Munaron D. & al., 2025
Ce rapport présente les résultats de la campagne OBSLAG [2] pesticides 2022-23, l’évolution pluri-annuelle des indicateurs de risque, ainsi qu’une analyse critique de la méthodologie utilisée depuis 2017. Dans un contexte climatique particulièrement sec sur le littoral méditerranéen français, cette campagne révèle le plus petit nombre de substances quantifiées par échantillon (18.5 en moyenne) et le plus petit nombre de substances différentes quantifiées au total (39), depuis les débuts du suivi. Parmi celles-ci les herbicides diuron, ametryn, atrazine-2-hydroxy, le fongicide tebuconazole et le biocide DMSA sont détectés dans 100% des échantillons. 90% des échantillons présentent au moins un pesticide dépassant sa valeur seuil d’effet écotoxicologique individuelle chronique. Aucune substance prioritaire DCE n’est concernée par ces dépassements. Le risque individuel est porté par 8 substances à vocation herbicide : le métolachlor -total- et ses produits de dégradation OA (acide oxanilique) et ESA (acide ethane sulfonique), les deux métabolites de l’atrazine (l’atrazine-2-hydroxy et la DEA), le flazasulfuron et le nicosulfuron, et pour la première fois, l’AMPA (le produit de dégradation du glyphosate). Aucune lagune n’est épargnée. Les dépassements individuels des seuils d’effets écotoxicologiques tendent toutefois à diminuer, parallèlement au nombre de pesticides quantifiés, sans doute en raison des conditions climatiques favorables et aussi possiblement en lien avec la règlementation (cas du biocide carbendazim). De plus, toutes les lagunes sont concernées par un risque cumulé (effet cocktail) au moins à une saison, cependant, c’est la première fois qu’on dénombre autant de prélèvements sans risque (4 en tout, un sur la lagune de Berre, un sur Thau et deux sur Biguglia). A l’inverse, les étangs de l’Or, Bages et Ayrolle constituent le trio de tête des lagunes les plus à risque vis-à-vis des pesticides (autant en termes de risques cumulés médians qu’en termes de nombre de substances actives retrouvées). Toutes lagunes confondues, l’hiver est la saison où le risque chronique lié au mélange de pesticides est le plus élevé. Après 4 campagnes annuelles réalisées, le bilan critique de la méthodologie OBSLAG souligne sa robustesse et sa pertinence pour prioriser le risque par lagune, saison et substance. En ce sens, c’est un outil précieux pour aller au-delà de l’approche règlementaire DCE. Des pistes d’évolutions possibles sont discutées, d’un point de vue opérationnel et méthodologique, certaines pouvant permettre de libérer des marges de manoeuvre (financières, humaines) pour à l’avenir, tester de nouveaux outils ou envisager d’intégrer de nouvelles lagunes au suivi.
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Munaron Dominique, Cimiterra Nicolas, Crottier Anaïs, Derolez Valerie, Foucault Elodie, Serais Ophelie, Giraud Anaïs (2025). OBSLAG pesticides. Résultats 2022-23 et bilan de la stratégie de suivi des lagunes méditerranéennes vis-à-vis des pesticides. Ref. ODE/COAST/LEROC 25-05. Rapport de contrat Ifremer-AERMC n°: 21.1002385. 91p. https://archimer.ifremer.fr/doc/00964/107579/ [1]