Page mise à jour le 25/09/2018
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Présentation
L’étang de Santa Ghjulia se situe au sud de la commune de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), sur la façade maritime orientale de la Corse. Il appartient au Conservatoire du littoral depuis 1981. Enclavé entre le massif granitique de Ghjuncajola, dominé par la Punta di Rafaellu (254 m), au sud et la Punta di l’Oru (109 m) au nord, il est séparé de la mer par un cordon littoral sableux de type lido qui laisse place à un grau, parfois obstrué en été, à son extrémité sud. D’une superficie de 23,13 ha, la lagune est alimentée en eau douce par deux ruisseaux temporaires à l’ouest et au sud-ouest, le Lezza et l’Alzellu, et par un ruisseau permanent au nord, le Prete Mortu. Son bassin versant s’étend ainsi sur près de 15,5 km².
La forte évaporation estivale, de l’ordre de 1 cm/jour, ne se traduit non par une grande variation du niveau d’eau, la lagune ne dépassant pas 1,5 m de profondeur en hiver et ne s’asséchant jamais complètement en été, mais par une forte variation de la salinité. Dessalé en hiver, le plan d’eau présente une sursalure en période estivale, notamment dans sa partie sud, le nord de la lagune étant marqué par un fort confinement (faible renouvellement en eau de mer).
Activités
La baie de Santa Ghjulia dans son ensemble connait une fréquentation importante en période estivale. L’étang, à proximité immédiate d’installations touristiques, n’est pas à l’abri des dérangements sonores et lumineux. Une route privative parcourt le lido et conduit à différentes installations, dont un hôtel. En amont du ruisseau de Lezza, une cave viticole implantée dans les années 70 est fermée depuis une vingtaine d’années. Un golf privé s’est également installé en amont du cours d’eau.
Dans la partie sud-ouest, les abords de l’étang sont utilisés pour le pâturage extensif de quelques dizaines de bovins appartenant à un unique éleveur, conventionné avec le Conservatoire du littoral. Un pêcheur professionnel exerce également son activité sur la lagune. La chasse est également pratiquée occasionnellement sur et autour du plan d’eau, aucune réglementation spécifique n’existant pour le site.
Faune – Flore
Sans abriter de plantes rares, le site bénéficie d’une biodiversité végétale relativement élevée grâce aux milieux salés et saumâtres, nombreux et étendus. Encadré par des collines recouvertes d’un maquis à chênes lièges et des terrains agricoles, le pourtour de l’étang se compose de roselières et jonchères sur les points bas, au nord et au sud-ouest, et de sansouires à salicornes et obiones sur la rive est. Le lido abrite encore quelques genévriers de Phénicie, notamment à proximité du grau où l’accumulation de sables et de litières à P. oceanica forment des dunes ayant permis l’installation de plantes typiques des milieux sableux et de quelques individus de Tamarix africana. Ailleurs sur le lido, les pins occupent les espaces laissés libres par l’urbanisation.
Les herbiers à phanérogames, Ruppia cirrhosa et Ruppia maritima, dominent les fonds de l’étang. En progression depuis 1985, ils témoignent d’une bonne qualité du milieu.
La biodiversité animale n’est pas en reste, le niveau trophique très productif et la communication avec la mer faisant de l’étang un site extrêmement favorable aux alevins de mulets et d’athérines.
La présence des herbiers à ruppias est favorable à l’aphanius de Corse Aphanius fasciatus, poisson protégé, inscrit à l’annexe II de la Directive Habitat. Paradoxalement, la faune benthique ne semble pas bénéficier de la présence des herbiers, le nombre d’espèce semblant en régression. Ainsi, mollusques et crustacés semblent souffrir de la pollution ancienne des sédiments ou de leur modification physique suite à l’apport de feuilles de posidonie. Néanmoins, l’anguille Anguilla anguilla est toujours pêchée dans l’étang.
Le site est également un lieu privilégié pour l’avifaune. 56 espèces ont été recensées depuis 1980 : passereaux, oiseaux d’eau et limicoles y font une halte hivernale, bienvenue sur leur route migratoire. Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant de flamands roses Phoenicopterus ruber occupent ainsi le plan d’eau en hiver, augmentant à eux seuls l’attractivité du site. Poules et râles d’eau nichent sur ses berges et une quinzaine d’aigrettes garzettes hivernent aux abords de l’étang, transformant les chênes lièges au sud de la colline Ouest en dortoir.
Enfin, la lagune de Santa Ghjulia abrite également un amphibien, le crapaud vert des Baléares Bufotes viridis balearicus, dont le chant particulier, trille très doux loin du croassement, s’entend la nuit. Deux reptiles sont aussi présents sur le site, la cistude d’Europe Emys orbiculari, directement liée à la zone humide, et la couleuvre verte et jaune Hierophis viridiflavus.
Problématique
Le Conservatoire du littoral est propriétaire de 293,5 ha aux abords de la baie de Santa Ghjulia, protégeant notamment l’étang et le massif rocheux de Ghjuncajola. La lagune bénéficie également de classements N2000 au titre de la directive Habitats (FR9402015 Bouches de Bonifacio, îles des moines) et de la directive Oiseaux (FR9410021 Îles Lavezzi, Bouches de Bonifacio), ainsi qu’un classement en Zone Nationale d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique de type I (ZNIEFF 940004106 Etang de Santa Giulia). Aussi, si les menaces qui pèsent sur le site sont principalement d’origine anthropique, celui-ci bénéficie désormais de mesures pour assurer son bon état écologique et une gestion raisonnée des usages.
Ainsi, la forte urbanisation de la partie nord de la baie et du lido ne doit pas être un obstacle à l’importance de la lagune comme halte migratoire, confortée par sa grande surface et l’abondance d’une végétation diversifiée. De même, l’eutrophisation de l’étang par l’apport d’eaux d’usées, important lors de l’activité viticole, est désormais limité. Selon des relevés datés de 2008, les cours d’eaux semblent désormais apporter peu de polluants, comme le confirme le bon état des sédiments de la partie sud de l’étang. Néanmoins, dans sa partie nord, une attention particulière doit être portée au taux de présence de métaux traces, notamment plomb et mercure, supérieurs aux normes habituelles, qui témoignent de l’existence d’une ancienne décharge sauvage. D’une manière générale, l’état de l’eau de la lagune peut être qualifié de bon, avec une nuance pour l’eutrophisation de la partie nord, peu renouvelée, et les analyses physicochimiques et biologiques attestent de sa richesse phytoplanctonique.
La présence de plusieurs plantes invasives est à déplorer, notamment Cotula coronopifolia qui envahit les rives des trois ruisseaux, ainsi que la canne de Provence Arundo donax, l’herbe de la pampa Cortaderia selloana et les griffes de sorcière Carpobrotus eludis aux abords du grau. Une veille particulière est menée contre l’envahissement du ruisseau de Lezza par la jussie Ludwigia peploides, l’espèce étant présente dans un bassin d’ornementation à l’entrée du Golf de Lezza, en amont du cours d’eau. De même, une espèce de poisson exogène, la gambusie Gambusia affinis, a également été signalée dans le ruisseau de Lezza. Elle proviendrait également du bassin artificiel du golf, l’espèce étant introduite pour lutter contre les larves de moustique.
Gestion
L’étang est propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1981. Depuis 2007, le site est géré par l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC) au titre d’une délégation de gestion par la Collectivité de Corse. Cette délégation permet d’assurer la continuité de la gestion des espaces protégés terrestres et marins de l’Extrême Sud de la Corse, l’OEC étant également gestionnaire de la Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio et de la Réserve Naturelle des Tre Padule de Suartone.
Deux sentiers, parcourant respectivement le massif de Ghjuncajola et celui de la Punta di l’Oru, sont en cours d’élaboration, afin d’offrir au visiteur la perspective de découvrir un autre visage du site, à l’abri des installations touristiques. La potentialité de la lagune pour faire découvrir la faune et la flore des zones humides est importante, tant par la haute valeur patrimoniale de ses nombreuses espèces que par son positionnement géographique, en marge d’un habitat touristique, dense et saisonnier.
Sur l’ensemble du site de Santa Ghjulia, la réglementation propre aux terrains du Conservatoire du littoral s’applique : camping, bivouac, feu, dépôt de déchets et circulation des véhicules à moteur (en dehors des voies aménagées) y sont interdits.
Rédacteur/Sources : Olivier Bonnenfant (Office de l’Environnement de Corse)
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DOCUMENTATION : Voir l’ensemble de nos documents sur l’étang de Santa Ghjulia (base documentaire)
Acteurs :
- Marie-Laurore POZZO DI BORGO [Office de l’Environnement de la Corse]
- Michel MURACCIOLE [Conservatoire du Littoral – délégation Corse]
- Valérie CAMUGLIO [Conservatoire du Littoral – délégation Corse]
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