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Lagunes temporaires : Un enjeu de conservation nouvellement découvert sur 2 sites d’Occitanie (Gard et Hérault)

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Auteurs : Mario Klesczewski (MK) [2], Heloïse Durand [3], Romane Paradis [4] (RP), Jean-Baptiste Mouronval [5] (JBM)

Cette découverte récente porte le nom de Riella cossoniana (Trabut). Il s’agit d’une hépatique aquatique d’une taille très modeste, de 1 à 3 cm, récemment trouvée dans deux sites en Occitanie, propriétés du Conservatoire du littoral. Elle forme un thalle constitué d’un axe étroit et non ramifié, supportant sur toute sa longueur une aile dorsale plate ou ondulée, d’un vert jaunâtre presque translucide (Mouronval, 2023).

C’est dans le cadre d’une expérimentation de germination de communautés aquatiques éphémères et subhalophiles (Martinez et al., 2014) qu’une étude approfondie des individus ainsi obtenus a permis d’identifier Riella cossoniana, un taxon initialement décrit d’Algérie (Trabut, 1886, 1887). Avec actuellement moins de vingt stations connues, l’espèce paraît relativement rare en Europe.

Photo : Aspect immergé de Riella cossoniana ; le thalle fait à peine 2 cm de hauteur, mais l’involucre femelle anguleux ailé est déjà bien visible ; B. Offerhaus, CBNMed (image sous licence CC-BY-NC-ND)

Carte : Répartition connue de Riella cossoniana en Europe et Afrique ; GBIF Secretariat (2023)

Depuis la publication des stations est-camarguaises (département des Bouches-du-Rhône, région Provence-Alpes-Côte d’Azur) par Martinez et al. en 2014, Mario Klesczewski et al. ont mis en évidence la présence de l’espèce dans deux sites propriétés du Conservatoire du littoral en Occitanie (carte 2) : le « domaine du Canavérier » en Camargue gardoise (JBM) et les « Salines de Villeneuve-lès-Maguelone » au sein des étangs palavasiens dans le département de l’Hérault (MK & RP). Il s’agit des premières observations du taxon en région Occitanie. Malgré ces découvertes récentes, Riella cossoniana reste un taxon rare et très localisé en France.

Les stations inventoriées sont décrites et leur fonctionnement hydrologique est détaillé dans la publication de ces auteurs [6].

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Il ressort de l’étude de ces 2 sites, l’importance du suivi hydrologique stationnel régulier pour la gestion conservatoire de certaines pièces d’eau en faveur de cette espèce. Sur le Canavérier, au regard des activités agricoles attenantes au site, il est apparu évident que cette gestion doit avant tout viser le maintien d’un assec estival marqué, tout en évitant l’arrivée d’eaux chargées en nutriments. De ce fait, la contractualisation de mesures agricoles visant la réduction des intrants sur les parcelles attenantes aux pièces d’eau avec Riella cossoniana pourrait également constituer une piste de gestion pertinente.

Dans ce contexte, la mise en place d’un suivi annuel des populations, entre les mois de mars et mai selon les sites, paraît essentielle pour la détection immédiate de changements significatifs des conditions stationnelles pour Riella cossoniana.

Photo : Station 1 de Riella cossoniana lors de sa découverte le 19 mars 2020 aux Salines de Villeneuve-lès-Maguelone ; les taches vertes formées par l’espèce sont relativement discrètes ; M. Klesczewski (image sous licence CC-BY-NC-ND)

De plus, les observations des auteurs mettent en évidence la pertinence de prospections ciblées pour la détection d’importantes stations jusqu’alors totalement inconnues. Il paraît alors souhaitable :

 

Klesczewski, M., Durand, H., Paradis R., & Mouronval, J-B. (2023). Riella cossoniana Trab., un enjeu de conservation nouvellement découvert pour les lagunes temporaires d’Occitanie (France). Carnets botaniques, (153). https://doi.org/10.34971/77D1-G570 [8]