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Résilience territoriale littorale-lagunaire

Retour sur l’atelier participatif du 22 janvier 2020, aux salines de Villeneuve

Cet atelier a réuni 38 personnes majoritairement citoyen.ne.s, acteur.rice.s du territoire de Frontignan à Villeneuve-lès-Maguelone. L’objectif était de co-construire une démarche permettant de faire face à l’enjeu climatique sur le littoral. 6 retours d’expérience et les témoignages des participant.e.s ont mis en lumière des initiatives locales en faveur de la résilience[1] [1] territoriale, et mis en exergue le besoin de coopération et de partage des savoirs pour l’émergence de nouvelles initiatives. Les réflexions ont permis de dresser les premières pistes pour bâtir un manifeste en faveur de la résilience du territoire de Frontignan à Villeneuve-lès-Maguelone. L’atelier a été organisé par le Pôle-relais lagunes méditerranéennes et animé par Béatrice Le Moël.

L’objectif de cet Atoll (Atelier de résilience territorial littoral-lagunaire)(1) était de comprendre « À l’horizon 2030 : Comment allier et développer nos compétences pour être en capacité d’agir collectivement et en harmonie avec notre territoire ? Quels leviers activer ? Avec quels types de foncier ? »

Les interventions présentées lors de l’atelier ont révélé des mobilisations déjà en place sur un territoire lagunaire. À la fois diverses sur le plan foncier (bâti urbain, zones agricoles ou zones naturelles, en bordure de zones humides) , elles font toutes sens  avec la transition écologique du territoire, et sont implantées sur une zone biogéographique cohérente allant de Frontignan à Villeneuve-lès-Maguelone, encadrée au nord par le massif de la Gardiole et au sud par la mer : Réseau en circuit-court des Paniers de Thau (initiative Fronticourt), permaculture dans les vignes, production de vin naturellement doux valorisant le patrimoine locale (culturel et naturel), accompagnement de politique locale de gestion d’espaces naturels, mobilisation du bâti en milieu urbain à la faveur de collectifs citoyens et de la transition énergétique et écologique plus largement.

Suite à la présentation de ces initiatives, 4 ateliers d’une dizaine de personnes se sont organisés à partir des questionnements et des besoins des participant.e.s, définissant ainsi des items pour la co-construction de la démarche :

1- Quelle recomposition spatiale pour tendre vers plus d’harmonie entre urbanisme et agriculture ?

En s’appuyant sur les outils et les démarches déjà existants (outils d’urbanisme, schémas fonciers, PLU, SCOT, PCAET…), comment faire face aux contraintes et conflits d’usages, à l’évolution des espaces et des besoins tant en surface qu’en nature ?

Les espaces (naturels, agricoles, urbains/périurbains) sont en perpétuelle évolution tant en surface qu’en nature (mutation) et reliés à des besoins. En regard des changements climatiques, et de leurs conséquences sur les ressources (sols, eau, biodiversité…), de nouveaux besoins pour plus de résilience impliquent de faire des choix sur l’organisation de l’espace et sa recomposition à venir : « Que doit-on privilégier ? » – « A quoi renonce-t-on ? » – « Comment priorise-t-on les enjeux par rapport aux besoins ? ». Néanmoins de nombreuses contraintes et conflits ressortent des discussions sur l’aspect foncier, et appellent à plus de lisibilité des démarches en cours, des volontés et besoins de chacun, des opportunités qui intéressent à la fois usagers et acteur.rice.s économiques.

Idées d’actions à mettre en œuvre :

– La réactivation des groupes de travail sur différentes thématiques pour favoriser la concertation locale. Avoir plus d’instances de concertation en continu dans le temps pour prendre en compte les besoins.
– Aller plus loin que le zonage des PLU et préciser l’usage des parcelles au fil du temps dans le processus de concertation (schéma foncier). Ex : quel type d’urbanisation, quelle agriculture, quels types d’aménagements, etc.
– S’appuyer sur des outils et des démarches déjà existantes : Outils d’urbanisme, schémas fonciers, PLU, SCOT, PCAET…

2- Quel tourisme pour le territoire et avec quelle éducation du public ?

Comment tendre vers plus de résilience par l’éducation des publics intérieurs et extérieurs du territoire littoral – Comment favoriser l’insertion sociale, la création d’emplois et tirer parti de talents cachés et gens en marge ?

L’objectif est de partager des valeurs telles que :

-donner du sens à l’action pour plus de résilience du territoire,
-veiller à l’exemplarité, la bienveillance et la valorisation de l’action coopérative.

Les besoins appellent à travailler davantage en réseau d’acteur.rice.s, en décloisonnant les champs de compétences, en intelligence collective et management agile et promouvoir l’ « anti-tourisme de masse ».  Il apparaît nécessaire d’impliquer divers publics : la population locale et les touristes extérieurs au territoire, les collectivités, les professionnels du tourisme (hébergement, agences…) et autres professionnels (agriculteur.rice.s, entreprises), les associations, le système de formation universitaire et les écoles.

Idées d’actions à mettre en œuvre :

– Agir avec les actifs et inactifs, et prévoir des formations aidant à plus de résilience et des boîtes à outils,
– Créer des offres touristiques avec plus de participation active du public ciblé (rendre le touriste « actif » sur le territoire),
– Promouvoir des lieux d’accueil touristique de qualité engagés vers la transition écologique,
– Promouvoir auprès des publics la découverte du territoire associant Nature et Culture,
– Valoriser les lieux de partage de savoir et de savoir-faire et d’intelligence collective et construction de projet collectif aidant à la résilience (créer des opportunités de conférences-débats, des assises, des cafés associatifs et des tiers-lieux comme à Frontignan, domaine Mirabeau…),
– Promouvoir la création des SIAE (structures d’insertion par l’activité économique) en lien avec la protection de l’environnement,
– Promouvoir des labels et surtout une charte pour les professionnels du tourisme en accord avec l’exemplarité recherchée,
– Promouvoir une implication réciproque et créer plus de liens et de relais aux collectivités.

3- Comment faire émerger des coopératives d’initiatives et répondre aux besoins du territoire ?

Comment avoir plus de territoires à énergie positive / Comment faciliter la mobilité / Comment déployer un réseau circuit-court avec les réseaux consommateurs et producteurs du territoire. Comment s’impliquer /agir dans les politiques publiques.

L’objectif est de favoriser la coopération et les initiatives qui vont dans le sens de plus de résilience sur le territoire défini. Identifier et motiver de nouvelles personnes pouvant se lier aux réseaux actuels et créer de nouvelles collaborations (plus de consommateurs, plus de producteurs locaux…).

Il apparait nécessaire de dresser un état initial et un diagnostic faisant état des enjeux, des besoins identifiés et donner des indicateurs de suivi.

Idées d’actions à mettre en œuvre :

– Faire connaître les initiatives et en accompagner de nouvelles,
– Créer des opportunités, des lieux de rencontre (festival de la citoyenneté par exemple) et d’échanges,
– Travailler sur la mobilité,
– Faire connaître de nouvelles compétences et sortir de l’entre soi, s’ouvrir à de nouveaux réseaux,
– Veiller à une gouvernance partagée et pour y parvenir protéger les biens communs, favoriser l’écoute et l’entraide.

4- Quelles pratiques agricoles au regard de la résilience du territoire ?

Quelle organisation de l’espace et des besoins (taille des parcelles et des exploitations) / Comment favoriser le retour de la fertilité des sols et de la biodiversité en faveur des cultures et hors culture.

Les besoins échangés ont porté sur l’accompagnement des agriculteur.rice.s vers des pratiques sans pesticides ni engrais, qui permettraient à la fois de préserver la qualité de nos milieux (terrestres et humides puisque les intrants agricoles sont majoritairement retrouvés en lagunes), leur biodiversité, et de manger plus sainement. Pour de tels changements de pratiques, il apparait le besoin de favoriser l’entraide, le partage d’outils et de savoir-faire.

Idées d’actions à mettre en œuvre pour les agriculteurs et en lien avec leurs réseaux :

– Aider à la réintroduction de la polyculture et à promouvoir l’élevage dans les parcelles en culture,
– S’organiser pour un retour de la matière organique et de la fertilité dans les champs,
– Former à la permaculture (pratiques de compostage de végétaux locaux, production de mulch…),
– Accompagner les agriculteurs vers des pratiques « sans », à la faveur d’un retour de la biodiversité dans les cultures et Aider à reconstituer le réseau de haies,
– Promouvoir la coopération entre agriculteurs et leurs accompagnateurs avec l’appui des réseaux existants Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole [2] (CUMA), Groupement d’Intérêt Économique et Environnemental [3] (GIEE) …

Les besoins ont été précisés et soulignent les manques de connaissances, de formation et d’éducation, mis à la portée de tous et permettant aux populations d’agir en comprenant les enjeux du territoire.

Conclusions

Les échanges ont permis de relever de nombreuses questions sur les incertitudes environnementales, les manques de connaissance scientifiques (évolution du littoral et de la ressource en eau) restant à approfondir et/ou à partager pour les citoyen.ne.s. L’apport de savoirs et savoir-faire locaux sont autant d’éléments fondateurs pour construire une démarche permettant de faire face à l’enjeu climatique.

Les interventions ont révélé des mobilisations déjà en place sur le territoire lagunaire de Frontignan à Villeneuve-lès-Maguelone. À la fois diverses sur le plan foncier (bâti urbain, zones agricoles ou zones naturelles, en bordure de zones humides), elles font toutes sens avec la transition écologique du territoire, et sont implantées sur une zone biogéographique cohérente.

L’ensemble des réflexions des participant.e.s a permis une priorisation des enjeux et certaines thématiques ressortent plus fortement que d’autres telles que l’insertion sociale, l’entraide, la production maraichère biologique. Ainsi les premières pistes de travail ont été dressées pour bâtir un manifeste en faveur de la résilience du territoire. Il reste encore à concevoir ce document, le confronter à des associations d’acteur.rice.s du territoire pour en partager les principes fondamentaux.

En fin d’atelier, il a été convenu d’aller vers la mise en place de groupes de travail, ceux cités étaient en lien avec les activités et initiatives en cours de certains participant.e.s :

 

En plus d’avoir été un lieu de partage, cet atelier a déjà permis une entraide entre participant.e.s, voire de nouvelles collaborations. Nous remercions chacun et chacune de leur investissement personnel dans cet atelier.


[1] [5] Résilience territoriale : Se symbolise par la capacité d’un système à absorber un changement perturbant et à se réorganiser en intégrant ce changement, tout en conservant essentiellement la même fonction, la même structure, la même identité et les mêmes capacités de réaction. Dans le cas de communautés humaines, le mot renvoie à leur capacité de ne pas s’effondrer au premier signe d’une pénurie (de pétrole, d’eau douce ou de nourriture par exemple) mais, au contraire, de réagir à ces crises en se transformant. La résilience provient non seulement du nombre d’éléments qui composent cette diversité, mais aussi du nombre de connexions qu’il y a entre eux. La diversité fait aussi référence à la variété de fonctions au sein de nos communautés (plutôt que la dépendance envers une seule activité comme par exemple le tourisme). Dans une structure plus modulaire les systèmes peuvent s’auto-organiser plus efficacement lorsqu’un choc survient. Maximaliser la modularité avec plus de connexions internes réduit la vulnérabilité face aux risques de défaillance des réseaux plus étendus. Dans la Transition, la résilience est perçue comme un état désiré, par la reconstruction de ce qui pourrait être extrêmement avantageux économiquement aux communautés locales.