique pour chacune des 9 unités géographiques cohérentes. Pour leur première version, ces documents ont été réalisés en régie afin de matérialiser la vision des gestionnaires. Leur contenu évoluera au cours des concertations et s’enrichira d’études de faisabilité.

Afin d’établir ces documents et satisfaire la diversité des besoins, un socle méthodologique a été exploité. Il a permis d’arrêter les objets et le périmètre de la stratégie et facilitera par la suite la mise en œuvre des méthodes exploitées. En cohérence avec les politiques de l’eau et documents existants (SDAGE, SAGE…), 4 orientations cadres ressortent pour la restauration des masses d’eau lagunaires et ont guidé l’élaboration des documents : La réduction des flux de contaminant rejetés aux masses d’eau, le bon état morphologique des cours d’eau et canaux tributaires des lagunes, le bon état des zones humides périphériques et enfin le bon état des masses d’eau lagunaires elles-mêmes.

Figure 1 : socle méthodologique exploité

Figure 2 : cadre d’écriture

Pour permettre une vision éclairée et pédagogue, une attention particulière a été portée à l’historique du territoire et sa tendance d’évolution. Des états de références historiques ont été reconstitués.

Un cadre d’écriture a été stabilisé à partir de ses méthodes permettant une vision simplifiée depuis les fonctions des écosystèmes jusqu’aux objectifs de restauration. Ébauche d’un Espace de Bon Fonctionnement, un périmètre de près de 10 000 ha incluant les lagunes, leurs zones humides périphériques, leurs tributaires et les pressions les plus rapprochées a été défini. Dans un souci de cohérence hydraulique et de jeu d’acteurs, il a été subdivisé en 9 unités géographiques cohérentes (figure 3).

Un atlas cartographique, inclus dans dossier technique l’explicitant, présente pour chaque unité, sa composition paysagère, son historique, ses usages, son contexte d’intervention (fonciers, plan de gestion…), ses éléments hydrauliques et hydro-morphologiques, biogéochimiques et écologiques. Les cartographies interprétées sont complétées d’illustrations et de résumés du diagnostic et des enjeux. Selon l’état d’avancement des concertations sur l’unité, le dossier peut comprendre une grille d’aide à l’évaluation destinée aux gestionnaires, des objectifs pré-identifiés et des exemples d’actions y répondant.

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Figure 3 : périmètre d’étude et unités géographiques cohérentes

Le résultat de ce travail fait ressortir des enjeux multiples et sur tout le territoire, avec un besoin d’agir partout ; des connaissances à améliorer notamment sur la ressource en eaux et les changements climatiques ; des secteurs de vigilance à renforcer notamment à l’extérieur des périmètres habituels (site Natura 2000, plan de gestion) ; de nombreuses opportunités d’action.

Ainsi, dès 2022, les premières études pour affiner ce travail localement et faire émerger les premiers programmes d’action ont été inscrits dans le contrat Grand Cycle de l’Eau du Lez et la mise à jour des plans de gestion des zones humides et lagunes palavasiennes.

Conclusion

Pour les écosystèmes aquatiques comme terrestres, deux facteurs pilotent dès aujourd’hui leur devenir : les politiques d’aménagements et les effets des changements climatiques. Si le deuxième est difficilement maitrisable, le premier peut servir à anticiper ses conséquences en améliorant la résilience du territoire. Ainsi, le déploiement d’outils stratégiques pour la restauration fonctionnelle des écosystèmes est essentiel.

Enfin, l’acquisition de connaissances reste un prérequis sur toutes les disciplines évoquées et particulièrement sur la ressource eau et la répartition de ces flux.

Sur la base de ces constats, le diagnostic est ainsi réalisé, identifiant, pour chaque thématique abordée, les pressions et menaces. La compilation des données sous forme d’une base de données cartographique, ainsi que les résultats serviront aux acteurs de la restauration des lagunes palavasiennes pour identifier les grands chantiers de restauration fonctionnelle et faciliter la concertation.

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Composition du territoire : un paysage original et riches en milieux aquatiques et humides

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Contexte hydraulique : un territoire complexe, résultat d’une histoire naturelle et humaine longue et dynamique

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Contexte biogéochimique : Des milieux exposés à une multitude de sources potentielles de contaminant, effet cocktail garanti

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Contexte d’intervention : des outils fonciers et de gestion riches mais à compléter

Animateur du projet : Julien Caucat, Métropole de Montpellier, Service GEMAPI

Pays de l’Or Agglomération : Benjamin Pallard

Sète Agglopôle : Sandrine Lafont

 

Le comité de suivi de cet état des lieux regroupe également l’ensemble des partenaires techniques et financiers : Agence de l’eau Rhône Méditerranée, Région Occitanie, Département de l’Hérault, EPTB Lez SMBT, Conservatoire du Littoral, Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie.

Des comités techniques ont permis d’associer les partenaires locaux à la démarche.