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Evaluation économique des services rendus par les zones humides méditerranéennes en termes de régulation du climat

Plan Bleu, avril 2017

 

De nombreuses études démontrent l’impact du changement climatique sur les écosystèmes, dont les zones humides. Cependant il semble que, à l’inverse, le rôle des écosystèmes comme outil d’adaptation ou d’atténuation reste encore largement méconnu et sous-considéré dans les pays hors Union européenne. Lorsqu’elles ne sont pas dégradées, les zones humides peuvent avoir une fonction d’atténuation des effets du changement climatique en participant à la régulation du climat par la réduction du niveau des émissions de gaz à effet de serre (eg. séquestration par les tourbières, marais salants), ou une fonction d’adaptation en nous protégeant des inondations, des sécheresses et des tempêtes côtières (lagunes, mangroves, plaines d’inondation).

Dans le but d’améliorer la connaissance et de rendre compte du rôle d’amortisseur climatique joué par les zones humides en Méditerranée dans les politiques d’adaptation et de prévention des catastrophes naturelles, le Plan Bleu a initié en 2013, en partenariat avec la Tour du Valat, le projet Med-ESCWET. Ce projet sur « l’évaluation économique des services écologiques fournis par le zones humides méditerranéennes en termes d’adaptation au changement climatique », cofinancé par la Fondation MAVA et la Fondation Prince Albert II de Monaco, cherche à développer une approche fondée sur les écosystèmes, et à promouvoir l’utilisation et la restauration d’infrastructures naturelles comme mesures d’adaptation au changement climatique, plutôt que les infrastructures artificielles jusqu’à présent largement privilégiées.

 

Pour l’étude, quatre zones humides pilotes, associées chacune à un service écosystémique, ont été retenues :

L’étude de chaque site comporte une phase d’évaluation biophysique et une phase d’évaluation économique du service écosystémique.

 

Focus sur l’étang de Vic : Évaluation du service de protection contre les tempêtes

L’étude sur l’étang de Vic, comprend à la fois une évaluation biophysique et une évaluation économique du service de protection de l’écosystème (par rapport à l’absence de protection de l’écosystème), selon différents scenarios de tempêtes (biennale ou centennale).

Concernant l’évaluation biophysique, le service de protection contre les tempêtes côtières est fourni par l’écosystème de l’étang de Vic en termes de protection contre l’érosion, de protection face à la montée des eaux et de résistance à l’inondation des terres. Le lido, et plus particulièrement son cordon dunaire, constitue une barrière importante en cas de tempête côtière en limitant les entrées directes d’eaux marines jusqu’à un certain seuil. Les étangs constituent une capacité de stockage importante pour faire face à la montée des eaux et limiter son expansion vers les terres. Les zones humides périphériques offrent une capacité de rétention supplémentaire lors de la montée des eaux. Leur résistance à la salinité et leur végétalisation permettent également de limiter les impacts d’une submersion des terres.

L’évaluation économique du service s’appuie sur la méthodologie des coûts évités. L’ensemble des coûts générés par une tempête sont évalués (pertes d’exploitations, dégâts matériels,…) dans le cas d’une protection de l’écosystème ou d’absence de protection. La différence permet d’estimer la valeur économique du service écologique de protection côtière. Ainsi, dans le cas d’une tempête biennale, la valeur économique du service écologique de protection côtière peut être estimée à 5 474 euros[1] [1], alors que dans le cas d’une tempête centennale, la valeur économique du service écologique de protection côtière est bien plus importante ; celle-ci est estimée à 2 273 680 euros.

 

Télécharger le rapport [2]

Voir aussi la note de 4 p. [3]

 

Plan Bleu (2016). Evaluation économique des services rendus par les zones humides méditerranéennes en termes de régulation du climat . Plan Bleu, Valbonne.

 


[1] [4] Le « gain » économique est relativement faible dans le cas d’une tempête « biennale », mais doit tenir compte de 2 éléments :

– le changement climatique pourrait induire une augmentation de la fréquence des épisodes de tempêtes et donc des coûts ;

– la gestion de la zone, mise en place par le Conservatoire du littoral limite l’anthropisation de la zone, et notamment l’installation d’activités économiques ou d’habitations sur le périmètre d’étude, ce qui réduit l’incidence économique, par rapport à d’autres sites plus anthropisés.