- Pôle lagunes - https://pole-lagunes.org -

LARIMED II – Bilan du suivi 2024 des laro-limicoles coloniaux du littoral méditerranéen

LARIMED II [1] 2022-2025 est un programme de suivi de 9 espèces de laro-limicoles coloniaux financé par l’OFB et les DREALs Occitanie et PACA. Faisant suite au programme LARIMED I (2019-2021), il visait à maintenir l’effort de suivi des sites de nidification des colonies de laro-limicoles selon le protocole standardisé, mis en œuvre depuis 2011.

Le protocole de suivi long terme à pied et pour certains sites en drone ou autogyre sera maintenu pour voir précisément une évolution des effectifs nicheurs de ces espèces sur les sites littoraux méditerranéens français. Il permet d’estimer de manière objective l’effectif nicheur réel sur la façade suivi sur 5 semaines et d’évaluer la productivité sur un maximum de sites (suivi sur 2 semaines). Il est optimisé sur le pic de nidification de ces oiseaux, partagé entre les équipes de suiveurs (suivi hebdomadaire des couples nicheurs de la 20e (12 au 16 mai) à la 24e semaine (9 au 13 juin) et estimation de la productivité basée sur le comptage des poussins de 3 et 4 semaines)[1] [2].

Le 8 avril 2025, le Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie a exposé aux partenaires du programme le bilan de la saison précédente comme chaque année depuis la mise en place de ce suivi. À cette occasion, il rapporte également les travaux de gestion menés sur les sites de reproduction (entretien des ilots, mise en défens).

© O. Scher / CEN Occitanie

Au bilan…

En 2024, le nombre de couples nicheurs est redescendu sous l’effectif des 20 000. C’est la première baisse depuis 5 ans avec 19406 couples recensés en 2024 au pic d’installation (vs 21 697 en 2023).

En rappel, en 2023 la grippe aviaire avait fortement impacté les colonies cependant beaucoup d’individus ont survécu sur de nombreux sites (synthèse du GISOM en cours d’élaboration concernant cette crise de grippe aviaire à l’échelle de la façade).

[3]

[4]

En 2024, un secteur a absorbé plus de la moitié des effectifs nicheurs de la méd. C’est l’étang de l’Or (51% de l’effectif), d’où l’intérêt de maintenir les actions de surveillance.

Suivi réalisé en 2024 par espèce :

2024 a été également marquée par des pics d’installation globalement calés sur les valeurs extrêmes : Les installations de certaines espèces telles que la sterne caugek, la sterne naine et la sterne hansel ont été très tardives cette année.

Productivité : Même s’il l’on considère qu’il suffit de 0,5 à 0,7 jeunes par couple pour assurer le renouvellement des populations pour la plupart des espèces, il n’en demeure pas moins que ces valeurs nécessiteraient peut-être d’être réévaluées. En 2024 la productivité était particulièrement faible pour la sterne hansel, la mouette rieuse ou l’avocette élégante.

Suivi Leucophée 2024 (suivi conduit tous les 3 ans) : les variations de leur effectif sur des sites naturels depuis 2015 montrent qu’il n’y a pas réellement de chute ou d’augmentation. Cependant une baisse sensible est observée dans l’Hérault et une petite augmentation dans le Gard. Le plus gros des effectifs se retrouvent dans les départements de l’Aude, des Bouches du Rhône et des Pyrénées Orientales. Le GISOM mène actuellement une étude en milieu urbain pour savoir comment évolue ces populations qui ont colonisé les villes.

Figure 2 Parcours d’une Mouette mélanocéphale – Source MIGRALION

Suivis du déplacement des espèces par télémétrie

Dans le cadre du projet MIGRALION [5], porté dans le cadre du développement de l’éolien offshore dans le Golfe du Lion, des sternes, des mouettes et avocettes équipées de balise ont été suivies durant leurs longs déplacements.

Ces suivis nous révèlent des déplacements insoupçonnés, à la fois en migration et pendant leur hivernage en Méditerranée ou sur le continent africain. Un stage en cours au CEN Occitanie, devrait permettre d’en savoir plus sur ces stratégies. D’autres suivis sont programmés dans le cadre de la mise en œuvre des fermes éoliennes pilotes du Golfe du Lion qui prévoient un équipement de sternes caugek en 2026 et 2027 sur le lido de Thau afin d’évaluer l’impact des éoliennes déployées sur ses colonies.

 

Figure 3 Construction d’un ilot dans l’étang du Fer à Cheval (11) – Syndicat Rivage

Suivi des mesures compensatoires (projets éoliens offshore)

 

Gestion des sites de reproduction des laro-limicoles

Figure 4 Aménagement d’un ilot sur l’étang de l’Estarac (11) – PNRNM

En 2025, les efforts des gestionnaires se maintiennent autour de l’entretien des sites de reproduction (arrachage de végétaux, débroussaillage, apport de sable coquiller, etc.) ou leur mise en défens. A noter la mise en place d’un radeau dans les salins de La Palme (Aude Nature) et l’aménagement de deux ilots sur le territoire de la Narbonnaise par le PNRNM (étang de l’Estarac et de Saint-Paul).

 

Olivier Scher


[1] [6] Scher et al. (2024). Dynamique très positive pour les laro-limicoles coloniaux méditerranéens de 2011 à 2021. Ornithos 31 (3) : 113-127. Lien [7]