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Séminaire POPSU Aix-Marseille-Provence Métropole : Agir avec les paysages-ressources de l’étang de Berre

Les 28 et 29 janvier se sont tenues deux journées de séminaire sur les ressources des paysages de l’étang de Berre.

© Adèle Justin

Depuis mai 2019, la plateforme de recherche POPSU [1] Aix Marseille Provence Métropole questionne le paysage métropolitain comme ressource(s), au sein d’un consortium de recherche porté par l’École Nationale Supérieure de Paysage et composé de chercheurs des trois écoles (ENSA-M, IUAR, ENSP) préfigurant l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires (IMVT). Cette recherche, réalisée dans le cadre du programme POPSU métropoles et en partenariat avec Aix-Marseille-Provence Métropole, observe la prise en compte du paysage à l’échelle d’un territoire métropolitain dont 73% des espaces sont naturels et agricoles. Si les paysages emblématiques des grands massifs de la sainte Victoire ou des Calanques ont eu un rôle fédérateur dans la construction de la métropole, la recherche a pointé un risque de rupture entre ces paysages, au service de l’attractivité métropolitaine, et les enjeux des paysages du quotidien et des paysages d’interfaces ville-nature que le Scot métropolitain et le plan de paysage métropolitain commencent à évaluer. Dans ce contexte, la recherche questionne les conditions d’une action métropolitaine par le paysage encore peu informée, notamment dans la manière dont elle peut initier une transformation opérationnelle de l’espace métropolitain. En prenant l’étang de Berre comme terrain-atelier, une seconde phase de recherche s’amorce pour identifier des modalités concrètes d’action croisant fragilité écologique, valorisation mondiale au titre de l’UNESCO et reconversion industrielle en lien au vivant. L’atelier paysages et ressources de l’étang de Berre, lancé le 11 décembre 2020, a mis en avant des enjeux de mutation d’un paysage naturel-industriel et de considération des sols que ce séminaire des 28 et 29 janvier 2021 a exploré.

Le séminaire-marché du 28 janvier a parcouru une partie du bassin versant de l’étang de Berre lors d’une marche animée par le Bureau des Guides du GR2013 et Nicolas Mémain. La descente de la Cadière, cours d’eau qui se jette dans l’étang de Bolmon, depuis sa source jusqu’à son exutoire a permis une confrontation aux paysages du sud-est de l’étang de Berre, mêlant espaces habités, occupés, oubliés, sacrifiés… en soulevant leurs problématiques écologiques, leur histoire et leur développement. Ont participé à cette marche des chercheurs du programme ainsi que des représentants de divers directions et services de la métropole (paysage, projet métropolitain, Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI), espaces naturels, gestion des ports de plaisance…), de la Région, de l’Agence d’Urbanisme du Pays d’Aix (AUPA), du Groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre (GIPREB), de la mairie de Saint Chamas et du Bureau des Guides du GR2013.

Le séminaire du 29 janvier s’est centré sur les sols, leurs fonctions, leur considération et l’avenir possible des sols industriels. Catherine Keller, du Centre Européen de Recherche et d’Enseignement en Géoscience de l’Environnement (CEREGE), a présenté les enjeux de connaissance des fonctionnalités des sols en prenant appui sur des situations du pourtour de l’étang. En pointant les services rendus par les sols, Catherine Keller a insisté sur la durée nécessaire à la reconstitution des sols, de l’ordre du temps géologique, et sur le caractère irréversible, dans le temps humain, des altérations des sols liées à l’urbanisation. Elle a ainsi éclairé l’importance de la prise en compte la qualité des sols dans l’aménagement, et de l’intégration de leur multifonctionnalité dans les documents d’urbanisme (projet MUSE [2]). A suivi une présentation du projet directeur Lyon vallée de la chimie [3] par le directeur de la mission Vallée de la chimie Julien Lahaie et par le paysagiste en charge du plan guide, Bertrand Vignal de l’agence BASE. Comparable à l’étang de Berre par son caractère industriel en reconversion, ce site ayant de nombreuses friches industrielles au passif environnemental lourd, est aussi soumis à des risques technologiques et d’inondation. Le projet propose un virage économique et environnemental pour inscrire l’avenir de ces installations productives dans un projet de territoire global où la restauration des sols et la mise en place de sols fertiles sont centrales pour installer un « paysage productif ».

Durant ces deux jours, l’attention portée aux sols a mis en évidence des dégradations systémiques engendrées par un déficit de connaissances des sols. La mise en place d’outils dédiés à l’évaluation et à la spatialisation des valeurs et des services rendus par les sols, notamment à l’échelle intercommunale, est un nouveau défi pour l’aménagement des territoires. De la préservation des milieux naturels aux infrastructures construites, et des équipements productifs industriels ou agricoles aux équipements de loisir, les participants à ce séminaire ont pu éprouver, au fil de la marche et des débats, les difficultés à quantifier et qualifier les dégradations manifestes des milieux naturels et construits, comme les modalités de la transition des appareils de production. Les impacts de décennies de politiques d’aménagement indifférentes aux multifonctionnalités des sols constituent un obstacle majeur à la traduction concrète de la Zéro Artificialisation Nette (ZAN), comme à la prise en compte du E (éviter) de la démarche ERC -Éviter – Réduire – Compenser- qui arrive parfois à réduire, mais s’attache encore trop à seulement compenser. La politique globale menée sur la vallée de la chimie, met en avant des moyens stratégiques, opérationnels et expérimentaux nécessaires une résilience territoriale, économique et écologique qui s’appuie sur les ressources culturelles, biologiques et géophysiques dont les paysages sont les vecteurs.

Prochain rendez-vous de la plateforme de recherche POPSU Aix-Marseille-Provence du 5 au 11 juillet 2021, pour le workshop « Ressourcer l’étang de Berre » qui permettra d’approfondir ces questionnements et de tester les outils de valorisation des paysages-ressources de l’étang de Berre.

© Adèle Justin

Adèle Justin, ENSP

[email protected] [4] –  06 34 68 29 87

 

La recherche POPSU-AMP est conduite sous la responsabilité scientifique de V. Piveteau et S. Salles (École nationale supérieure de paysage), en collaboration avec la Direction Projet Métropolitain de la Métropole Aix-Marseille-Provence : Michel Roux, Vice-Président et Vincent Fouchier, D.G.A ; et l’appui technique du service Paysages : Marc Del Corso et Florence Hannin.
L’équipe de recherche préfigure l’Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires
ENSP : S. Salles et L. Thierrée (coord.), A. Justin, J. Masafont, K. Novellas, A-S. Perrot, V. Piveteau
ENSA.M : A. Biehler (coord.), E. Dussol, F. Gimmig, L. Hodebert, I. Maire, M. Serre, S. Steenhuyse
IUAR-AMU : J. Dubois (coord.), J-N. Consalès, B. Romeyer, S. Bonnin-Oliveira, E. Hatt
Image de ville : L. Joulé, B. Jourdan, J.L. Chaperon
Le bureau des guides : A. Field, J. De Muer, A. Devillet et N. Mémain (Nature For City Life)