Page mise à jour le 11/12/2018
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Présentation
Le site des Etangs et marais des salins de Camargue est situé dans le sud de l’île de Camargue et à l’ouest du village de Salin-de-Giraud, sur les communes d’Arles et des Saintes-Maries-de-la-Mer. Totalisant une superficie de 6585 ha, il est propriété du Conservatoire du littoral et jouxte au nord le périmètre de la Réserve Naturelle Nationale de Camargue, à l’est la propriété du groupe SALINS, et au nord-est des propriétés à vocation agricole et cynégétique.
Le site est composé pour partie (5 000 ha) d’anciennes lagunes utilisées pour l’activité salicole à partir de l’après-guerre (et ce jusqu’en 2009), et pour une autre partie (1 500 ha) de zones humides utilisées notamment pour l’élevage de taureaux. Il comprend notamment l’étang du Fangassier qui accueille une colonie de flamants roses en France et le Mas de la Belugue, siège de l’élevage de taureaux de race Brave et de chevaux Camargue de la manade Yonnet. De grande valeur écologique et paysagère, le site est caractérisé par une diversité exceptionnelle de milieux naturels et des surfaces remarquables d’habitats côtiers (lagunes, sansouires, prés salés, habitats dunaires).
Activités
L’activité salicole : le site des Etangs et marais des salins de Camargue correspond à la partie occidentale de l’exploitation de Salins-de-Giraud créée en 1855. A partir de la fin des années 1950, la compagnie des salins entreprend de grands travaux d’aménagement pour transformer en surfaces évaporatoires les sansouires, et lagunes du Vaisseau, de Beauduc, de Rascaillan et du Fangassier, afin de viser une production annuelle d’un million de tonnes de sel de mer.
A partir des années 90, l’exploitation de Salin-de-Giraud se trouve confrontée à des difficultés économiques liées à la volatilité du marché du sel, notamment en direction de la chimie.
Plusieurs plans sociaux sont mis en œuvre et à partir de celui de 2007, la vente de terrains est envisagée dans ce cadre par la direction. C’est en 2009, à la demande du groupe SALINS et à un accord global conclu avec l’Etat, qu’est engagée la vente au Conservatoire du littoral du reste des surfaces évaporatoires situées à l’ouest du Vieux Rhône. Avec l’acquisition du secteur des anciens salins par le Conservatoire du littoral et le démantèlement de la pompe de Beauduc par le groupe SALINS, la gestion salicole est progressivement remplacée par une gestion hydraulique plus naturelle favorisant la reconnexion entre la mer et l’hydrosystème Vaccarès, par le biais des mouvements d’eau gravitaires entre les étangs. Cette nouvelle gestion a été accompagnée par des travaux importants de reconnexion hydraulique réalisés dans le cadre notamment d’un financement européen (LIFE+MC Salt) et d’un contrat de mécénat avec le WWF.
Par ailleurs, la partie du site située sur le bourrelet alluvial du Vieux Rhône (Bélugue, Pèbre, Tourvieille) est un lieu d’élevage extensif. Exploité pour l’élevage ovin jusqu’au milieu du 20ème siècle, il est actuellement utilisé pour l’élevage de taureaux de race brave et de chevaux Camargue.
La pêche professionnelle existait avant l’acquisition, sur deux étangs où elle se poursuit actuellement dans le cadre d’une convention passée avec le Conservatoire du littoral.
Un droit de chasse est attribué depuis l’acquisition au profit de la section chasse du comité d’établissement de Salin-de-Giraud. Les relevés effectués par les gardes du littoral estiment à 40, le nombre de chasseurs qui fréquentent régulièrement le site, prioritairement dans les secteurs de la Bélugue, de Tourvieille et du Pèbre qui sont des zones importantes pour l’alimentation des Anatidés (canards).
Par ailleurs, les plages de Beauduc réunissaient de nombreuses activités de loisir telles que la pêche de loisir, la récolte de coquillages, le camping caravaning ou encore les sports à voile.
Afin de limiter les conflits d’usage induits par la fréquentation en croissante et le développement de nouvelles activités, un plan de gestion des usages de la plage de Beauduc a été mis en place à partir de 2012. Ce dispositif, validé chaque année en concertation avec l’ensemble des usagers (plaisanciers, cabaniers, kite-surfeurs, pêcheurs) vise à maintenir un espace de liberté et de partage, tout en intégrant la protection des espaces naturels sensibles et le respect des règles de sécurité.
L’accès au site naturel de Beauduc est toléré mais est limité aux petits véhicules qui doivent stationner sur les parkings dédiés. Les camions, camping-car et gros 4×4 ne peuvent y accéder. Sur la plage de la Comtesse (plage Nord), seuls les telliniers professionnels et les professionnels des écoles de kitesurf ont été autorisés à circuler et stationner sur cette zone. Au niveau de la pointe des Sablons, seuls les telliniers professionnels justifiant de leur activité ont un accès autorisé avec leur véhicule.
Depuis septembre 2013, un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB) a été mis en place sur la pointe des Sablons et permet une protection plus stricte de la nature : l’accès à pied, à vélo ou à cheval et autorisé pour la journée, pour le reste, camping et bivouac sont interdits, les feux ne sont pas tolérés et les chiens doivent être tenus en laisse.
Les cabanons du hameau des Sablons : Seul le hameau des Sablons a pu bénéficier d’une prescription à la réglementation et n’a pas été démantelé au même titre que le secteur des cabanes de Beauduc Nord et de Beauduc Plage.
Faune – Flore
Avec 22 habitats d’intérêt communautaire actuellement recensés, dont 6 sont prioritaires au titre de la directive Habitats, le site des Etangs et marais des salins de Camargue est l’espace protégé présentant la plus grande diversité d’habitats patrimoniaux en Camargue.
Les lagunes côtières occupent actuellement environ 3200 ha, dont la moitié sont en eau de façon permanente. On retrouve notamment dans les lagunes de Beauduc et du Vieux Rhône, des herbiers immergés de Ruppie spiralée et de Zostère naine. Les sansouires pérennes dominées par des salicornes vivaces (Salicorne buissonnante, Salicorne à gros fruits et Salicorne pérenne Arthrocnemum perenne) et les végétations à salicornes annuelles voient leur extension favorisée par la renaturation des anciens salins.
Les massifs dunaires totalisent plus de 300 ha, soit une superficie sans équivalent dans l’île de Camargue. Ils regroupent une diversité exceptionnelle d’habitats dunaires, dont les plus remarquables sont liés aux dunes fixées (dunes grises, pelouses dunaires et bas-marais dunaires).
Les steppes salées à saladelles sont un habitat très rare en France, avec une répartition circonscrite aux littoraux sableux du pourtour méditerranéen. Les Etangs et marais des salins de Camargue sont l’un des sites les plus importants en France pour cet habitat.
Sur la partie correspondant aux anciens salins, les dunes grises constituent les milieux à la flore la plus riche avec plus de 110 espèces inventoriées, suivis des prés salés (57 espèces) et des bas-marais dunaires (54 espèces). Les sansouires pérennes (32 espèces) montrent une richesse non négligeable, due pour l’essentiel au cortège des sansouires à Salicorne en buisson. Les végétations des dunes sont beaucoup plus pauvres en raison de la mobilité des sables.
D’après les relevés effectués, au moins 36 taxons répertoriés sur le site présentent une valeur patrimoniale, dont 21 sont protégés et 8 taxons qui présentent un enjeu de conservation important en raison de leur rareté à l’échelle nationale ou mondiale : l’Althénie filiforme, la Statice de Girard, le Jonc des grèves, la Germandrée des dunes, le Catapodium rigidum, la Spergulaire de Heldreich, la Scorzonère à petites fleurs, et le Corisperme de France.
Des prospections ponctuelles sur le site des anciens salins à mis en évidence la présence de 2 espèces nouvelles sur le site du Clos du Lièvre :
- Spiranthe d’automne (Spiranthes automnalis) : cette espèce est classée « Quasi menacé » sur la liste rouge des orchidées menacées de France métropolitaine.
- Ophrys jaune (Ophrys lutea) : cette espèce est rare en Camargue.
Ophrys jaune © M.Thibault / Tour du Valat | Spiranthe d’automne © J. DeVos |
Germandrée des dunes © J.Totsi | La Spergulaire de Heldreich © E.Dronnet |
Flore des marais et étangs des salins de Camargue |
Le site des Etangs et marais des salins de Camargue est également de grande valeur pour sa faune.
L’Anguille, espèce « En danger critique d’extinction » est présente dans une partie des étangs; elle constitue actuellement l’une des principales ressources exploitées dans le Vieux Rhône sud et l’étang de Beauduc.
Dans un contexte de réduction des ressources halieutiques en Méditerranée, l’acquisition du site par le Conservatoire du littoral et les aménagements entrepris dans le cadre du projet LIFE+MC Salt pour retrouver un écoulement gravitaire de l’eau au sein du site des étangs et marais des salins de Camargue, constituent potentiellement une opportunité pour retrouver la fonction de nurserie pour les poissons migrateurs et favoriser les migrations entre l’hydrosystème Vaccarès et la mer.
Le site abrite une importante population de Cistude d’Europe (une tortue aquatique) et plusieurs sites de reproduction de la Leste à grands stigmas (une petite libellule rare en France).
En ce qui concerne l’avifaune, 290 espèces d’oiseaux ont été observées sur le site, dont 186 sont contactées régulièrement et 104 sont occasionnelles ou accidentelles. Au moins 55 espèces se reproduisent de façon certaine, mais seulement 40 sont considérées nicheurs réguliers. L’avifaune nicheuse est caractérisée par une proportion importante d’espèces patrimoniales (27 espèces), parmi lesquelles 17 sont des espèces rares ou menacées en France et qui sont inféodées aux milieux lagunaires et littoraux. 18 espèces nicheuses sont inscrites en annexe de la Directive Oiseaux. Parmi celles-ci, 3 espèces sont classées « en danger » en France: le flamant rose, le Goéland railleur, et la Fauvette à lunettes. Par ailleurs, la reproduction d’un couple de Sterne caspienne sur le site en 2004 constitue l’unique cas de nidification confirmée de cette espèce en France.
Depuis 2013, un enclos a été mis en place sur la pointe des Sablons. Ce périmètre de près de 5 ha a pour objectif d’apporter à l’avifaune (plus particulièrement les sternes naines et gravelots à collier interrompus) une zone de protection contre les dérangements. Cet enclos est délimité par des ganivelles accompagnées de panneaux de sensibilisation et d’interdiction d’accès. En mer, deux bouées rouges signalent les limites de cet espace.
L’étang du Fangassier est célèbre pour accueillir une colonie nicheuse de flamants roses en France métropolitaine. A partir des années 70, un îlot a été spécialement aménagé sur l’étang, la colonie qu’il abrite a compté en moyenne 11500 couples nicheurs durant la période 2000-2009, ce qui représente en moyenne 29% des effectifs nicheurs de Méditerranée occidentale (Tunisie et Algérie inclues). Après avoir connu une période d’accroissement, la population nicheuse en Camargue est actuellement stable.
En 2015, le succès de reproduction du flamant rose sur l’étang du Fangassier a atteint son plus haut niveau depuis 2001, avec près de 7500 poussins à l’envol. A l’automne 2015, un nouvel îlot de 5 000 m² a été construit avec une configuration plus adaptée au maintien de niveaux d’eau suffisants pour préserver les couvées des prédateurs terrestres.
Leste à Grands stigmas © D.Cohez/Tour du Valat | Flamants roses sur les îlots du Fangassier © A. Arnaud/Tour du Valat | Fauvette à lunettes © Alessandro Staehli |
Le site des anciens Salins abrite également plusieurs espèces de mammifères qui présentent un enjeu patrimonial, notamment le Lapin de garenne, le Rat des moissons, le Campagnol amphibie et les différentes espèces de pipistrelles. Des traces de Loutre d’Europe détectées dans les anciens salins en 2015 fournissent un indice supplémentaire de la recolonisation récente de la Camargue par cette espèce et suggèrent qu’elle pourrait s’installer dans le secteur des marais doux composant la partie nord du site.
Problématique
Un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les Etangs et marais des salins de Camargue est la pollution des eaux.
L’apport de quantités non négligeables de polluants dont une partie transite par l’hydrosystème Vaccarès a des conséquences avérées sur la contamination des réseaux trophiques, la toxicologie des sédiments, des lésions histopathologiques des anguilles, etc. Les substances polluantes proviennent directement du Rhône mais surtout des canaux de drainage agricole alentours qui transportent des polluants dont l’origine a une dominante agricole (herbicides et leurs produits de dégradation). A cette contamination incontrôlée s’ajoute un apport atmosphérique local en pesticides provenant du traitement des zones agricoles riveraines et en hydrocarbures provenant des émissions d’aéropolluants du complexe pétrochimique de Fos-sur-mer.
Une autre problématique prégnante sur ce secteur est l’érosion littorale croissante au sud du site, qui impose aux acteurs de la gestion du site d’intégrer l’élévation du niveau marin dans son contexte global (climatique) et local (subsidence, diminution des apports alluviaux).
Une partie des plages du golfe de Beauduc subit également l’érosion liée à la fréquentation humaine et la circulation motorisée. De plus, si la fréquentation humaine est un des facteurs de l’érosion des dunes, elle perturbe également les colonies de sternes naines nichant sur les plages. Le dérangement humain de plus en plus important a mené à la création d’un arrêté de protection de biotope incluant des zones de protection pour les herbiers à zostères dans le golfe de Beauduc et pour les colonies de sternes naines.
De nombreux îlots importants pour la nidification ont disparu du fait de l’érosion, tandis que le « blocage » géomorphologique résultant des aménagements a interrompu le processus naturel de formation de nouveaux îlots. Pour pallier à ce phénomène, des îlots artificiels ont été aménagés en 2014 et 2015 et permettent de maintenir la capacité d’accueil du site pour les oiseaux coloniaux nicheurs.
Quant à la problématique des espèces végétales exotiques envahissantes, les griffes de sorcière, l’Herbe de la pampa, le Faux indigotier, le Séneçon en arbre, la Jussie rampante, ainsi que le Chiendent d’eau ont été répertoriés sur le site, certaines couvrant de vastes surfaces.
Gestion
Dans le cadre de plusieurs actes de vente signés avec la Compagnie des Salins du Midi depuis septembre 2008, le Conservatoire du littoral s’est rendu propriétaire de 6585 ha des 8000 ha initialement prévus au protocole de vente. Le site, situé sur les communes d’Arles (secteur de Salin-de-Giraud) et des Saintes-Maries-de-la-Mer, est entièrement dans le périmètre du Parc naturel régional de Camargue. Il bénéficie de plusieurs types de protection et d’inventaire de son patrimoine naturel témoignant de sa grande richesse. Au niveau international, la totalité de la zone est inscrite en site RAMSAR « Camargue » et en Réserve de Biosphère de Camargue
Par convention du 27 mai 2011, le Conservatoire du littoral avec l’accord des communes d’Arles et des Saintes-Maries-de-la-Mer, a confié pour une durée de 6 ans renouvelable une fois, la gestion du site des Etangs et marais des salins de Camargue aux structures suivantes :
- Le Parc naturel régional de Camargue (coordinateur)
- La Tour du Valat
- La Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN)
Les enjeux majeurs liés à la gestion du site sont les suivants :
- La conservation des écosystèmes dunaires et des habitats naturels (plages, steppes salées…) et de la faune et la flore associés. Les vastes surfaces de milieux dunaires (plus de 300 ha) regroupent une diversité exceptionnelle d’habitats, cependant le rivage est marqué par une érosion importante au sud et une accrétion rapide à l’ouest.
- La restauration des lagunes et la gestion de l’eau d’une manière générale, avec en point d’orgue la conservation des espaces de reproduction, tels que le Fangassier. Il importe de suivre la qualité de l’eau et des sédiments et d’éviter l’introduction d’eau contaminée sur le secteur du Fangassier en sensibilisant les riziculteurs et les chasseurs sur l’usage des pesticides.
- La reproduction des petits charadriiformes coloniaux: depuis une dizaine d’années, les grosses colonies de petits charadriiformesont avaient déserté le secteur des anciens salins en lien étroit avec la perte des sites favorables à la reproduction, tels que des îlots qui ont disparu du fait de l’érosion. Le projet LIFE MC SALT a permis grâce à la création d’un îlot en 2014, le retour d’une importante colonie de laro-limicoles ayant niché avec succès en 2015 et comprenant notamment le Goéland railleur, la Mouette mélanocéphale la Sterne hansel et l’Avocette élégante.
- Le maintien et le renforcement des conditions d’accueil des oiseaux d’eau migrateurs et hivernants: la restauration de milieux lagunaires et la reconstitution de sansouires inondées en hiver favorisent l’augmentation des stationnements d’oiseaux d’eau et notamment ceux des anatidés hivernants.
- La restauration des sansouires et des végétations des lagunes temporaires saumâtres: le changement de gestion permet la progression de ces milieux favorables aux populations de Gravelot à collier interrompu et de Fauvette à lunettes, dont l’enjeu de conservation est important sur le site.
- Les marais doux permanents, mares temporaires, sansouires, pelouses et prés salés du secteur Bélugue : pour ces milieux relativement peu modifiés il s’agit essentiellement d’éviter le surpâturage et de préconiser une gestion hydrologique durable des marais utilisés pour la chasse.
- Une meilleure intégration des usages du site en phase avec les grands objectifs du Conservatoire du littoral: un plan de gestion des usages et un arrêté de biotope ont été mise en place afin de limiter les conflits entre les activités traditionnelles (élevage, pêche, chasse) et les activités de type sports à voile tractée (kitesurf, kitebuggy, chars à voile).
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ACTUALITES : Voir l’ensemble de nos actualités sur les étangs et marais des salins de Camargue
DOCUMENTATION : Voir l’ensemble de nos documents sur les étangs et marais des salins de Camargue (base documentaire)
Acteurs :
HEMERY Gaël [SNPN – Réserve naturelle nationale de Camargue]
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