- Pôle lagunes - https://pole-lagunes.org -

Projet soHUMID : quelle contribution des eaux souterraines dans le fonctionnement des zones humides ?

soHUMID est un projet de recherche cofinancé par l’Office français de la biodiversité, le BRGM et les bureaux d’études ECOMED et GEONORD avec comme autre partenaire le Conservatoire d’espaces naturels Nord-Pas-de-Calais, les Marais de Sacy et le syndicat Mixte Baie de Somme Grand Littoral Picard. Ce projet réunit écologues, pédologues et hydrogéologues autour d’un même objet d’étude – les milieux humides et a pour objectifs :

  1. de mettre en évidence les relations eau souterraine – sol – plante au sein de ces écosystèmes complexes. Dans cette étude, le terme « eau souterraine » fait référence à des aquifères d’extension au moins régionale définit par une ou plusieurs masses d’eau souterraine selon la définition de la Directive Cadre Eau  ;
  2. d’identifier des indicateurs et de construire une méthode d’évaluation de la contribution des eaux souterraines au bon état quantitatif des zones humides.

Cinq sites pilotes (cf. carte ci-dessous) ont été sélectionnés sur deux critères (1) une relation eau souterraine – eau de surface avérée et (2) une disponibilité des données suffisantes en écologie, pédologie et hydrogéologie pour permettre une démarche exploratoire combinant ces trois thématiques :

[1]

Ce projet a montré que chaque site est un cas d’étude spécifique en termes de fonctionnement hydrogéologique ce qui rend difficile la construction d’indicateurs communs à tous les milieux humides. Il a aussi mis en évidence la grande diversité, disparité et hétérogénéité des données et de leur bancarisation. Les données pédologiques se sont révélées être les données les moins riches voire souvent absentes bien que l’hydromorphologie des sols est un des deux critères permettant de considérer qu’une zone est humide (arrêté ministériel du 24 juin 2008 modifié [2]). Un protocole de suivi des milieux humides en interaction avec les eaux souterraines est proposé précisant les données à acquérir et les indicateurs qui peuvent être établis à partir de ces données (cf. tableau ci-dessous).

[3]

Malgré des données lacunaires, le lien entre la présence d’espèces végétales indicatrices d’une contribution des eaux souterraines et les critères pédologiques (niveau d’engorgement) du sol, a été mis en évidence et traduit la relation eau souterraine – sol – plante. Le niveau moyen de la nappe de surface dans la zone humide est corrélé avec le niveau piézométrique de la masse d’eau souterraine La végétation peut être utilisée comme indicateur de la contribution des eaux souterraines à l’échelle du site. Dans les marais de Meyranne et des Chanoines, la distribution des cladiaies à marisque et le cortège des espèces qui lui sont associées est très représentative des milieux froids connectés avec des remontées d’eaux verticales souterraines. A l’inverse, la prédominance des roselières à roseaux traduit plutôt une alimentation par des eaux turbides et chaudes de surface.

Prairie humide du Marais des Chanoines © Marc Thibault

Les corrélations entre signal piézométrique de la masse d’eau souterraine et signal piézométrique du milieu humide permet d’envisager des seuils de gestion des masses eaux souterraines par rapport au fonctionnement de milieux humides. Il est possible de mettre en relation l’évolution des conditions hydrogéologiques avec l’évolution des conditions pédologiques ou l’évolution des habitats ou des espèces du milieu humide.

Les 5 sites pilotes ne sont pas représentatifs de toute la diversité des milieux humides mais ils ont permis de mettre en évidence la faisabilité de la démarche et la pertinence de la complémentarité des approches pédologiques, écologiques et hydrogéologiques pour ces écosystèmes particuliers que sont les milieux humides. L’acquisition des données manquantes selon le protocole propoé (cf. tableau) sur les sites pilotes du projet soHUMID et d’autres sites en interaction ou non avec les eaux souterraines permettrait de construire les indicateurs proposés, les comparer et d’aller plus loin dans la caractérisation de la contribution des eaux souterraines.

 

BRGM
Chrystelle Auterives [email protected] [4]

GEONORD
Basilien Jean-Baptiste [email protected] [5],
Thomas Percheron [email protected] [6]

ECOMED
Antoine Veirman [email protected] [7]

 

Auterives, C. ; Veirman, A. ; Percheron, T. ; Basilien, J.B. (2021) – Projet soHUMID : Evaluation de la contribution des eaux souterraines au fonctionnement des milieux humides . BRGM/RP-70676-FR, 145 p. [Télécharger le pdf] [8]