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Evolution des salins du sud de la France

70 ans d’une chronologie de la production à la conservation de ces sites

L’abandon des salins dans les zones côtières représente un défi majeur pour la conservation de la biodiversité, des paysages et du patrimoine naturel et culturel. Cette étude chronologique décrit la dynamique de ces milieux salicoles et ce qu’elle implique en termes d’enjeux et de perspectives pour la conservation de la nature.

Les sites de production du sel extrait à partir de l’eau de mer et utilisant comme sources d’énergie le soleil et le vent, sont connus sous le nom de marais salants en côte atlantique et salins sur les côtes méditerranéennes.

Après la 2ème guerre mondiale, 29 salins (122km²) localisés à proximité des lagunes côtières et dans les deltas, ont été exploités le long des côtes méditerranéennes du sud de la France. Aujourd’hui, seulement 5 d’entre eux sont encore en activité pour produire du sel, représentant actuellement 175 km². Parallèlement à l’abandon en nombre des plus petits salins, les plus grands salins présents dans le delta du Rhône (Camargue) ont fortement augmenté leurs surfaces aux dépens des écosystèmes naturels. Cependant une partie de cette surface en production salicole a ensuite été abandonnée après 2009.

Cette étude fait état de la chronologie de la couverture spatiale des salins au cours des 70 dernières années. Elle présente ainsi le contexte historique et la cartographie au fil du temps de l’évolution des 91 km² de surfaces de salins abandonnées. Le sort des salins abandonnés y est ensuite décrit, avec leurs nouvelles utilisations spatiales et dans certains cas, les options envisagées pour une gestion en faveur de la conservation de la biodiversité.

La majeure partie de cette superficie de salins abandonnés (88 km²) est comprise dans le réseau des sites Natura 2000, dont une grande partie (74 km², soit 84% des salins) a été acquise par le Conservatoire du Littoral pour être désignée comme une aire protégée.
Seule une très petite partie (<1%) a été perdue au profit du développement industriel et portuaire.

Gérer les salins abandonnés en tant qu’aires protégées est un défi de taille, en raison des enjeux de conservation de la biodiversité, des différents paysages et de patrimoine naturel et culturel. Dans deux cas, des salins abandonnés ont été repris en production salicole dans le cadre d’une initiative privée, ce qui a permis de protéger la biodiversité typique de ces milieux hyperhalins. Dans d’autres cas, il a été privilégié de laisser les paysages se modeler selon les processus naturels. Cette restauration écologique d’écosystèmes naturels (cas des sites de Salin de Giraud et d’une partie du salin de Sainte Lucie) a facilité la réapparition spontanée de zones humides méditerranéennes temporaires dotées d’une végétation aquatique unique et cela a offert des opportunités de gestion du trait de côte et de restauration des échanges hydrobiologiques entre terre et mer.

Sur d’autres sites, les salins continuent à être artificiellement remplis par pompage de l’eau dans le but d’être plus favorables à l’accueil d’oiseaux d’eau (canard et espèces laro-limicoles). Cela a souvent été combiné avec la création d’ilots artificiels pour produire davantage de zones de nidification protégées des prédateurs terrestres.

Cet article a été publié par le Journal for Nature Conservation en avril 2019. Il est issu d’une collaboration entre l’Université de Montpellier, le Conservatoire d’espaces naturels Languedoc-Roussillon (CEN-LR), le Conservatoire du littoral et la Tour du Valat, dans le cadre du projet européen H2020 Ecopotential [1].

Accès libre en ligne : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1617138118304291?via%3Dihub [2]

Référence bibliographique : De Wit R., Vincent A., Foulc L., Klesczewski M., Scher O., Loste C., Thibault M., Poulin B., Ernoul L., Boutron O. 2019. Seventy-year chronology of Salinas in southern France: Coastal surfaces managed for salt production and conservation issues for abandoned sites. Journal for Nature Conservation 49:95–107. doi: 10.1016/j.jnc.2019.03.003 [2]

Contact

Rutger De Wit – UMR Marbec / e-mail [3]