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Le Cascail de l’étang de Canet Saint-Nazaire

Cartographie de la présence du ver et de sa faune associée au sud de la lagune

Cascail © R. Pichon

Dans le cadre de la lutte contre le développement du cascail, Ficopomatus enigmaticus, dans la lagune de Canet – Saint-Nazaire [1], Perpignan Méditerranée Métropole s’est engagée à estimer puis cartographier la présence et la surface occupée par les récifs de cascail dans le sud de la lagune. L’objectif : une meilleure compréhension du rôle de cette espèce envahissante dans la lagune.

Le cascail, une espèce allochtone au bassin méditerranéen

Le cascail se développe dans les eaux saumâtres et à faible courant des ports et lagunes méditerranéennes. Cet annélide polychète sédentaire est caractéristique de milieux fortement eutrophisés. Animal grégaire, il est capable de se fixer sur différents matériaux, de secréter un tube calcaire pour se protéger et de former de véritables récifs regroupant plusieurs dizaines de milliers d’individus. Ces récifs participent au comblement des lagunes et viennent gêner la navigation et l’activité des pêcheurs.

Récif de cascail extrait de la lagune de Canet-Saint-Nazaire © R. Pichon

Les facteurs qui facilitent son développement :

Comprendre l’origine du développement du cascail au sud de l’étang

Ce projet d’étude a pour objectif d’apporter de nouvelles informations sur l’origine du développement des récifs de cascail dans la partie sud de la lagune de Canet-Saint-Nazaire, de cartographier leur présence et de déterminer la faune d’invertébrés associée à ces récifs.

Un travail bibliographique a été mené et a permis d’identifier la zone au sud du grau comme étant la plus pertinente pour ce projet. En effet, cette zone est potentiellement la plus riche en termes de densité de récifs et d’un fort intérêt pour les pêcheurs.

Pour réaliser la cartographie des récifs, la taille et la présence de ces derniers ont été mesurées sur 6 transects parallèles. La faune associée a été déterminée par échantillonnage de 3 récifs pris aléatoirement dans la zone.

Les résultats obtenus

Les résultats obtenus montrent que les récifs présents à proximité de l’embouchure de l’agouille de la mar occupent une surface importante et laissent penser que la colonisation du cascail dans la lagune trouve son origine à cet endroit. Plus on s’éloigne de cet affluent et plus les récifs rencontrés sont petits, plus nombreux et regroupés en agrégats, formant ainsi de nouveaux foyers de colonisation. Cette concentration est très problématique pour l’avenir de la lagune et accélère très probablement le comblement.

Cependant, et en contrepartie, ces récifs permettent le maintien d’une certaine biodiversité dans une lagune fortement eutrophisée. Plusieurs groupes d’individus y sont retrouvés comme des corophiidae, gammaridae, isopodes, annélides, gastéropodes et bivalves qui se développent entre les différents tubes calcaires.

Cartographie réalisée grâce au logiciel QGIS, représentant par des cartes de chaleur, la densité (à gauche) et la surface (à droite) occupée par les récifs de cascail dans le sud de la lagune de Canet-Saint-Nazaire.

Le cascail, un réel problème ?

Certes, il s’agit d’une espèce :

Cependant,

Il reste cependant beaucoup à faire, d’une part pour mieux comprendre l’impact de l’agouille de la mar sur le développement du cascail et, d’autre part, pour mieux déterminer ses effets sur la lagune. Tout cela en gardant pour objectif le ralentissement du comblement de l’étang et le maintien d’une pêche durable.

En retour des résultats de cette étude, une discussion autour d’une campagne de retrait du cascail aura lieu avec les acteurs de la gestion de l’étang de Canet Saint-Nazaire dont les élus locaux.

 

Mr Rémi PICHON

Étudiant en master Biodiversité et développement durable

Université de Perpignan Via Domitia

 

Mr Roland MIVIERE

Perpignan Méditerranée Métropole

Direction de l’environnement et de l’eau