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Inventaire ichtyologique de l’étang de Berre (Rapport de seconde phase)

Contrat GIPREB – GIS Posidonie, 2010

Cette étude, commandée par le Groupement d’Intérêt Public pour la Réhabilitation de l’Etang de Berre (GIPREB), a pour objectif de dresser une liste des espèces de poissons rencontrées et de caractériser la variabilité spatiale et temporelle de la communauté ichtyologique (peuplements) en relation avec la qualité du milieu.

Depuis 1966 et la mise en service de l’usine hydroélectrique de Saint-Chamas, l’étang de Berre reçoit des apports importants et irréguliers d’eau douce et de sédiments. La mise en évidence d’impacts non négligeables (modifications de la salinité, envasement important par apport de limons de la Durance) liés à ces rejets a conduit à la modification des conditions d’exploitation de l’usine, sous la pression de l’Union Européenne, notamment. Ces nouvelles conditions d’exploitations définissent des quotas annuels de déversement d’eau douce et de limons, une limitation des fluctuations saisonnières de salinité ainsi que des objectifs de maintien d’une salinité minimale tout au long de l’année pour conserver son statut marin à l’étang de Berre.

L’application de ces mesures s’est poursuivie à titre expérimental jusqu’au 31 août 2009. Un suivi du milieu a été mis en place avec pour objectif de fournir les éléments permettant de conclure sur l’efficacité des mesures mises en place. Ce suivi s’appuie sur plusieurs indicateurs biologiques parmi lesquels l’ichtyofaune, dans le cadre d’une expérimentation globale engagée pour une durée de quatre ans (jusqu’à fin août 2009) sur différents compartiments.

Afin de répondre à ces objectifs, le GIS Posidonie et l’UMR DIMAR (Centre d’Océanologie de Marseille) se sont associés au bureau d’étude Aqua-Logiq (Laurent Brosse), qui a réalisé une partie des derniers suivis ichtyologiques dans l’étang de Berre, en employant le protocole et le matériel tels que décrits dans le cahier des charges DCE (Lepage, Girardin & Bouju, 2008).

Bilan sur les deux années de suivi:

Ce suivi de deux ans de l’ichtyofaune de l’étang de Berre permet de donner une description de la nature du peuplement en place, des variations spatiales et temporelles dominantes, ainsi que de l’état de santé global du peuplement de poissons. Le traitement plus approfondi des données sur la totalité des deux phases a permis de fournir un état de référence complet comprenant en outre une expertise sanitaire. La standardisation des pêches conformément au protocole DCE autorise une comparaison des résultats du suivi aux pêches expérimentales de 2006 et permet de voir l’évolution lente et peu satisfaisante en diversité notamment de l’état du peuplement de poissons de l’étang.
Le présent travail fournit un état descriptif complet du peuplement ichtyologique de l’étang et de l’état de santé des poissons pour la période étudiée, qui pourra servir de référence dans le cadre de suivis futurs.

Les mesures de gestion des écoulements de la Durance mises en oeuvre, dans la mesure où effectivement elles parviennent à diminuer les amplitudes de variation de la salinité, ne peuvent être que préférables pour le peuplement de poissons de l’étang, mais n’ont pas permis pour le moment d’améliorer véritablement son état. Les impacts des rejets d’eau douce sur ce peuplement sont visibles en termes de diversité spécifique et de composition de la faune, ce qui a été analysé en comparant les stations et leur composition spécifique. La diversité spécifique a diminué depuis 2006, même si les abondances augmentent, ce qui n’est pas souhaitable. Les apports en provenance desrivières, qui ont toujours existé dans l’étang et contribuent à la caractérisation de ses eaux, ne peuvent être incriminés et leurs apports demeurent très inférieurs en quantité aux rejets de St Chamas.

La lecture des ouvrages anciens (Gourret, 1907) sur l’étang de Berre rappelle qu’il abritait autrefois un peuplement de poisson extrêmement riche et diversifié (60 espèces inventoriées par Gourret en 1896), qui supportait une activité de pêche artisanale importante pour la région, loin d’être égalée aujourd’hui (voir annexe de la présente étude). Cette activité reposait en particulier sur l’exploitation d’espèces marines telles que muges, labres, rougets, dentis, canthares et même congres d’importance commerciale, en tonnages importants.

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