Les lagunes méditerranéennes et leurs zones humides périphériques constituent de véritables infrastructures naturelles du littoral. Elles jouent un rôle d’amortisseur d’énergie du fait de leur rôle de protection vis-à-vis des tempêtes et de l’érosion, et de leur fonction d’éponge permettant une certaine maitrise des crues.
Protection du littoral
Les zones humides littorales participent à la protection des rivages contre l’érosion côtière. La végétation riveraine stabilise les sols et limite ainsi l’influence des intrusions marines, lors des tempêtes notamment. Elles permettent ainsi de réguler les tempêtes en atténuant la force de la houle.
De plus, les apports de sédiments générés lors de crues du fleuve ou de tempêtes marines contribuent à combler les étangs littoraux, qui s’élèvent ainsi et protègent naturellement le rivage vis-à-vis du recul du trait de côte ou des inondations liées à l’élévation du niveau de la mer.
Le service de protection côtière assuré par l’étang de Vic (Hérault) a ainsi été analysé par le projet Med-ESCWET (2017) sur « l’évaluation économique des services écologiques fournis par les zones humides méditerranéennes en termes d’adaptation au changement climatique ». Ce service a ainsi été estimé à 1197 €/ha dans le cas d’une tempête centennale, ce qui correspond à près de 2,3 M€ pour les 1900 ha du site.
Rôle de régulateur hydrologique
L’ensemble des zones humides, y compris les lagunes, ont la capacité d’absorber les crues du bassin versant et protègent ainsi les zones urbanisées des inondations. En Occitanie, cette capacité de stockage des lagunes est estimée à 200 millions de m3.
Figure 1 : le rôle de régulation des crues d’une lagune, in Skinner J. & Zalewski S., 1995
Outre ce rôle de régulation des volumes d’eau superficielle, les zones humides ont la capacité de réapprovisionner les nappes phréatiques. La diffusion de l’eau au travers de la couche inférieure du sol agit comme un filtre en retenant polluants et nutriments jusqu’à la nappe aquifère.
Filtre épurateur
De par leur situation géographique, les lagunes sont les réceptacles finaux des eaux provenant du bassin versant. Elles reçoivent ainsi les eaux de ruissellement qui entraînent par lessivage des sols des sédiments, des engrais, des pesticides ou autres métaux lourds.
Grâce à leur capacités épuratoires – jusqu’à un certain point, les lagunes améliorent la qualité des eaux superficielles et notamment la qualité bactérienne des eaux de baignade des plages.
Figure 2 : le rôle d’épuration d’une lagune, in Skinner J. & Zalewski S., 1995
Richesses écologiques et paysagères insoupçonnées
A l’interface entre les milieux marins et continentaux, les lagunes rassemblent des conditions écologiques très variées vis à vis de la teneur en sel, de la température de l’eau, etc., ce qui leur confèrent une diversité biologique remarquable.
Réservoir de biodiversité
Ces zones d’échanges et de transferts de matières nutritives sont particulièrement favorables au développement et à la reproduction des organismes vivants.
En effet, la richesse écologique des lagunes en font des pôles d’attraction pour la faune et la flore aquatiques, et plus largement pour toutes les espèces qui fréquentent les lagunes à un moment ou à un autre de leur cycle de vie parce qu’elles y trouvent des aires de refuge et d’alimentation essentielles.
Les lagunes sont ainsi de véritables nurseries pour les poissons, les crustacés et les mollusques et des sites d’accueil exceptionnels pour l’avifaune.
On trouve ainsi dans ces milieux:
- Des centaines d’espèces d’oiseaux s’y retrouvent à un moment de leur vie : migration, nidification ou hivernage. C’est l’habitat principal pour certains d’entre eux, dont le célèbre Flamant rose.
- Près de 40% des espèces d’amphibiens de France.
- Un tiers des plantes protégées au niveau national autour des lagunes.
- Certaines espèces ne se retrouvent nulle part ailleurs en France ou en dehors de la Méditerranée, comme le scarabée Scarabeus semipunctatus ou certaines plantes comme le Grand Statice, l’Armoise de France ou l’Iris d’Espagne.
Des paysages remarquables
Avec près de 130 000 hectares de milieux lagunaires, ces écosystèmes participent à l’image des côtes méditerranéennes. De par leurs qualités paysagères et leurs richesses, ces milieux naturels remarquables sont aussi un pôle d’attraction où se sont développées de nombreuses activités récréatives : ornithologie, chasse, sports nautiques, etc.
Petit Bagnas (Hérault), crédit : Renaud Dupuy de La Grandrive (ADENA).