Afin de trouver des solutions de gestion pour limiter la prolifération du Crabe bleu sur l’étang de Canet, l’ensemble des partenaires institutionnels souhaite développer un partenariat scientifiques-pêcheurs. Un projet prévu sur une durée de 2 ans (2022-2023) sera porté par le Syndicat mixte du bassin versant du Réart (SMBVR) et associera l’Observatoire océanologique de Banyuls, de l’Université de Perpignan et 5 pêcheurs professionnels de la lagune de Canet. Leur collaboration vise à mettre en place un protocole de pêches scientifiques avec des filets spécifiquement conçus pour cette mission.
Originaire d’Amérique du nord, le crabe bleu Callinectes sapidus, a fait son apparition sur les côtes françaises après avoir été signalé en 1er lieu sur les côtes espagnoles où il a eu une dynamique de colonisation très importante dès 2018. Dans le delta de l’Ebre et la côte catalane, les pêcheurs et conchyliculteurs déplorent des dégâts très importants sur leurs productions mais aussi les écosystèmes côtiers. En France, le crabe bleu est maintenant présent sur l’ensemble de la façade méditerranéenne française où il semble s’adapter parfaitement aux milieux littoraux.
Le bilan actuel fait état de captures « faibles » dans la plupart des milieux (Camargue, Rhône, lagunes de La Palme et Leucate) en région PACA et Occitanie à l’exception de l’étang de Canet Saint-Nazaire où sa prolifération est préoccupante. En effet, sur cet étang, plus de 5 tonnes ont été capturés à l’été 2021. Cette invasion s’est accompagnée d’une disparition des espèces commerciales (anguilles, crabes verts…) dans les filets des pêcheurs professionnels entraînant des pertes économiques très importantes.
Au-delà de l’aspect économique, c’est aussi l’aspect écologique de la lagune qui pose question avec cette invasion ainsi que la migration et l’expansion de l’espèce en mer vers les lagunes adjacentes. Classé Natura 2000, cette lagune subit d’important dégât écologique depuis l’arrivée du crabe bleu avec une disparation des autres espèces, mais aussi une dégradation de l’herbier de zostère présent sur la lagune et dont le rôle est multiple : oxygénation de l’étang, nurseries et nourricerie pour de nombreuses espèces. La dégradation de l’herbier vient à la fois d’un problème mécanique (creusement des « terriers de crabes » qui dégradent cet habitat) mais aussi d’une augmentation de la turbidité de l’eau à cause de l’activité des crabes, ce qui nuit aussi au développement de l’herbier qui a besoin de lumière pour se développer.
Face à ce constat et à la nécessité d’agir pour mieux connaître la dynamique d’invasion de cette espèce et définir des moyens pour mieux la contrôler, l’ensemble des partenaires institutionnels (Direction de l’écologie, Ministère de la transition écologique (DREAL), la Région Occitanie, le Comité régional des pêches (CRPMEM Occitanie) et le Parc Naturel Marin du Golfe du Lion, l’Office Français pour la Biodiversité) vont soutenir un projet d’une durée de 2 ans (2022-2023), qui sera porté par le Syndicat mixte du bassin versant du Réart.
Ce projet s’intègre dans le cadre du Plan d’action régional Occitanie « PAR Crabe bleu », mis en place par la DREAL Occitanie qui reprend les 5 axes de la stratégie nationale sur les espèces exotiques invasives, elle même déclinée en une stratégie régionale.
Ce projet, qui associe l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer et l’Université de Perpignan Via Domitia en collaboration étroite avec le Syndicat Mixte du Bassin Versant du Réart et 5 pêcheurs professionnels de la lagune de Canet-Saint Nazaire, mettra en œuvre un protocole de pêche scientifique au moyen de filets spécialement conçus par les pêcheurs pour cette mission.
Les attendus de ce programme de recherche sont de :
- Apporter un soutien aux professionnels de la pêche dans la lutte contre le crabe bleu ;
- Mieux connaître l’espèce d’un point de vue biologique et les interactions de cette
dernière avec son milieu et les autres espèces présentes : tolérance physiologique
(besoin en oxygène, température, salinité..) des différents stades de développement,
type d’alimentation, inventaire des parasites du crabe bleu et sa vulnérabilité à ceux
qui sont présents dans le milieu (la charge parasitaire est un des facteurs classiques de
régulation des espèces avec le temps) ; - Mieux comprendre l’abondance et la dynamique des populations de cette espèce (taille
et âge de reproduction, nombre de reproduction dans l’année, dynamique de
croissance…) ainsi que ses « habitats » préférentiels sur la lagune de Canet (zones
dessalées, zones profondes…) et cela pour tous les stades de son développement.
L’idée est aussi de comprendre si la pression de pêche peut avoir une incidence sur le
développement de l’espèce pour tenter de la réguler.Ces travaux doivent permettre de donner des préconisations de gestion pour limiter la
prolifération du crabe et donc la dégradation environnementale de la lagune de Canet.
Ces préconisations ont vocation à être diffusées largement auprès de l’ensemble des
structures gestionnaires de milieux lagunaires littoraux méditerranéens et de
sauvegarder la ressource au profit des pêcheurs locaux.
Contacts
Laetitia Cornil, Chargée de mission Milieu marin et côtier, Montpellier – Division Milieux Marins et Côtiers, Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement d’Occitanie.
Mail : [email protected] [1]
Nathalie Barré, Chargée de mission Occitanie du Pôle-relais lagunes méditerranéennes, en charge de l’animation du Plan d’Action Régional de lutte contre le Crabe bleu. – Mail : [email protected] [2]
Roland Mivière, Chargé de mission Natura 2000, et Biodiversité au Syndicat du Bassin Versant du Réart – Mail : [email protected] [3]
Partenaires techniques :
Thomas Sérazin, Chargé de mission “Pêche & Environnement”, Comité régional des Pêches maritimes et des élevages marins d’Occitanie
[email protected] [4]
Julien Bavière, Stagiaire au CRPMEM Occitanie (Master 2 Gestion des Mers et des Littoraux à l’Université de Montpellier)- [email protected] [5]
Partenaires scientifiques :
Marion Verdoit-Jarraya, Maître de conférence, professeur associé, Université de Perpignan Via Domitia, UMR 5110 CNRS-UPVD – CEntre de Formation et de Recherche sur les Environnements Méditerranéens (CEFREM)
Stéphane Hourdez, Dir. Adjoint Laboratoire d’Ecogéochimie des Environnements Benthiques (LECOB) – UMR 8222 CNRS-Sorbonne Université – Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer