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Herbiers aquatiques des étangs de Vic et Pierre Blanche

Première cartographie : approche par maille

Jusqu’en 2021, les acteurs des étangs palavasiens ne détenaient que peu de connaissances des herbiers aquatiques des lagunes de Vic et de Pierre-Blanche. C’est à l’occasion de deux stages de 5 mois réalisés au Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie en 2021 (Julien LE COZIC) et 2022 (Tom FRERARD), qu’une première cartographie des herbiers aquatiques de ces 2 étangs a été dressée en employant une approche par maille(*) [1].

 

Éléments repris de la synthèse « Cartographie des herbiers aquatiques des lagunes : approche par maille. Cas des étangs de Vic et de Pierre-Blanche (Hérault) », du CEN Occitanie 2022, en téléchargement ci-dessous.

Habitat d’intérêt communautaire prioritaire, ces deux « lagunes côtières méditerranéennes » (1150-2*) couvrent près de 1600 hectares au sein du site Natura 2000 « étangs palavasiens et étang de l’Estagnol ». Le plan de gestion du site naturel protégé de l’étang de Vic et Document d’Objectifs du site Natura 2000 identifient la nécessité d’acquérir des connaissances naturalistes et de réaliser une cartographie « état zéro » des herbiers aquatiques des lagunes de Vic et Pierre-Blanche.

C’est dans ce cadre, que le CEN Occitanie a lancé deux campagnes de cartographie en 2021 et 2022 utilisant une approche par maille 100×100 m2 (1 hectare), ratio jugé cohérent entre la précision escomptée et les moyens de prospection alloués. Cette approche reproductible dans le temps, permet au gestionnaire de mieux orienter les prospections de terrain, d’être exhaustif, de renseigner des critères standardisés dans l’espace, et de faciliter la représentation cartographique et surfacique des résultats.

Principaux résultats observés sur les 2 étangs

Seulement 16 % des mailles ont révélé une présence d’herbiers aquatiques (n=293 mailles). Les patchs d’herbiers observés sont mono spécifique de Zostera noltii à l’exception de 14 mailles (5 %), proches d’exutoire de tributaires d’eau douce, où l’espèce se mélange avec Ruppia cirrhosa. Lorsque les herbiers sont présents, les patchs ont un faible taux de recouvrement sur la maille (87,5 % des mailles de présence avec un recouvrement inférieur à 25 %). De ce fait, le nombre de mailles avec présence d’herbiers ne peut pas simplement se traduire par une surface en herbiers.

Concernant la densité des herbiers, 60 % des mailles comportaient des herbiers denses (couverture foliaire forte et homogène, indicatrice de bonne santé de l’herbier) et 34 % des mailles avec des herbiers discontinus.

La répartition des mailles avec présence d’herbiers aquatiques confirment leurs facteurs autoécologiques de développement et se concentrent sur des stations avec :

Enfin, les vents dominants doivent être un facteur important (zones d’abris et zones de dépôts).

Aucun patch d’herbiers n’a été observé en zone cœur de l’étang de Vic, zone plus profonde, ventée, très turbide et au substrat vaseux. Les exutoires de tributaires d’eau douce semblent également jouer un rôle (celui du ruisseau de La Bouffie proche n’est un facteur que relatif, étant bouché très régulièrement).

Conclusion

Le compartiment des macrophytes étant intégrateur de l’évolution de plusieurs paramètres du milieu lagunaire, le suivi de l’évolution des herbiers aquatiques serait complémentaire aux suivis DCE, notamment pour visualiser la dynamique de restauration attendue sur les Palavasiens – enjeu du SAGE Lez-Mosson-étangs Palavasiens (Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, 2021).

La turbidité de l’eau et le recours à des apnées rapides pour l’observation sont néanmoins des limites à cette étude, et n’ont pas permis d’observer l’intégralité de la maille, mais seulement quelques transects. Certains patchs ont donc pu être oubliés. À moyen terme, le suivi régulier des herbiers pourrait s’étendre aux secteurs nouvellement colonisés (front de colonisation) et mis en regard des autres évolutions du milieu.

Néanmoins, ce suivi de la répartition des herbiers aquatiques pourrait passer par un protocole plus restreint en termes d’emprise, en se concentrant sur une veille à pas de temps régulier (3 ou 5 ans) des secteurs de berges les plus praticables qui sont actuellement les seules à présenter des patchs d’herbiers.

 

Héloïse DURAND

Chargée de gestion écologique ι Garde du littoral – Conservatoire d’espaces naturels Occitanie

Email : [email protected] [2]


 

(*) [3]En parallèle, dans le cadre du Life Marha, le Pôle-relais lagunes méditerranéennes coordonne l’évaluation de l’état de conservation des lagunes côtières méditerranéennes et notamment l’indicateur 3 « surface des herbiers » (LEPAREUR F., 2018). C’est avec l’appui du bureau d’étude i-sea et de l’OFB qu’il coordonne une démarche innovante de cartographie par télédétection (machine learning) sur 8 sites lagunaires N2000. Pour celui des étangs palavasiens, les 2 stagiaires « herbiers » du CEN Occitanie ont contribué à la mise en œuvre sur le terrain de cet indicateur, en complément des points qu’ils faisaient pour la cartographie des herbiers par maille.