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Un nouvel outil pour la conservation des milieux: la liste rouge des écosystèmes

Le cas des lagunes méditerranéennes présenté au Congrès mondial de l’UICN en septembre 2012

 

S’inspirant du concept de la liste rouge des espèces, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a lancé en 2008 le concept d’une liste rouge des écosystèmes qui a fait l’objet d’une résolution lors du dernier Congrès mondial de la Nature en Corée en septembre 2012.

Si l’intérêt d’une telle approche est évidente pour la conservation, et notamment comme outil d’aide à la décision pour l’aménagement du territoire, les écosystèmes sont des entités beaucoup plus complexes que les espèces. Ainsi, l’élaboration d’une méthode standardisée applicable à toutes les échelles et pour tous les écosystèmes n’est pas chose aisée. L’expérience est néanmoins tentée dans divers pays depuis 2010 dans le cadre d’une consultation internationale.

L’un des ateliers de travail pour l’établissement de cette liste rouge des écosystèmes s’était tenu à la Tour du Valat en septembre 2011 avec pour principal thème les écosystèmes humides méditerranéens. Un nouvel atelier s’est tenu en Corée en septembre 2012, au cours duquel Brigitte Poulin, chercheur à la Tour du Valat, a présenté l’étude de cas sur les lagunes méditerranéennes. Cette initiative a suscité beaucoup d’intérêt, la consolidation de la liste rouge des écosystèmes fut l’une des résolutions phares du congrès.

<< Présentation de Brigitte Poulin au Congrès mondial de la nature en Corée 2012

 

 

5 critères pour évaluer le statut des écosystèmes 

La démarche de l’UICN s’inspire de la définition même de l’écosystème proposée par Tansley en 1935 qui est constituée de 4 élément-clés: une communauté d’espèces caractéristiques, un environnement physique, les processus et interactions entres les composantes et l’étendue spatiale.

Ainsi, cinq critères sont proposés pour évaluer le statut: la distribution géographique restreinte, le déclin dans la superficie (historique ou récent), la dégradation de l’environnement physique, les changements (perturbations) dans les interactions biotiques et le risque d’effondrement de l’écosystème, lorsque celui-ci peut être modélisé. Le terme ‘effondrement’ est préféré à celui d’extinction car contrairement aux espèces, un écosystème peut perdre ses fonctionnalités tout en occupant le même espace.

 

Une étude de cas sur les lagunes méditerranéennes en 2012

Trois études de cas appliquant ces critères ont été présentées lors d’un atelier au dernier Congrès mondial de la nature (septembre 2012), la première portant sur l’écosystème des lagunes méditerranéennes françaises. Leur évaluation (avec d’autres écosystèmes humides français) a été réalisée à la Tour du Valat en 2012 dans le cadre d’un stage Master d’Aurélien Carré, encadré par Brigitte Poulin, en collaboration avec l’IUCN. Ce stage a été notamment épaulé par les ressources du Pôle lagunes (BDD bibliographiques, BDD du suivi du FIL MED).

Les lagunes ont ainsi été classées ‘vulnérables’, la variable majeure responsable de cet état étant l’eutrophisation (quantifiée grâce au Réseau de Suivi Lagunaire suivi par l’Ifremer). Malgrè l’étendue des mesures de gestion, les fortes implications scientifiques et politiques, des menaces sont identifiées comme la colonisation progressive par de nombreuses espèces introduites ou le risque lié aux changements climatiques et notamment à la hausse du niveau marin, par salinisation des sols et submersion temporaire des zones humides.

Le rapport est à télécharger ci-dessous.

 

Evaluer tous les écosystèmes d’ici 2025

Les prochaines étapes sont le développement et la diffusion des outils expliquant la méthodologie, qui devraient être totalement opérationnels et disponibles dans les trois langues de l’UICN d’ici 2015. L’objectif affiché à plus long terme veut que tous les écosystèmes soient évalués d’ici 2025.

Le comité français de l’UICN participe activement à cette démarche et créera en début d’année 2013 un groupe d’experts au sein de sa commission gestion des écosystèmes pour promouvoir la mise en œuvre de cette initiative sur son territoire et développer de nouveaux cas d’études en se focalisant sur des écosystèmes forestiers et marins métropolitains et d’outre-mer.

Parallèlement, la Tour du Valat envisage de s’associer au bureau régional méditerranéen de l’UICN pour renforcer les capacités et faciliter l’application des critères aux zones humides méditerranéennes.

 

Rapport d’Aurélien Carré: « Etudes de cas sur les zones humides en France » [1]

Présentations au Congrès mondial de la Nature (en anglais) :
Explication de la méthodologie [2]
Etude de cas sur les lagunes méditerranéennes [3]
 

Article paru dans Le Monde (09/09/2012) [4]

Plaquette IUCN [5]

 

Aurélien Carré
Programme « Gestion des écosystèmes », Comité Français de l’UICN
[email protected] [6]
 
Brigitte Poulin,
Département Ecosystèmes,Tour du Valat
[email protected] [7]