En 2025, deux stages se sont intéressés au potentiel de valorisation du crabe bleu en Méditerranée française : le premier d’Axel Gaugain au sein du SGAR Occitanie, le second par Jérémy Vial à la Tour du Valat. Ces stages ont permis la consultation d’un grand nombre d’acteurs sur les obstacles ou leviers relatifs au développement d’une filière commerciale. Le résultat de ces deux missions complémentaires a été présenté lors de la conférence interrégionale dédiée au Crabe bleu le 6 novembre 2025 à Mauguio.
Face à l’implantation du crabe bleu en Méditerranée française, les autorités ont jusqu’à présent opté pour un modèle de régulation reposant sur des pêches subventionnées. Dans un contexte budgétaire contraint, en particulier sur le Fonds vert, la pérennité d’un tel modèle semble remise en question, en même temps que la valorisation économique se présente comme un palliatif potentiel, susceptible d’auto-financer la régulation et de contribuer aux revenus des pêcheurs dont l’activité a été le plus impactée par l’invasion.
Les pistes de valorisation restent, pour le moment, largement conditionnées par l’accès à la criée du Grau-du-Roi – 2.2t commercialisés entre janvier et septembre 2025. Tandis que la criée offre un débouché aux pêcheurs de Camargue, du Gard et de l’Hérault, à un prix relativement élevé – entre 4-8€ / kilo -, ceux de Berre, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales sont imbriqués dans des marchés très décentralisés, où le réseau de grossistes et de mareyeurs joue un rôle central. Quant à eux, les pêcheurs corses sont particulièrement vulnérables, faisant face à une insularité et une dépendance à un marché italien déjà saturé.
La centralité de ces facteurs géographiques tient aux fortes contraintes logistiques qu’imposent le stockage, le transport et la pêche du crabe. Vivant ou frais, il subit une rapide dégradation ; congelé, il perd énormément en valeur et fait face à la concurrence des importations tunisiennes. L’extraction manuelle de la chair paraît difficile à rentabiliser au prix du marché, tandis que les méthodes existantes d’extraction mécanique engendrent une perte de propriétés organoleptiques. Par ailleurs, l’irrégularité et la saisonnalité des apports constituent un frein au développement d’une filière de transformation. Dans ce contexte, l’enjeu principal est d’adapter l’offre de produits à ces contraintes : en parallèle de la vente du crabe vivant, à privilégier pour les zones de criées, la préparation de bisque ressort comme un débouché pertinent, susceptible de répondre aux enjeux des zones PACA et Corse.
Trois leviers ont été proposés pour avancer à court terme. D’abord, à l’échelle de la façade, initier un véritable programme de communication à destination des consommateurs et des professionnels (mareyeurs et grossistes), valorisant la consommation du crabe bleu comme un acte “engagé”. Ensuite, en Occitanie, encourager une systématisation des débarquements en criée, afin d’amorcer une dynamique de filière par l’augmentation de l’offre. Enfin, en PACA et/ou en Corse, mobiliser les financements disponibles (FEAMPA), afin d’accompagner un ou plusieurs acteurs dans la collecte, le stockage et des projets de première transformation.
- En savoir plus
➔Télécharger la présentation du 6 novembre 2025 – 4ème conférence interrégionale Crabe bleu [1]
- Contacts
Axel Gaugain (SGAR Occitanie)
Jérémy Vial (Tour du Valat)