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Les Conseils Généraux : Des routes sans pesticides !

Le Département des Pyrénées-Orientales pionnIer dans la démarche

Date de publication 16/12/2014

 

Dans le cadre de la démarche globale de Développement Durable du Conseil Général, l’Assemblée Départementale a pris la décision dès 2008 de lancer une politique de lutte contre les pollutions des êtres vivants et des milieux naturels par les produits phytosanitaires et de créer une mission « pesticides » au sein du pôle Eau Potable et Assainissement de la Direction Eau, Environnement Agriculture avec le recrutement d’une chargée de mission pour mettre en œuvre cette politique.

 

Cette politique se décline en trois axes :

  1. Supprimer progressivement l’usage des pesticides au sein des services du Conseil Général
  2. Mener une politique d’incitation à une diminution de l’utilisation des pesticides sur le territoire départemental
  3. Protéger la santé des utilisateurs

 

Historique de la démarche

En 2007, lors du transfert des services routiers de la DDE au Conseil Général, le service de prévention du personnel du Conseil Général pointe du doigt :

La prise de conscience des responsabilités et des conséquences possibles a conduit à la création d’un groupe de travail comprenant tous les acteurs de la chaîne : en interne (du décideur à l’applicateur), en transversal (médecins, SPP, ONF, chargée de mission ‘pesticide’).

En 2008, la Direction des routes du CG66 est retenue à l’appel à projet de l’agence de l’eau et de la Région sur la préservation de la ressource en eau.

En parallèle au sein du groupe de travail, plusieurs commissions sont créées pour :

 

Un plan d’action est alors en marche…

[1]

Pour supprimer progressivement les herbicides sur l’entretien du patrimoine routier du Département (bords de routes 2158km(x2), ouvrage d’art 1470 ponts, murs de soutènement (500 000 m²) et délaissés utilisant 1 600 l de désherbant en 2008), un plan de désherbage est élaboré pour réduire les surfaces traitées. Ce plan s’accompagne d’un véritable changement de culture sur le choix des matières actives et des intrants ; les modalités de stockage et d’approvisionnement ; le choix des surfaces à ne pas traiter ; le matériel à adapter, à mettre aux normes ; la formation des agents aux bonnes pratiques ; les EPI (équipements de protection individuelle) ; la gestion des déchets.

Un programme de formation est alors mis en place s’accompagnant d’une communication en interne.

Le plan d’action se concentre sur les points suivants :

Et met l’accent sur la nécessaire implication des agents pour engendrer une prise de conscience à tous les niveaux de la chaîne, y compris les élus.

Il prévoit également la mise aux normes et la rationalisation du matériel et s’emploie à la recherche de solutions alternatives. La méthodologie employée se décompose en trois étapes :

  1. Etat zéro : Définition des zones à traiter impérativement par des méthodes alternatives : ZNT, glissière de sécurité…
  2. Réflexion sur les pistes possible : en amont des projets neufs ; sur de nouvelles pratiques ; sur de nouveaux matériaux ; modification des tâches d’entretien courant
  3. Essais sur le terrain : délocalisés dans chaque agence volontaire ; constat/analyse de la méthode testées

Les résultats montrent une augmentation de la tâche fauchage et du temps de travail pour les autres tâches.

Exemples de méthode alternative sans utiliser de produits phytosanitaires

En 2011, le plan a vu l’augmentation des surfaces fauchées et conduit à l’adaptation du matériel aux nouvelles surfaces non traitées chimiquement. Puis en 2012, la démarche fauchage raisonnée est confirmée.

Malgré tous ces efforts, le constat est fait que certaines problématiques persistent : un travail spécifique a été mené en 2011 pour la recherches de solutions alternatives propres aux ouvrages d’art / ZNT (zones non traitées) et pour la recherches de solutions permettant l’élimination des invasives: canne de Provence, renouée du japon…

Mais peu de réponses nouvelles émergent, il n’y pas de solution miracle…

 

Des résultats concluants

Les actions engagées par le Conseil Général des Pyrénées-Orientales a vu la réduction de l’utilisation de 70% de pesticides, passant de 1 600 litres de désherbant et quelques insecticides en 2008 à 300 litres de désherbant et plus aucun insecticide de synthèse en 2012

Se sont opérées également des changements de pratique avec notamment l’utilisation de marqueurs et d’antidérives, la prise en compte des ZNT, l’acceptation de lieux  »plus naturels », l’intégration de la dangerosité des pesticides et l’anticipation des bureaux d’études.

Ses résultats ne seraient pas ce qu’ils sont sans une forte implication des agents.

Ce plan d’action a permis une grande avancée dans la protection de l’utilisateur : plus de produits non autorisés par le Médecin/SPP ; tous les applicateurs sont dotés d’un équipement de protection complet à utiliser systématiquement ; formation de tous les agents applicateurs (certiphyto…) ; plus de manipulation par les agents (dosatrons) ; pas de stockage de produits en agence (chez le fournisseur), transport réduit en quantité ; le seul traitement insecticide est réalisé par une entreprise privé (chenille processionnaire avec bacillius…)

 

Des difficultés restent à surmonter

Contacts :
Raymond Camarasa, [email protected] [2], Service des routes, Conseil général des Pyrénées-Orientales
Julie Blanc, [email protected] [3], chargée de mission Pesticides, Conseil général des Pyrénées-Orientales

 

L’expérience des Pyrénées Orientales fait des petits !

Les trois autres Conseil Généraux littoraux mettent en place des démarches pour réduire voire abandonner l’usage des phytosanitaires sur les réseaux routiers.

 

Dans l’Hérault…

Dans le cadre de son programme « Vert Demain », le Syndicat Mixte des Etangs Littoraux a établi un partenariat avec le Conseil Général de l’Hérault afin d’expérimenter des techniques d’entretien sans pesticides sur les routes et dépendances routières parcourant le secteur des étangs palavasiens (entre Frontignan et Palavas-les-Flots). Un diagnostic des pratiques a été réalisé et permettra de mettre en œuvre et évaluer des nouvelles techniques sans pesticides. Ces résultats seront utilisés pour généraliser ces nouvelles pratiques à l’ensemble du réseau.

 

… dans l’Aude !

A travers le projet AuDevant, le Conseil Général de l’Aude travaille sur la réduction des pesticides au sein de l’ensemble de ses services (routes, collèges et services intérieurs). Une démarche type PAPPH est en cours animée par le Service Hydrologie de la Direction de l’Eau et de l’Environnement.

 

… Et plus encore ! 

A noter que le Département du Gard, la Région Languedoc-Roussillon, et les grands opérateurs que sont Réseau Ferré de France et Autoroutes du Sud de la France mènent également des actions de réduction des phytosanitaires.

 

Dans une démarche de mutualisation de ces expériences, la FREDON LR accompagne l’ensemble de ces partenaires dans leur démarche afin de définir une méthode de travail pour la réduction des pesticides sur les infrastructures routières.