Du golfe du Lion à l’extrême sud de la Corse, les lagunes méditerranéennes représentent en France environ 85 000 hectares (source : Suivi spatiotemporel des eaux de surface dans les lagunes côtières méditerranéennes (France), 2021). Derrière Thau, Berre ou Biguglia, pour les plus vastes et les plus connues, les rivages français de la Méditerranée comptent près d’une centaine de ces étangs littoraux, inégalement répartis dans les trois régions méditerranéennes.

La région Sud abrite la plus grande superficie de lagunes avec environ 46 000 hectares. Vient ensuite la région Occitanie avec environ 36 000 ha de lagunes. La Corse compte le plus de lagunes avec plus de 70 lagunes recensées sur son littoral, pour environ 3500 hectares.

La superficie des complexes lagunaires (lagune et leurs zones humides périphériques) est estimée à environ 130 000 ha sur les 3 régions méditerranéennes françaises (source: ‘Synthèse des lagunes’, 2007).

Les lagunes côtières, étendues d’eau salée ou saumâtre connectées à la mer par un (ou plusieurs) graus, sont toutes différentes par leur étendue, leur salinité, ou leur morphologie, ainsi que leur connectivité à la mer via des « graus » permanents ou intermittents – cette communication pouvant
parfois être insignifiante ou ne plus exister.

 

La rencontre entre les courants marins et les rivières…

Ce qui réunit les lagunes méditerranéennes, dans toute leur diversité, c’est d’abord leur position singulière, au point de rencontre des bassins versants et du milieu marin, qui leur confère une importance cruciale pour la biodiversité.

Ces étangs, souvent de faible profondeur, situés le long du littoral, sont séparés de la mer par une bande de sable : le lido. Ils reçoivent de l’eau douce, principalement par les cours d’eau, et sont reliés à la mer par un chenal que l’on appelle grau.

Ce mélange d’eau douce et d’eau salée, sa variabilité au cours des saisons et des années font la richesse et la particularité des lagunes.

Chaque lagune constitue un paysage et un milieu de vie uniques, en permanente évolution.

Étang de Vic (complexe des étangs palavasiens). © SIEL

Comprises entre terre et mer, les lagunes entretiennent tout naturellement des relations étroites avec les zones humides qui les entourent (marais, etc.) et reçoivent de nombreux apports du bassin versant.

Localement, dans le langage courant, le mot ‘étang‘ qui désigne différents types d’écosystèmes naturels ou artificiels se substitue à l’appellation ‘lagune’.

Typologie des lagunes

La profondeur des lagunes est généralement de l’ordre du mètre mais il existe des milieux beaucoup plus profonds, à mettre en relation avec leur origine géomorphologique :

  • Les lagunes sensu stricto ou lagunes sédimentaires, peu profondes et entourées de rives basses. Elles se sont constituées derrière des cordons sédimentaires accumulés par les courants marins le long des côtes (ex. Etangs palavasiens, étang de la Palme en Occitanie, lagunes de Biguglia, Palo ou Santa Giulia en Corse).
  • Les lagunes tectoniques, issues de l’effondrement ou de l’érosion d’une portion du rivage. Plus profondes (une dizaine de mètres), elles sont généralement cernées de petites falaises rocheuses (ex. Etang de Diana et d’Urbino en Corse, étang de Berre en région Sud, étang de Thau en Occitanie).
  • Les lagunes estuariennes ou deltaïques, situées à l’embouchure des fleuves. Les alluvions, accumulés en tombolos le long du rivage font obstacle à l’écoulement des cours d’eau, isolant des petits plans d’eau saumâtres au débouché des fleuves côtiers (ex. La Camargue en région Sud, étang de Balistra en Corse).

Genèse des lagunes

La formation des lagunes méditerranéennes débute il y a bien longtemps. A la fin de la dernière glaciation il y a 10 000 ans, le climat se réchauffe, la calotte glacière fond… le niveau de la mer s’élève progressivement. Au cours de sa remontée, qui s’est stabilisée au niveau actuel il y a environ 6 000 ans, les  vagues et les courants qui transportent des sables le long du rivage construisent lentement un cordon sableux, le lido. Ce cordon sableux sépare la mer des eaux saumâtres qui ont envahi les parties les plus basses de la plaine littorale. Seuls les graus, interruptions des lidos, maintiennent une communication entre les étangs et la mer.

Etang du Vaccarès (Camargue) , crédit : M. Gauthier-Clerc/Tour du Valat

Etang de Diana, crédit : DREAL Corse

Labellisation « Ramsar »

Les principales lagunes sont reconnues par le label Ramsar, cette convention internationale signée par 172 pays, qui a pour mission la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides. Plus de 2400 sites sont labellisés dans le monde.

Sur les 52 zones humides françaises labellisées « Ramsar », 10 sont des lagunes méditerranéennes. (chiffres 2022)

« LAG’UNE…Découverte! » : un film court dédié au jeune public :

Qu’est-ce qu’une lagune? Par quels phénomènes sont-elles apparues? Quels sont leurs rôles et valeurs à la fois pour la nature et pour l’homme? Dédié au grand public et plus particulièrement aux 10-15 ans, ce film réalisé en 2015 apporte quelques réponses pour mieux connaître les lagunes méditerranéennes françaises.

En savoir plus sur ce film