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Évaluation de l’état de conservation de l’habitat 1150* « lagunes méditerranéennes »

Retour sur la formation « le fonctionnement hydrologique des lagunes » organisée par le Pôle-relais lagunes méditerranéennes le 7 février 2023 à la Tour du Valat

Dans le cadre du projet Life Marha ( [1]Marine habitats), piloté par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), le Pôle-relais lagunes méditerranéennes (partenaire de ce Life) accompagne les animateurs et gestionnaires de sites N2000 dans l’évaluation de l’état de conservation de l’habitat 1150* « Lagunes méditerranéennes » avec la méthode parue en 2019 et le classeur de fiches techniques paru fin 2020 en appui à la mise en œuvre opérationnelle.

Afin de renforcer les compétences de ces acteurs et d’aider à la prise en main de cette méthode, le Pôle lagunes propose des formations qui sont inscrites dans la thématique 2 du Life Marha « Renforcement des capacités » et visent à mieux évaluer l’état de conservation de l’habitat lagunes côtières méditerranéennes (1150*) et identifier des solutions pour tendre vers une amélioration de leur état.

Cette formation s’inscrit dans cet accompagnement sur un des 12 indicateurs de la méthode : l’indicateur « Fonctionnement hydrologique » qui s’intéresse au mode de fonctionnement d’une lagune.

Plus de trente personnes de vingt et une structures différentes, principalement gestionnaires de milieux littoraux en PACA et Occitanie, ont assisté à cette journée qui a eu lieu à la Tour du Valat à Arles avec l’appui de Vincent Bailly-Comte (BRGM), Valérie Derolez (IFREMER) et Karine Faure (CBN-Med) et de 2 gestionnaires de milieux lagunaires Laurent Benau (PNR de la Narbonnaise) et Pierre Thélier (SYMBO).

 

L’hydrosystème lagunaire

Comprises entre terre et mer, les lagunes entretiennent tout naturellement des relations étroites avec la mer, leur bassin versant et les zones humides qui l’entourent. Ces quatre entités, formant un hydrosystème, sont indissociables pour un bon fonctionnement.

Un plan d’action à l’échelle d’une seule de ces entités peut avoir des conséquences importantes et non maîtrisées sur l’ensemble de l’hydrosystème. Ces conséquences conduisent généralement à des dysfonctionnements préjudiciables à la conservation de l’écosystème mais aussi aux activités économiques liées à ces espaces. Les liens hydrologiques et hydrauliques qui existent entre ces quatre composantes doivent être perçus par les gestionnaires, les décideurs et les acteurs comme des liens vitaux dont dépend le complexe lagunaire.

L’intégrité hydrologique des lagunes constitue un élément fondamental conditionnant le bon fonctionnement de l’écosystème, qu’il soit permanent ou encore temporaire. Concernant les lagunes dites temporaires, de nombreuses espèces dépendent des assecs de ces milieux, et ne peuvent se développer si cette spécificité disparaît. Mais est-ce que le fonctionnement de l’écosystème peut être évalué si l’on ne dispose pas de norme, ou de référence hydrologique pour le comparer ?

Dans une démarche d’évaluation de l’état de conservation de l’habitat 1150* lagunes côtières méditerranéennes, préconisé par le projet Life Marha, l’objectif de cette formation était de permettre aux gestionnaires d’avoir des connaissances et des outils qui les aideront à mieux comprendre le mode de fonctionnement d’une lagune : D’où vient l’eau ? Quel est son cheminement ? Quels sont les paramètres à suivre, pourquoi et comment ? Qu’est-ce qu’un « bon fonctionnement hydrologique » ?

Souvent les gestionnaires n’ont pas une idée des flux arrivants aux masses d’eau DCE et milieux humides périphériques qui sont également porteurs de l’habitat d’intérêt communautaire 1150*. Cela implique qu’il n’y a pas que la masse d’eau DCE à évaluer sur cet indicateur, mais également les autres pièces d’eau plus ou moins connectées au cours d’eau et à la grande lagune.

Pour répondre aux objectifs fixés, la matinée a été consacrée à la présentation du fonctionnement général du bassin versant d’une lagune côtière et à aborder son hydrogéologie d’amont en aval et les échanges avec la mer avec l’intrusion saline dans le sol. Les intervenants ont insisté sur les connaissances de base indispensables pour bien qualifier le fonctionnement hydrologique d’une lagune et la façon de l’étudier : d’où vient l’eau ? À quel moment un cours d’eau a un caractère infiltrant ou drainant ? comment sont-il alimentés ? Quels sont les apports souterrains, qu’ils soient directs ou diffus, aux lagunes ?

Les effets du changement climatique sur les paramètres physico-chimiques ont également été abordés. Les suivis hydrologiques permettent l’observation de ce changement et peuvent aider les gestionnaires à interpréter les impacts observés sur les communautés vivantes.

Le contexte de changement climatique constitue une préoccupation majeure. À l’avenir, les gestionnaires doivent en tenir compte pour leurs recommandations de gestion.

Le fonctionnement biologique en lien avec le fonctionnement hydrologique a été le sujet de la deuxième partie de la journée avec un focus sur le fonctionnement écologique et trophique des lagunes méditerranéennes permanentes et temporaires.

La table ronde…

Les retours d’expériences sur le fonctionnement hydrologique des lagunes sur le PNR de la Narbonnaise et de l’étang de l’Or ont alimenté la table ronde de l’après-midi.

Au-delà de l’échange entre scientifiques et acteurs techniques qui partagent les mêmes questionnements sur le fonctionnement hydrologique d’une lagune, cette table ronde avait également pour objectif de nourrir la réflexion autour du « fonctionnement hydrologique normal » de la lagune. Ainsi, la méthode nationale prévoit de cibler le « fonctionnement hydrologique normal » de la lagune avant d’envisager l’application de cet indicateur. Mais comment évaluer le fonctionnement hydrologique « normal » d’une lagune si l’on ne sait pas exactement définir son fonctionnement naturel ? Est-ce en regardant une tendance qui doit être le reflet d’une variabilité climatique saisonnière ?

Dans l’évaluation de l’état de conservation, l’état de référence d’un fonctionnement hydrologique dit « naturel », bénéficie d’une note maximale seulement si aucun dysfonctionnement ou perturbation ne le contraint. A l’inverse, est-ce que le fonctionnement est considéré comme « dégradé » si les modifications liées à l’homme entrainent une perturbation sur la quantité et/ou la qualité de l’eau arrivant ou sortant du système lagunaire (une note plus mauvaise serait dans ce cas attribuée) ?

À savoir que c’est surtout dans les lagunes en périphérie des masses d’eau DCE (endoréiques, temporaires…) avec des fonctionnements hydrologiques particuliers qu’il y a une zone de flou pour les gestionnaires sur l’établissement d’un fonctionnement normal.

Le programme, bâti en fonction des attentes des gestionnaires de lagunes, visait un retour constructif sur l’utilisation de cet indicateur. En conclusion de la journée, il ressort que l’indicateur visant l’évaluation du fonctionnement hydrologique est complexe à mettre en place dans l’immédiat sans prévoir un diagnostic plus approfondi sauf si le gestionnaire dispose des connaissances suffisantes sur le fonctionnement hydro de son territoire.

Il semble nécessaire en effet, de poser les bases d’un travail plus approfondi pour bien connaître la relation entre l’hydrologie du bassin versant et la réponse hydrologique de chaque lagune à évaluer. Au préalable, une réflexion doit être menée sur les équipements à prévoir pour maîtriser l’impact d’une gestion hydrologique en lagune. Cela permettrait in fine de définir objectivement le mode de fonctionnement de la lagune.

Malgré la complexité de l’indicateur, la formation a répondu aux attentes des participants. La qualité des interventions, la diversité des présentations sur un sujet complexe, les exemples de différents bassins versants avec des fonctionnements différents, des retours d’expériences concrets ainsi que les échanges enrichissants sont autant de retours positifs recueillis par le Pôle lagunes à l’issue d’une évaluation des gestionnaires.

 

Nous tenons à remercier l’ensemble des intervenants de cette formation pour leur partage de connaissances et d’expériences.

 

Katia Lombardini [email protected] [2]
Chargée de mission PACA du Pôle-relais lagunes méditerranéennes, Tour du Valat

Nathalie Barré [email protected] [3]
Chargée de mission Occitanie du Pôle-relais lagunes méditerranéennes, Cen-Occitanie

Marie Garrido [email protected] [4]
Chargée de mission Corse du Pôle-relais lagunes méditerranéennes, OEC

 

Les présentations de cette formation sont disponibles en cliquant sur les liens ci-dessous :

1.Introduction, Pôle lagunes
Télécharger la présentation [5]

2.La lagune et son bassin-versant, Vincent Bailly-Comte (BRGM)
Télécharger la présentation [6]

3.Le fonctionnement hydrologique des lagunes méd. permanentes, Valérie Derolez (IFREMER)
Télécharger la présentation [7]

4.Cas particulier des lagunes temporaires, Karine FAURE (CBN Med)
Télécharger la présentation [8]

5.Le fonctionnement écologique et trophique des lagunes méditerranéennes permanentes, Valérie Derolez (IFREMER)
Télécharger la présentation [9]

6.Les lagunes temporaires : fonctionnement biologique en lien avec le fonctionnement hydrologique, Karine Faure (CBN Med)
Télécharger la présentation [10]

7.Retour d’expérience n°1 du PNR de la Narbonnaise. Étude hydrologique de l’étang de Bages-Sigean, Laurent Benau (PNRNM)
Télécharger la présentation [11]

8.Retour d’expérience n°2 du PNR de la Narbonnaise. Potentiel épurateur des milieux du Grand Castélou, Laurent Benau (PNRNM)
Télécharger la présentation [12]

9.Témoignage sur la lagune de l’Or, Pierre Thelier (SYMBO)
Télécharger la présentation [13]