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Limiter la progression du sel dans les Sagnes d’Opoul

Le choix partagé du partenariat FDC, RIVAGE et Conservatoire du littoral

© O Aerien LIFE 201012

Dans le cadre d’une convention entre le Conservatoire du Littoral (propriétaire du site), le Syndicat RIVAGE (gestionnaire) et la Fédération des Chasseurs 66 (gestionnaire opérationnel), des travaux ont été engagés depuis 2021 pour restaurer les milieux humides des Sagnes d’Opoul en bordure Sud-ouest de l’étang de Salses-Leucate.

La restauration d’un équilibre hydraulique naturel et l’élimination du sel provenant de la lagune ouverte en permanence sur la mer demeurent des défis majeurs pour ce territoire constitué de zones humides qui jouent un rôle crucial du fait de leur fonctions écologiques et sociales. Cette collaboration a permis de trouver une solution commune répondant à plusieurs enjeux socio-économiques et environnementaux. Cette collaboration, a permis de partager un choix en réponse à plusieurs enjeux socio-économiques et environnementaux.

Le site des Sagnes d’Opoul est principalement constitué de vastes roselières, qui s’étendent entre les deux principales résurgences de l’étang (Font-Dame et Font-Estramar), elles représentent plus de 167 hectares, dont plus de 89 hectares appartiennent au Conservatoire du littoral depuis 2008. Ces zones humides sont d’une importance capitale pour l’équilibre de l’étang, pour la faune et la flore qu’il abrite, dont le butor étoilé, oiseau qui représente un enjeu de préservation majeur aussi bien à l’échelle locale que régionale. La capacité d’accueil de ces milieux pour l’avifaune paludicole en fait un site majeur à préserver.

Du constat au choix partagé pour contenir la hausse de salinité

Suite à la mission Racine et à l’implantation des stations balnéaires sur le littoral méditerranéen dans les années 70, l’étang est passé de légèrement saumâtre à totalement marinisé. La faune et la flore inféodés aux milieux doux ont donc été mises en péril malgré les importants apports d’eau douce issue du massif karstique des Corbières.  Alors que la priorité est mise sur la préservation de la qualité de la roselière et par extension de la faune qu’elle abrite, ces milieux en bords d’étang perdent progressivement du terrain face à la progression du sel dans les terres et laissent place à de la sansouïre plus adaptée aux milieux salés.

Conscient des enjeux du site, le Conservatoire du littoral, propriétaire des Sagnes d’Opoul, a entrepris la recherche de gestionnaires impliqués localement, possédant à la fois une expertise technique et une connaissance approfondie de l’historique du site, dans le but de mettre en place un plan de gestion adéquat. Le syndicat RIVAGE, fort des documents de planification qu’il anime sur les zones humides de l’étang de Salses-Leucate, est apparu comme candidat naturel. Puis, en raison de l’engagement des chasseurs bénévoles à préserver le site depuis plus de 30 ans, la Fédération de Chasse des Pyrénées-Orientales (FDC66) a accueilli très favorablement la proposition du CDL de participer également à la gestion du site. Ainsi, elle a été impliquée dans les discussions en vue de devenir le gestionnaire opérationnel.

Rapidement les enjeux de conservation et les orientations de gestion sont apparus communs aux trois structures. Une convention tripartite a alors été signée en 2017, et le plan de gestion rédigé par le syndicat mixte RIVAGE visant la protection et la valorisation des Sagnes d’Opoul validé en 2019. Des engagements forts sur le nombre d’animaux capturés, les droits et les périodes de chasse plus contraignantes, ainsi que la mise en place de techniques de chasse moins dérangeantes, ont été convenues.

Ce trio de structures et d’agents ont œuvré de concert selon leurs , compétences, sensibilités, leurs connaissances parfois empiriques et savoirs faire pour mener à bien ce projet.

En regard des enjeux partagés du site, les actions de gestion et d’aménagement hydrauliques ont été par la suite construites dans le cadre d’une large concertation, engagée entre RIVAGE, le Conservatoire du Littoral, la FDC66, le département des Pyrénées-Orientales, la région Occitanie, l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, l’Office Français pour la Biodiversité, et tous les acteurs concernés de près ou de loin par la préservation de ce site.

En 2020 les financeurs (Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, le Département des Pyrénées-Orientales, la Région Occitanie, l’éco-contribution des chasseurs, et le contrat Natura 2000) ont été sollicités en vue de mettre en œuvre les actions opérationnelles prévues. Principalement centrées sur la restauration des habitats de roselières et prés salés, ces opérations devaient favoriser les fonctionnalités de la zone humide et notamment la roselière abritant de nombreuses espèces à enjeux tel que le butor étoilé.

Dès 2021, dans le cadre d’un contrat Natura2000, un conventionnement a été mis en place avec des agriculteurs pour maintenir les milieux ouverts et la collaboration avec l’ACCA de Salses pour accompagner l’activité cynégétique en matière de gestion de l’eau et des habitats. Les travaux de réouverture de prés salés et d’une frange de roselière sèche ont ainsi permis l’implantation de chevaux puis de brebis qui entretiendront ces milieux riches en biodiversité. Cf. carte ci-dessous.

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Par la suite, des travaux ont été engagés pour recréer le fonctionnement hydrologique naturel de cette zone humide en vue de mieux diffuser l’eau douce et repousser le sel dans l’étang. Ces actions ont été largement soutenues par le fonds de France Relance relayé par l’Agence de l’Eau RMC qui a à cœur de porter une action pérenne sur les fonctionnalités des zones humides.

L’Agence apporte son soutien à RIVAGE depuis de nombreuses années notamment pour assurer la création et l’animation de la Stratégie de Gestion des Zones Humides (SGZH) du bassin versant de l’étang de Salses-Leucate qui permet entre autres l’élaboration et la mise en œuvre du plan de gestion des Sagnes d’Opoul. Sur ce projet l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse est le cofinanceur le plus important à hauteur de 65 000 euros.

Ces actions ont été largement soutenues par le fonds de France Relance relayé par l’Agence de l’Eau RMC qui a à cœur de porter une action pérenne sur les fonctionnalités des zones humides.

L’Agence apporte son soutien à RIVAGE depuis de nombreuses années notamment pour assurer la création et l’animation de la Stratégie de Gestion des Zones Humides (SGZH) du bassin versant de l’étang de Salses-Leucate qui permet entre autres l’élaboration et la mise en œuvre du plan de gestion des Sagnes d’Opoul. Sur ce projet l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse est le cofinanceur le plus important à hauteur de 65 000 euros.

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Cartographie des actions de gestion hydrique engagées sur les Sagnes d’Opoul
Palplanches installées sur le site pour contenir le sel © RIVAGE

Conclusion

Au-delà de la concertation, cette expérience démontre que le dialogue et la compréhension mutuelle ont permis à l’ensemble des acteurs de ce territoire de démontrer que leur différence ne constituait pas un blocage mais au contraire un atout au service de la biodiversité et du développement durable.

« C’est donc tout naturellement parce que nous partagions les mêmes valeurs et les mêmes objectifs que le partenariat s’est naturellement tissé entre nos 3 structures pour porter un projet de territoire qui vit, qui évolue et surtout qui essaie de n’oublier personne. […] je suis persuadé que les premiers résultats officiels des suivis sur la faune et la flore sur ce site feront la démonstration que la mise en œuvre que de tels partenariats gagnant / gagnant sont une vitrine démonstrative et reproductible au service de l’Environnement.» Extrait du discours du Président de la FDC 66 lors de l’inauguration des travaux de réhabilitation de la zone humide des Sagnes d’Opoul.

Vidéo « BIODIVERSITÉ : Les sagnes d’Opoul » (FDC66, CDL et de RIVAGE)

 

Plus d’informations sur le site du syndicat RIVAGE [3]

 

Conservatoire du Littoral : Laurine PAULY, [email protected] [4]

RIVAGE : Jean-Alexis Noël, [email protected] [5]

Fédération des chasseurs des Pyrénées-Orientales : Nathalie GILABERTE, [email protected] [6]  et Benjamin CALMON [email protected] [7]