4 organismes de recherche se mobilisent dans le cadre du projet SUDOANG.
Cette espèce emblématique du sud-ouest de l’Europe est aussi cruciale pour la pêche artisanale locale notamment dans les lagunes méditerranéennes. Cependant, elle est actuellement en danger critique d’extinction pour diverses raisons, à la fois menacée par le changement climatique, les barrages, la pollution, la surpêche et le braconnage.
Dans le cadre du projet européen SUDOANG, l’Université de Perpignan via Domitia, l’Irstea Bordeaux, l’Inra Nouvelle-Aquitaine et l’AFB se mobilisent en France pour développer des outils pour la conservation et la restauration de la population des anguilles et de leur milieu.
L’anguille européenne est présente du sud du Maroc au nord de l’Islande et largement distribuée en Méditerranée. Pour 100 civelles arrivant en Europe dans les années 1980, les scientifiques estiment que seulement 8 arrivent aujourd’hui sur nos côtes. Malgré la mise en place en 2007 d’un règlement européen (CE 1100 / 2007) imposant à chaque Etat membre de prendre des mesures de conservation, l’espèce n’a montré aucun signe de récupération. L’absence de coordination à grande échelle est sans doute l’une des causes de ce relatif échec.
Pour mieux appréhender les enjeux liés à cette espèce, l’AZTI, un institut de recherche du pays basque espagnol, a mis en place ce projet SUDOANG et le coordonne en réunissant l’ensemble des acteurs impliqués dans la gestion de l’anguille en Espagne, en France et au Portugal. Dix centres de recherche et 27 partenaires sont associés au projet parmi lesquels des gestionnaires locaux, régionaux et nationaux, des ONG et des organisations de pêcheurs professionnels dont notamment le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins d’Occitanie.
Les chercheurs du laboratoire CEFREM y développent notamment des systèmes de suivi des différents stades d’anguilles sur le site pilote de l‘étang de Bages-Sigean. Sur ce site, la pêche à l’anguille représente une ressource économique importante, avec 17 pêcheurs professionnels.
Les objectifs de SUDOANG sur cette zone sud-ouest de l’Europe sont de :
- Fournir aux gestionnaires des outils communs basés sur les derniers résultats scientifiques pour aider la prise de décision. Une application web interactive permettra d’étudier facilement les différents indicateurs produits par le projet et d’explorer les effets de différents scénarios de gestion.
- Coordonner un réseau de suivi de l’anguille pour améliorer les connaissances sur l’écologie de l’espèce. Ce réseau est composé de 10 bassins versants: 2 sur la façade méditerranéenne, dont la lagune de Bages-Sigean et le fleuve Ter, et 8 sur la façade Atlantique (Nivelle, Oria, Nalón, Ulla, Miño, Mondego, Guadalquivir, Guadiaro).
- Explorer de nouvelles approches de gestion qui auront pour résultat la mise en place d’une plateforme de concertation pour une gestion de l’anguille efficace.
- Renforcer la coopération des acteurs concernés par l’anguille et son habitat. Cette coopération permettra :
- d’améliorer le dialogue et la capitalisation des connaissances et expériences, conditions indispensables à la conservation de l’anguille et de ses habitats ;
- de préserver une exploitation de l’espèce à long terme pour le maintien de l’emploi, des modes de vie et des cultures liés à sa pêche ;
- de coordonner le travail des différentes polices impliquées dans la lutte contre le braconnage et le commerce illégal.
Ce projet bénéficie d’un financement du Programme Interreg SUDOE (Sud-Ouest de l’Europe) du Fonds européen de développement régional (FEDER).
De plus, ce projet sera prochainement renforcé par une étude complémentaire : « FLUX Anguille » (2018 – 2021). Elle permettra une meilleure compréhension de la dynamique de population locale de cette espèce en milieu lagunaire, en relation avec les paramètres hydroclimatiques (courant, salinité, température, turbidité). Des systèmes de suivis des anguilles innovants et complémentaires de ceux mis en œuvre dans SUDOANG seront installés (notamment une caméra acoustique) dans le chenal de Port La Nouvelle, passage obligé pour l’anguille pour entrer ou sortir de la lagune. Les premiers résultats sont attendus courant 2019. Cette étude devrait également permettre de déterminer la faisabilité de la transposition des méthodes mises au point sur la lagune de Bages-Sigean à d’autres systèmes lagunaires. Elle est financée par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée, la Région Occitanie et la Direction des pêches Maritimes et de l’Aquaculture (Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation)
- Contacts
CEFREM (UMR 5110 CNRS-UPVD) :
Elisabeth Faliex : [email protected]
Elsa Amilhat : [email protected]
Gaël Simon : [email protected]
Irstea Bordeaux :
Grégory Lambert : [email protected]