Étude du devenir des nutriments parvenus dans l’étang de l’Or et précision des sources d’apports, dite Etude lagune II
Suite à une première étude portant sur le fonctionnement hydrodynamique de la lagune et la hiérarchisation des apports (2017-2019), dite Etude lagune I, portée par le Syndicat Mixte du Bassin de l’Or (Symbo, EPTB[1] de l’Or) en partenariat avec l’Ifremer-Marbec et l’Agence de l’Eau, le Symbo a maintenu ce partenariat et engagé une seconde étude portant sur la compréhension de l’eutrophisation de l’étang (2019-2023). L’étude s’appuie notamment sur des missions intermédiaires : une chargée d’étude pour la mise en place de la modélisation « GAMELag » et un bureau d’études spécialisé pour effectuer et interpréter des mesures de débits et de concentrations de nutriments principalement sur le sous-bassin Est qui alimente l’étang de l’Or.
Le modèle « GAMELag » permet de mieux comprendre le devenir des nutriments dans l’étang de l’Or et cible la description des mécanismes écologiques qui maintiennent les hauts niveaux d’eutrophisation qui perdurent depuis des années sur cette lagune. Il vise également à évaluer des « flux en nutriments admissibles » par la lagune : quels seraient les tonnages d’azote et de phosphore qui permettraient le retour ou le maintien dans un bon état écologique ?
Pour ce faire, la mission a produit de nombreux scénarios et résultats, complexes à interpréter, qui montrent les réactions de l’écosystème en fonction de différentes situations d’apports en nutriments. En particulier, le modèle prévoit un déstockage du phosphore sédimentaire dès la situation actuelle : quelle est l’intensité réelle de ce probable déstockage ? Comment l’intensifier ?
Les mesures sur le terrain ont apporté deux types d’informations. D’une part, des données à exploiter par le Symbo et l’Ifremer pour consolider les résultats précédemment obtenus sur l’année 2017-2018, ce qui a été finalisé à l’été 2022. D’autre part, l’interprétation des derniers résultats ont permis de consolider les bilans de matières établis lors de la 1ère étude et de confirmer des origines de flux en azote et phosphore : i.e. la canalette apporte au moins autant de nutriments que tous les autres cours d’eau réunis, ce qui fait du Canal de Lunel la source principale de matières nutritives pour l’étang. De plus, l’étude montre que l’origine géographique est quasi équivalente entre le sous-bassin du Dardaillon, celui de Lunel et celui de la plaine de Marsillargues.
Si la priorité semble être la réduction des flux de phosphore les plus importants sur le bassin versant de l’étang de l’Or, il est nécessaire d’en cibler les sources, en particulier sur le sous-bassin Est : plaine de Marsillargues, les deux Dardaillons et leurs affluents, commune de Lunel (qui a récemment modernisé sa station d’épuration, mise en service fin 2022) ; voire par une gestion du Canal de Lunel en lui-même et en vue de maximiser son autoépuration. Par ailleurs, la richesse en phosphore du secteur Est du Canal du Rhône à Sète peut provenir de son environnement immédiat, c’est-à-dire la confluence avec le Canal de Lunel et les rejets urbains de La Grande Motte, ainsi que de l’amont du canal lui-même (Vidourle, Vistre, étangs, Rhône). L’amélioration de la qualité de l’eau de ce secteur est un levier d’action majeur pour reconquérir un bon état écologique de l’étang de l’Or.
Le modèle simule les échanges de nutriments dans l’étang en fonction du contexte à ses interfaces (sédiments, canal et mer, bassin versant, air)
Ces études ont été inscrites dans le programme du Contrat du Bassin de l’Or, en parallèle de nombreuses actions très concrètes : travaux de renaturation des cours d’eau, gestion de zones humides, changements de pratiques agricoles, plans zéro pesticide dans les villes et les villages, etc.
Il ne suffit pas d’agir, il faut aussi évaluer les effets des actions qui sont menées, prévoir l’efficacité des actions futures. Les deux « études lagune » visent à établir un socle commun de compréhension du fonctionnement de l’étang de l’Or, avec un grand objectif partagé : reconquérir un bon état écologique de l’étang de l’Or, malgré un dérèglement climatique déjà présent, et toujours plus menaçant.
Par la quantité de mesures prises sur le terrain et avec l’utilisation d’outils de modélisation de l’Ifremer les plus récents, le Symbo dispose désormais de connaissances inédites. Il convient désormais de les convertir en une stratégie d’action sur le territoire. Le souhait d’atteindre des flux de nutriments admissibles par l’étang de l’Or peut être obtenu par deux types de leviers d’actions :
- réduire les émissions à la source des pollutions urbaines et agricoles
- ainsi que réduire les transferts vers la lagune (apports hivernaux, phosphore particulaire).
La stratégie de gestion ne pourra qu’être composée d’un panel multithématique d’études et de travaux : pratiques et implantations agroécologiques, réduction de pollutions urbaines, gestion et restauration des milieux aquatiques, aménagements, suivis et études d’amélioration des connaissances. Des propositions d’axes de travail et d’objectifs sont présentées dans la synthèse en téléchargement et ont vocation à être débattues localement dans l’instance de concertation dédiée, la « Commission Lagune » de ce bassin versant.
Issu de la Synthèse technique de l’étude du devenir des nutriments dans l’étang de l’Or – 2023 Symbo, Ifremer – Contrat du Bassin de l’Or 2015-2019 – étude avec le soutien technique et financier de l’Agence de l’Eau.
- En savoir plus
Informations en ligne sur le site du Symbo relative aux résultats de l’étude globale
- Contact
Pierre Thélier
Chargé de mission Qualité de l’Eau de l’EPTB de l’étang de l’Or
[1] Etablissement Public Territorial de Bassin versant, voir aussi sur la page web