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Le nouvel observatoire national des milieux humides

Un observatoire pour acquérir et diffuser la connaissance sur les milieux humides en suivant leur état et leur évolution à partir d’indicateurs

Date de publication : 10/03/2014

 

L’Observatoire National des Milieux Humides a été intégré au sein de l’Observatoire National de la Biodiversité et succède à l’observatoire national des zones humides. En métropole et en outre-mer, il doit permettre d’évaluer comment évoluent les milieux humides (occupation du sol, pressions subies, services rendus, action publique en leur direction…) à partir d’une batterie d’indicateurs.

 

Retour en arrière

En 1997, un observatoire national des zones humides avait été monté par l’ex IFEN à la demande du ministère chargé de l’écologie. Il s’appuyait principalement :

 

L’enquête a été menée pour les années 1990 et 2000. Elle a été reconduite par le Service de l’Observation et des Statistiques  à la demande de la Direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) pour l’année 2010. Le rapport a été publié en 2012 (téléchargeable ici [1]). Suivre l’état et l’évolution des zones humides à travers cette enquête présente certains atouts. Cela permet de disposer d’une image homogène et globale de la situation et de l’évolution des zones humides et sa répétition avec un questionnement et des sites identiques permet un suivi assez exceptionnel dans la durée. Il présente néanmoins certaines faiblesses comme par exemple le fait de ne pas valoriser de nombreuses données pertinentes d’ores et déjà disponibles : suivi des oiseaux d’eau, Natura 2000, directive cadre sur l’eau (DCE)…

 

En 2011, dans le cadre du 2e plan national d’action pour les zones humides, la DEB a confié au MNHN une d’étude sur l’évolution de ce système. Au vu des résultats de ces travaux, la DEB a proposé début 2012 au groupe restreint zones humides d’inscrire ce projet d’observatoire au sein de l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB). Cette proposition a été validée. Concrètement, cette évolution permet :

 

Pourquoi un observatoire des « milieux humides » et pas des « zones humides » ?

Tout d’abord, pour distinguer d’une part les zones humides, au sens de la convention de Ramsar et d’autre part les zones humides au sens de la loi sur l’eau. Autrement dit, pour bien faire la distinction entre l’approche réglementaire et l’approche fonctionnelle, qui a plutôt trait aux écosystèmes.

Le terme de milieux humides, a été choisi par un groupe de travail incluant des représentants de l’Onema, des agences de l’eau, du ministère, du Muséum national d’histoire naturelle, du Forum des marais atlantiques, des DREAL et qui s’est réuni pendant deux ans sous l’égide du SANDRE [2][1] [3] . Son rôle, dans le cadre du 2e plan national d’action était d’établir un nouveau dictionnaire de données « zones humides » pour clarifier les nombreux termes qui sont utilisés sur le sujet (zones à dominante humide, zone potentiellement humide, zone humide au sens de Ramsar ou au sens de la loi sur l’eau …). La définition choisie est la suivante : on appelle « milieu humide » une portion du territoire, naturelle ou artificielle, caractérisée par la présence de l’eau. Un milieu humide peut être – ou avoir été – en eau, inondé ou gorgé d’eau de façon permanente ou temporaire. L’eau peut y être stagnante ou courante, douce, salée ou saumâtre.

 

Comment ça marche ?

L’observatoire national des milieux humides (ONMH) s’appuie sur les données pertinentes disponibles en métropole et en outre-mer. Il peut appuyer le rapportage à la convention de Ramsar et, dans la mesure du possible, les rapportages des directives européennes « Habitats, Faune, Flore » (DHFF) et « Oiseaux », ainsi que de la DCE.

Son objectif est de fournir des informations fiables sur l’état et l’évolution des milieux humides, des impacts qu’ils subissent et des actions dont ils bénéficient de la part de la puissance publique et du secteur privé.

L’observatoire :

 

Le suivi de cet observatoire est conduit avec l’ensemble des acteurs intéressés par cette thématique au sein d’une réunion thématique (RT). Elle se réunit régulièrement pour faire progresser la réflexion sur les questions essentielles à accompagner d’indicateurs, sur les aspects les plus importants de chaque question, et enfin pour élaborer les indicateurs pertinents et pour mobiliser les données nécessaires à leur calcul.

L’ensemble des travaux est soumis à la Coordination Scientifique et Technique (CST) de l’ONB, puis validé ou amendé par le Comité National de l’ONB (CN ONB) et le Comité National de l’Eau (CNE).

 

Les questions posées et les indicateurs

Le champ couvert par l’ONMH étant très vaste, les indicateurs doivent donc cibler les faits et évolutions marquants de nature à alimenter les débats de société et les choix politiques liés à cette thématique sans rechercher l’exhaustivité. L’objectif est de développer et renseigner un jeu thématique de quelques dizaines d’indicateurs représentatifs de l’ensemble des enjeux identifiés. Plusieurs indicateurs ont été développés sur la base des informations recueillies par l’enquête à dire d’experts sur les zones humides.

  1. Comment évolue l’état des milieux humides ?
  2. Comment évoluent l’occupation et l’usage du sol dans les milieux humides ?
  3. Comment évolue l’intérêt des publics pour les milieux humides ?
  4. Comment évoluent les pressions subies par les milieux humides ?
  5. Comment évolue l’action publique en faveur des milieux humides ?
  6. Comment évolue la mobilisation du secteur privé en faveur des milieux humides ?
  7. Comment évoluent les services rendus par les milieux humides ?
  8. Comment évoluent les spécificités outre-mer en matière de milieux humides ?

 

Qui pilote ?

Comme toutes les thématiques de l’ONB, celle des milieux humides est suivie par un groupe réuni autour de la thématique des milieux humides et auquel tous les membres du groupe national ont été invités à participer. C’est ce groupe qui a préparé les questions et élabore les indicateurs petit à petit. Avant publication, les indicateurs sont revus et validés par le Comité national de l’ONB.

 

Quels liens avec RhoMéO ?

Le programme RhoMéO visait à définir des méthodes valides et opérationnelles de suivis de l’état des zones humides du bassin Rhône Méditerranée et Corse et des pressions qui s’exercent sur elles. Un projet LIFE est en préparation pour optimiser, au niveau national, des méthodologies d’évaluation de l’état des milieux humides afin de répondre de façon cohérente et démonstrative aux objectifs des deux directives DCE et DHFF. Ce projet LIFE viserait à construire et mettre en œuvre un réseau de suivi des milieux humides par bassin hydrographique sur la base d’indicateurs communs au niveau national. Ce travail représentera à terme une contribution majeure à la tâche de l’ONMH.

 

 

Observatoire National des Milieux Humides [4]

 

Emmanuel Thiry
Chargé de mission zones humides et convention de Ramsar
Direction de l’eau et de la biodiversité
Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie

 



[1] [5] Service d’Administration Nationale des Données et Référentiels sur l’Eau (Sandre) établit et met à disposition le référentiel des données sur l’eau du système d’information sur l’eau (SIE)