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Retour sur la formation « Macrophytes en milieux lagunaires » du 28 au 29 avril 2022 à la Tour du Valat

Dans le cadre du projet Life Marha (Marine habitats),  [1]piloté par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), le Pôle-relais lagunes méditerranéennes accompagne les animateurs et gestionnaires de sites N2000 dans l’évaluation de l’état de conservation de l’habitat 1150 « Lagunes méditerranéennes » avec la méthode parue en 2019 [2] et le classeur de fiches techniques paru fin 2020 [3] en appui à la mise en œuvre opérationnelle.

Cette formation s’inscrit dans cet accompagnement sur deux des 12 indicateurs de la méthode : l’indicateur « Surface des herbiers » et l’indicateur « Macrophytes » qui s’intéresse à l’abondance et la composition des herbiers de plantes hydrophytes.

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Le rôle des hydrophytes dans les zones humides

Le maintien ou le développement des herbiers d’hydrophytes dans les lagunes constitue un enjeu majeur pour la conservation de ces milieux, en raison du rôle clé qu’ils jouent dans le fonctionnement du milieu : production d’oxygène, participation au métabolisme des nutriments azotés et phosphorés, amélioration de la transparence de l’eau, stabilisation des facteurs physico-chimiques et sur un plan écologique les hydrophytes constituent un habitat naturel pour les invertébrés et les jeunes poissons, ainsi qu’une ressource alimentaire de premier ordre pour les oiseaux d’eau, en particulier les anatidés.

Les phénomènes d’eutrophisation sont souvent accompagnés d’un déclin des phanérogames, au profit d’une prolifération de macroalgues opportu­nistes et/ou de phytoplancton. L’eutrophisation résulte de l’apport excessif dans la pièce d’eau d’éléments nutritifs azotés ou phosphatés. Il apparaît donc nécessaire d’évaluer ces éléments nutritifs pour déterminer l’état de conservation des lagunes, en regard d’autres facteurs pouvant affecter la présence des macrophytes, comme par exemple la turbidité de l’eau qui joue sur la pénétration de la lumière dans l’eau.

Suite à trois sessions de formation réalisées sur les macrophytes en 2021 [5], les gestionnaires et animateurs N2000 ont émis le souhait qu’une autre formation soit mise en place pour leur permettre d’identifier les macrophytes et mettre ainsi en place le suivi de cet indicateur sur leurs lagunes, avec leurs stagiaires 2022. Compte tenu des restrictions sanitaires en vigueur l’année passée, le nombre de participants à la formation était limité et beaucoup de personnes intéressées ont dû attendre cette dernière session en 2022.

Les objectifs de cette formation étaient : (i) de s’initier à l’identification des principales espèces d’hydrophytes constitutives des herbiers des milieux lagunaires, (ii) d’analyser la composition de leurs peuplements, (iii) et de discuter/échanger sur les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l’indicateur.

Dix gestionnaires de zones humides, animateurs N2000 et stagiaires de huit structures différentes des trois régions méditerranéennes ont participé à cette formation à la Tour du Valat avec à nouveau l’appui de Nicolas Borel (consultant).

Du terrain en lagunes temporaires et permanentes…

Équipés de cuissardes et d’une paire de waders, tous ont passé une première journée de formation les pieds dans l’eau et sous un soleil radieux !

Le groupe a commencé la formation par le terrain sur la lagune temporaire de la Saline sur la RNR de la Tour du Valat, avec la découverte de quelques espèces caractéristiques du milieu : Althenia, Tolypella, Riella.

Grâce à l’accompagnement de Marc Thibaut (Chef de projet Gestion et restauration de zones humides à la Tour du Valat), le terrain s’est poursuivi sur les étangs et marais des salins de Camargue (EMSC) : un espace sans fin, royaume des oiseaux, où se mélangent les ambiances marines, lagunaires, les grandes étendues dunaires et sableuses de Beauduc. 6500 hectares achetés en 2009 par le Conservatoire du littoral au groupe Salins pour restituer les échanges spontanés entre la mer et les étangs.

Plusieurs espèces de lagunes permanentes et temporaires ont été observées et identifiées suivant des critères morphologiques visibles à l’œil nu. En parallèle, l’intervenant présentait oralement des éléments de connaissance pour permettre aux gestionnaires de mieux connaître leur répartition spatiale et leurs exigences écologiques.

⬇️ Lamprothamnium papulosum à gauche et Althenia filiformis à droite

⬆️ Ruppia

…à la loupe binoculaire

La deuxième journée a été dédiée aux critères de détermination des hydrophytes vasculaires et des Characées avec les loupes binoculaires

La formation a également été l’occasion d’aborder les principales difficultés dans la mise en place de la méthode : comment évaluer les parties temporaires des lagunes permanentes, ou comment considérer une lagune temporaire avec une surface permanente en son sein ? Problématique entre l’habitat d’IC 1150 et 3140 quand connexion hydraulique existante…

Ces questions seront traitées lors d’un groupe de travail le 16 mai prochain avec l’ensemble des structures qui feront l’évaluation en présence de Fanny Lepareur (UMS Patrinat) et Juliette Delavenne (OFB, Responsable scientifique Life Marha).

À la fin des deux journées de formation, la plupart des personnes participantes se sont dites en capacité de mettre rapidement en application les connaissances apprises, même si le travail d’identification des macrophytes nécessite beaucoup d’entrainement et de patience! Le besoin d’autres formations sur la thématique a été exprimé à l’unanimité.

Katia Lombardini (e-mail [6]), chargée de mission SUD-Paca – Pôle-relais lagunes méditerranéennes, Tour du Valat