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LIFE-MARHA : Suivi spatiotemporel des eaux de surface dans les lagunes côtières méditerranéennes, indicateur Surface de l’habitat

Cartographie de l’Habitat naturel d’Intérêt Communautaire (HIC) prioritaire 1150* « Lagunes côtières » en Méditerranée (France)

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Dans le cadre du projet  Life Marha (Marine habitats),  [2]piloté par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), le Pôle-relais lagunes méditerranéennes accompagne les animateurs et gestionnaires de sites N2000 dans l’évaluation de l’état de conservation de l’habitat 1150* « Lagunes côtières » en Méditerranée avec la méthode parue en 2019 [3] et le classeur de fiches techniques paru fin 2020 [4] en appui à la mise en œuvre opérationnelle.

Un des 12 indicateurs de la méthode est l’indicateur « Surface» qui s’intéresse à la surface couverte par cet habitat prioritaire dans la Directive « Habitats-Faune-Flore » (DHFF, 92/43/CEE).

BESOINS EN CARTOGRAPHIE

La mise à jour des références bibliographiques, notamment des acquis de la recherche et développement en matière de télédétection et de cartographie des habitats littoraux, a permis de mettre en lumière le manque de connaissance concernant la délimitation et donc l’évaluation de cette surface de l’habitat lagune côtière, et en particulier pour les lagunes temporaires.

À l’échelle de la façade méditerranéenne, les zones humides côtières qui portent la définition de cet habitat, ne sont donc pas suffisamment cartographiées. Cela s’explique entre autre par la difficulté à les définir en tant qu’habitat 1150 et à les délimiter correctement car ils sont bien souvent identifiés en mosaïque avec d’autres habitats.

Afin de répondre au besoin de délimiter les lagunes côtières méditerranéennes, caractériser l’hydrologie de surface pour mieux distinguer les lagunes temporaires et permanentes et partant du principe qu’il est nécessaire de délimiter l’habitat 1150 et de connaitre sa surface avant de pouvoir l’évaluer par la méthode nationale, un travail de cartographie a démarré en 2021 à la Tour du Valat, avec l’appui d’une stagiaire, Priyashani Oswatte.

APPROCHE DE LA MÉTHODE

Pour la délimitation de l’habitat 1150* « Lagunes côtières », cette étude s’est basée sur la définition donnée par l’UMS PatriNat dans l’interprétation française des habitats d’intérêt communautaire marins. [5] Les lagunes côtières y sont définies comme des « Étendues d’eau côtière, de salinité et de volume d’eau variables, ayant une connexion limitée (physiquement ou temporellement) avec le milieu marin dont elles sont séparées (totalement ou partiellement) par une barrière physique. » L’habitat 1150* est ainsi délimité selon l’étendue maximale de la pièce d’eau (hors évènements extrêmes) jusqu’à la mer ouverte (hors évènements extrêmes), incluant l’arrivée d’eau même si elle est d’origine artificielle (ex. les chenaux et les passes). Les lagunes aménagées, qu’elles soient exploitées ou non peuvent être intégrées, à condition qu’elles aient pour origine une lagune naturelle ou une lagune exploitée avant 1992 et qu’elles soient caractérisées par un impact mineur de l’activité humaine.

Pour les besoins de l’étude, le choix a été fait de travailler sur une hydropériode sur 3 ans, incluant les années 2018, 2019 et 2020. Ce dernier est lié au fait que certaines années sont considérées comme suffisamment sèches et d’autres suffisamment humides (respectivement 2020 et 2018, d’après les relevés de la station météorologique de la Tour du Valat) et cela permettait de représenter au mieux les variations des niveaux d’eau pouvant être observées.

Concernant le choix des images satellitaires, deux critères ont été appliqués : temporel, avec le choix d’acquérir au moins une image chaque mois et que celle-ci soit « exploitable », avec une couverture nuageuse la plus faible voire absente au niveau de la zone d’intérêt. Dans le cadre de ce travail, seules les images optiques Sentinel-2 (S2) ont été utilisées, avec une résolution de 20m.

Sur l’ensemble des 36 images, il a été réalisé un travail de segmentation selon les paramètres suivants : tolérance de 500 et un MMU de 0.1 ha., qui a permis de définir les polygones en fonction aussi des niveaux d’inondation.

La tolérance : la différence spectrale qu’on va tolérer au sein d’un même polygone

La surface minimale cartographique (Minimum Mapping Unit MMU) :  correspondant à la taille du plus petit polygone pouvant être identifié sur les résultats de la segmentation.

Un travail minutieux de photo-interprétation sur l’ensemble des images a été ensuite réalisé afin de repérer et identifier de la manière la plus fiable possible les lagunes côtières et les partager avec un certain nombre de gestionnaires afin de discuter autour de cas problématiques.

Dans une deuxième étape, les mêmes séries temporelles S2 utilisées pour la segmentation, ont été retraitées afin de cartographier les dynamiques spatiotemporelles des eaux de surface au sein des enveloppes lagunes pré-identifiées lors de la phase précédente. Ceci à travers la mise en œuvre de l’indice spectral WIW (Water In Wetlands), développé par la Tour du Valat [6] et très performant pour détecter l’eau sous un couvert de végétation faible à moyen dense.

Des classes d’inondation ont été définies, selon la moyenne d’inondation observée sur l’hydropériode considérée (2018 à 2020, soit 36 mois).

 

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LA SUPERFICIE COUVERTE PAR L’HABITAT 1150 SUR LA FAÇADE MÉDITERRANÉENNE FRANÇAISE

Cette étude a permis d’estimer, à partir des images S2, les superficies des eaux de surface au sein de cet habitat sur l’ensemble de la façade méditerranéenne française, pour l’hydropériode 2018-2020.

Selon les résultats obtenus par cette première étude, la superficie couverte par l’habitat 1150* sur l’ensemble de la façade méditerranéenne française est de près de 86 000 ha, avec 46 000 ha en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, 36 000 ha en Occitanie et 3 500 ha en Corse.

Même si la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur enregistre la superficie en lagunes la plus importante, celle-ci est concentrée essentiellement au niveau du département des Bouches-du-Rhône. Dans les deux autres régions (Occitanie et Corse), cette superficie est plus dispersée sur les territoires.

La réalisation de cette cartographie est un appui proposé sur l’indicateur surface et offre une méthode standardisée et réplicable à l’échelle de la façade, y compris sur les secteurs non gérés (par exemple en Corse). Outils d’accompagnement et d’aide à la décision pour la gestion des milieux, les cartes permettront de suivre à long terme ces habitats.

Le fichier cartographique complet pourra être envoyé sur demande (voir contact ci-dessous).

QUELQUES LIMITES…

L’approche utilisé comporte néanmoins des limites :

EN PERSPECTIVE…

 

Katia Lombardini, [email protected] [8]

Chargée de mission PACA du Pôle-relais lagunes méditerranéennes, Tour du Valat

 

Anis Guelmami, [email protected] [9]

Chef de Projet SIG, Télédétection et Cartographie, Tour du Valat