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Journées mondiales zones humides 2015 : lancement national depuis la Camargue !

Plus de 80 participants à la Tour du Valat célèbrent le 2 février 2015

Date de publication : 10/02/2015

La Journée mondiale des zones humides (JMZH) 2015 a été officiellement lancée le 2 février dernier, en Camargue, lieu de naissance de la convention de Ramsar et premier site désigné en France. L’édition 2015 des JMZH, placée sous le thème « Des zones humides pour notre avenir », a été illustrée par deux dimensions : le rôle des zones humides face au changement climatique et la mobilisation des jeunes générations.

Plus de 80 participants, étaient présents à cet évènement organisé par plusieurs partenaires et orchestré par le Pôle-relais lagunes, à la Tour du Valat : élus, responsables de services de l’Etat et d’établissements publics, responsables associatifs, gestionnaires de lagunes, experts, jeunes et enfants, venus de toute la France, échanger, se rencontrer, dans un moment très convivial sous un beau soleil hivernal.

Retrouvez ci-dessous un résumé des échanges, proposé par le Pôle lagunes et une galerie photo [1] des moments forts de la journée.

Les JMZH 2015 : pourquoi, comment ?

Jean Jalbert, directeur de la Tour du Valat, a rappelé l’historique de ce jour qui célèbre l’anniversaire de la signature de la convention de Ramsar, le 2 février 1971 en Iran, ce premier traité international dédié à l’environnement et le seul à ce jour dédié à un écosystème spécifique. Cette convention, née en Camargue grâce à l’engagement de Luc Hoffmann, fondateur de la Tour du Valat, réunit aujourd’hui 168 pays et plus de 200 millions d’hectares de sites désignés ‘Ramsar’ dans le monde.

L’édition 2015 des JMZH prévoit plus de 550 animations partout en France pour sensibiliser le grand public et une centaine en Méditerranée [2] : balades, ateliers, conférences, expositions, spectacles, etc. L’ensemble des informations sont disponibles sur le Portail national ZH et sur smartphone avec l’application BaladOmarais.

 

Les zones humides en France : état, enjeux et atouts face aux changements climatiques

Les zones humides sont des réservoirs de biodiversité, elles fournissent de nombreux services à l’homme – régulation des crues, épuration de l’eau, soutien des débits d’étiage et ont une valeur culturelle, éducative et économique importante. Pourtant, 64% ont disparu depuis le 19ème siècle et elles représentent aujourd’hui 3% du territoire français. Sur la période 2000-2010, près de la moitié des 152 zones humides majeures se sont dégradées (eutrophisation, contamination par les pesticides, etc), alors que seulement 10% se sont améliorées.

Les zones humides proposent pourtant des solutions aux effets du changement climatique : 15% de carbone y sont stockés à l’échelle mondiale, en particulier dans les tourbières et les mangroves, elles jouent un rôle d’amortisseur d’énergie du fait de leur rôle de protection vis-à-vis des tempêtes et de l’érosion, et de leur fonction d’éponge permettant une certaine maitrise des crues.

 

Table ronde « Les zones humides, « amortisseurs climatiques », quelles stratégies adopter face aux défis du changement climatique ? »

Cette table ronde, premier écho à la conférence climat organisée à Paris fin 2015, a proposé à divers intervenants – gestionnaire, opérateur, propriétaire foncier, élu, scientifique, d’apporter leur regard sur le rôle des zones humides face aux changements climatiques.

Orchestrée par Yolaine de la Bigne (NEOPLANETE [6]), elle a réuni François Fouchier, Délégué PACA du Conservatoire du Littoral, Martin Guespereau, Directeur de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, Hervé Schiavetti, maire d’Arles, David Grzyb, Président du Parc naturel régional de Camargue et François Sabatier, géomorphologue au CEREGE. Les échanges ont permis de mettre en évidence les points clefs suivants.

 

  

Exploiter le rôle d’éponge des zones humides pour atténuer les effets du changement climatique 

L’automne 2014 l’a malheureusement rappelé avec un lourd bilan humain sur le bassin RMC (décès de 20 personnes), les évènements liés au changement climatique, comme les crues ou les tempêtes ont une incidence forte sur les biens et les personnes. Cette incidence est d’autant plus forte lorsque les fonctionnalités des zones humides ne sont pas suffisamment exploitées. En bordure de cours d’eau, les champs d’expansion des crues sont indispensables pour réduire les vitesses et l’effet des crues, c’est 20% du linéaire d’une rivière qui devrait leur être consacré.

‘Il faut répartir équitablement le flux d’eau d’amont en aval’ (F. Sabatier).

L’idée n’est pourtant pas nouvelle, mais reste trop peu pratiquée, la ‘norme’ restant trop souvent des protections lourdes comme les digues, toujours plus hautes et solides, qui ‘envoient l’eau comme un coup de fusil à l’aval’ (M.Guespereau). Pourtant, entretenir les 9000 km de digues françaises apparait bien onéreux lorsqu’on sait qu’un hectare de zones humide fait aussi bien que 10 000 euros de construction de barrage écrêteur de crue’ (cf. une étude de l’Oise relatée par M.Guespereau). La Loi Gemapi qui prévoit d’entrer en vigueur au 1er janvier 2016 est une opportunité d’avoir une gestion de bassin versant qui intègre milieux aquatiques et prévention des inondations.

Du côté du littoral, les zones humides permettent de réguler les tempêtes en atténuant la force de la houle. De plus, F. Sabatier rappelle que les apports de sédiments générés lors de crues du fleuve ou de tempêtes marines contribuent à combler les étangs littoraux, qui s’élèvent ainsi et protègent naturellement le rivage vis-à-vis du recul du trait de côte ou des inondations liées à l’élévation du niveau de la mer.

Répondre avec pédagogie aux préoccupations des habitants

Pour autant, les solutions ‘techniques’ seules sont insuffisantes, il faut aussi tenir compte de la préoccupation grandissante d’habitants du littoral comme le rappelle D. Grzyb au sujet des habitants de Salins de Giraud, qui craignent pour leur sécurité et refusent de ‘subir la nature’. Sur ce territoire, comme l’indique F. Fouchier au sujet de l’expérimentation en cours sur les 6700 ha acquis par le Conservatoire du littoral, une gestion adaptative à l’élévation du niveau de la mer, un retrait maîtrisé et progressif du trait de côte dans les secteurs soumis à l’érosion sont initiés et peuvent être considérés comme un gain pour la fonctionnalité de ces espaces.

La pédagogie autour de la stratégie de la puissance publique apparaît primordiale sur ce type d’expérimentation. H.Schiavetti affirme la grande sensibilité des élus sur ces questions et le devoir d’exemplarité.

‘Le changement climatique, si l’on ne s’occupe pas de lui, il s’occupera de nous, donc allons y tout de suite !’ (M. Guespereau)

Les connaissances scientifiques liées aux changements en cours doivent nous permettre d’anticiper. Une animation de réseau au plus près des acteurs de terrain apparaît importante pour susciter de nouveaux élans en ce sens.

 

Table ronde « les zones humides pour notre avenir, quelle mobilisation des jeunes et comment ? »

L’engagement des jeunes est crucial pour que les zones humides procurent durablement les services tels que la régulation hydrologique ou la filtration des pollutions. Plusieurs pistes ont été dégagées sur cette question par Annabelle Jaeger, Conseillère Régionale PACA déléguée à la Biodiversité, Présidente de l’ARPE, Jérôme Bignon, Sénateur et Président de l’Association Ramsar France, Marion Vittecoq, jeune chercheuse à la Tour du Valat et Romain Bouillon, directeur adjoint de la Fondation pour l’Education à l’Environnement en Europe.

 

Expérimenter soi-même, au quotidien, une clef pour s’engager

‘Une des clefs est que les jeunes s’approprient ces milieux humides, comme les milieux dans lesquels ils veulent vivre et qu’ils veulent préserver’ (A.Jaeger)

La question de l’appropriation a été soulevée par tous, celle-ci apparaissant comme une clef pour mobiliser la jeunesse. Expérimenter les bénéfices, l’intérêt de préserver les zones humides, c’est donner aux jeunes un moyen de se sentir concerné. La découverte sensorielle peut être favorisée, au travers d’animations classiques comme les balades, conférences, mais également par des concours ou photoreportages, des jeux de rôle, les sciences participatives, des projets de territoire collaboratifs, etc.

Comme le rappelle R. Bouillon, l’éducation nationale est partenaire de cette démarche depuis 10 ans, plusieurs milliers d’établissements scolaires sont mobilisés, et certains en font même le cœur de leur projet d’établissement comme l’attestent les projets d’‘éco-écoles’, où les jeunes se réapproprient leur lieu de vie scolaire sur les questions de l’eau, des déchets, de l’énergie, de la biodiversité, etc. Les jeunes peuvent ainsi s’engager au quotidien et naturellement transposer ces actions dans leur vie familiale.

Véhiculer des messages positifs, supports d’actions

‘Il faut convertir la peur en opportunité d’action’ (R.Bouillon)

Si l’urgence à agir ne doit pas être oubliée, la mobilisation des jeunes apparaît plus efficace lorsque les messages ne jouent pas sur la peur, mais sont au contraire tournés sous un angle positif, en s’appuyant avec optimisme sur la résilience de la nature, notamment grâce à l’ingénierie écologique. Le défi à agir peut être mobilisateur et support de créativité et les ‘aînés’ ont une certaine responsabilité vis-à-vis des jeunes pour leur montrer la voie. Comme le rappelle J. Bignon, les changements climatiques provoquent aujourd’hui une certaine prise de conscience, qui peut être une opportunité pour que les zones humides soient vues sous un jour nouveau.

Passer par des sujets qui concernent les jeunes

La santé humaine, sujet fédérateur par excellence, peut être une passerelle pour sensibiliser à l’importance de préserver les zones humides.

Les changements globaux favorisent la présence de certains vecteurs de maladie et une activité plus grande de ces vecteurs. Or, des zones humides en bon état de conservation, abritant des communautés d’espèces également en bon état, sont un gage pour la santé humaine, comme l’ont montré de récents travaux de recherche exposés par M.Vittecoq. D’une part la pollution des zones humides peut entrainer la sélection de bactéries antibiorésistantes : en étant au contact de métaux lourds par exemple, des bactéries deviennent capables d’expulser ces molécules, et parfois également des molécules antibiotiques. D’autre part, des travaux ont montré que plus la diversité d’oiseaux est importante, plus le risque lié à la présence de vecteurs est dilué pour les populations humaines alentours.

Pour fédérer les plus jeunes, un message simple peut être délivré :

‘Les zones humides c’est l’eau, 70% de notre corps, c’est de l’eau, l’eau est consubstantielle à nos vies.’ (J.Bignon)

A quand le 1% Education à l’environnement dans les budgets d’aménagement ? La proposition est actuellement débattue en région PACA (A. Jaeger). Une approche transversale et non cloisonnée est à privilégier pour susciter des prises de conscience globales.

 

Intervention des élèves de l’école du Sambuc

Trois élèves de l’école primaire du Sambuc sont venus accompagnés de leur maître, Philippe Martinez, témoigner de leur prise de conscience des phénomènes en jeu, au travers d’une touchante lettre des écoliers du Sambuc à Mme Ségolène Royal [9], à revoir en vidéo [10]. La ministre a envoyé un courrier [11]pour répondre aux enfants.

 

 

Allocution de Laurent Roy, Directeur de l’Eau et de la Biodiversité, représentant Madame Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Énergie

 

C’est le bon endroit et le bon moment pour agir, a rappelé L. Roy, au sein de ce territoire mobilisé, abritant des zones humides particulièrement emblématiques, en cette année du changement climatique. Un 3ème plan national milieux humides a été lancé en mai dernier, un comité national de suivi de la stratégie de gestion intégrée du trait de côte a été installé, les prochains SDAGE sont en cours de construction. La création de l’Agence française pour la biodiversité sera également l’occasion d’une approche transversale entre biodiversité, eau et environnement marin.

Les effets du changement climatique sont effectivement inquiétants mais doivent dès aujourd’hui être transformés en opportunité pour agir collectivement, avec courage, en mobilisant les moyens disponibles, y compris au sein de zones humides particulièrement concernées pour atténuer ces effets.

Signatures d’engagement sur 4 sites Ramsar méditerranéens et entre la Tour du Valat et l’Agence de l’eau RMC

Des chartes pour la gestion de 4 lagunes méditerranéennes labellisées Ramsar (Etangs de la Narbonnaise [13], Etangs palavasiens [14], Petite Camargue [15]et Etangs de Villepey [16]), ont été signées entre l’état, le gestionnaire, l’association Ramsar France, et en présence du Conservatoire du Littoral, pour un engagement de ces sites en faveur d’une gestion durable.

D’autre part, un accord-cadre entre l’Agence de l’eau RMC et la Fondation Tour du Valat a été signé, pour développer des actions communes d’acquisition de connaissances, de restauration et de gestion innovantes des zones humides et des lagunes méditerranéennes et pour promouvoir la restauration de ces milieux auprès du plus grand nombre.

L’après-midi, deux visites de terrain ont été organisées, sur le domaine de la Tour du Valat et sur la réserve nationale de Camargue (phare de la Gacholle), pour découvrir un site de Camargue, ses enjeux et les actions initiées pour le gérer et l’utiliser durablement.

Cette journée a été organisée par le collectif composé de la Tour du Valat, le Parc naturel régional de Camargue, l’Onema et la Société nationale de protection de la nature, avec le soutien de l’ensemble des partenaires de l’événement : le Pôle-relais lagunes méditerranéennes, le Syndicat mixte Camargue Gardoise, l’association Ramsar-France et MedWet. Les photos ci-dessus sont issues d’un reportage de l’Agence Caméléon – Tour du Valat.

Les Journées mondiales des zones humides continuent jusqu’au 28 février partout en France avec plus de 550 animations !

 

Article de presse de la Provence [18]

Programme de la journée [19]

Liste des participants et excusés [20]

Résumé de la journée en anglais (site Tour du Valat) [21]

Virginie Mauclert, coordinatrice du Pôle-relais lagunes méditerranéennes

[email protected] [22]

 

  Galerie photo

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(crédit photo Agence Caméléon/Tour du Valat. Dans le cadre d’une utilisation publique, merci d’en informer au préalable  [email protected] [22] )
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Autres Crédits :
V. Mauclert/TDV
S. Befeld/SNPN
S. Befeld/SNPN
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