Le point par l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes
Date de publication : 24/11/2015
En prévision de la COP 21, l’OZHM, porté par la Tour du Valat, synthétise sous forme cartographique les impacts du changement
climatique sur la biodiversité des zones humides méditerranéennes. L’assèchement apparaît comme l’effet le plus néfaste pour les espèces de zones humides, les espèces endémiques étant les plus à risque car leur habitat risque de disparaître. Les effectifs d’oiseaux d’eau des zones humides côtières seront également impactés du fait des risques accrus d’érosion et de submersion marine.
Les évaluations menées par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature dans le cadre de sa Liste Rouge des espèces menacées révèlent que les espèces directement menacées d’extinction par le changement climatique ne sont pas réparties de manière homogène autour du bassin méditerranéen.
Carte 1 : Répartition des 289 espèces de zones humides en voie d’extinction et menacées par le changement climatique dans les pays méditerranéens. Carte obtenue après la compilation de données de l’UICN et Birdlife International.
Le centre et le sud de la Péninsule ibérique, l’ouest des Balkans, le sud de la Turquie ou encore la région du Proche-Orient concentrent la majorité des espèces en voie d’extinction et principalement des poissons d’eau douce. Ces « points-chauds » se distinguent par le nombre élevé d’espèces endémiques de petits territoires – parfois un seul cours d’eau de quelques kilomètres – et donc particulièrement sensibles aux perturbations qui peuvent affecter leur habitat.
Les changements climatiques peuvent impacter les espèces de diverses manières. Pour les espèces de zones humides, nous observons que l’effet le plus néfaste est l’assèchement de rivières, lacs et sources suite à la réduction attendue des précipitations et à leur plus grande irrégularité. L’absence d’eau, même temporaire, dans des écosystèmes jusqu’alors caractérisés par un régime d’inondation permanent entrainera la disparition des espèces strictement aquatiques, comme les poissons (ceux-ci représentent d’ailleurs la majorité des espèces menacées). L’eau douce est une ressource extrêmement convoitée en Méditerranée et nombre de cours d’eau et autres zones humides présentent aujourd’hui des niveaux d’eau anormalement faibles. Le changement climatique agira comme un facteur aggravant en accentuant encore leur déficit hydrique.
Une autre conséquence du changement climatique est le déplacement des habitats nécessaires aux espèces. Les écosystèmes ont ainsi tendance à se déplacer vers le Nord et/ou des altitudes plus élevées. Les populations animales et végétales doivent donc se déplacer pour suivre leurs habitats et celles qui ne le peuvent pas risquent de disparaître. Parmi les libellules, amphibiens, reptiles et mammifères liés aux zones humides, ce sont notamment des espèces endémiques de zones humides d’altitude situées dans certaines îles (Crête, Sardaigne) et massifs montagneux (Pyrénées, Monts Cantabriques) qui sont le plus à risque car leur habitat risque tout simplement de disparaître suite à l’élévation des températures (cf carte 2).
Carte 2 : Distribution des amphibiens, reptiles, mammifères et libellules spécialistes des zones humides et menacées d’extinction suite au dérèglement climatique. Carte issue de la compilation de données de l’UICN.
Les espèces endémiques du Maghreb et du Proche-Orient doivent aussi faire face au risque de désertification.
Enfin un impact majeur est attendu sur les zones humides côtières en raison de risques d’érosion accrus et d’élévation du niveau de la mer qui pourraient entraîner la submersion de ces écosystèmes. Les lagunes et deltas méditerranéens abritent moins d’espèces en danger imminent d’extinction que les rivières et lacs de la région, mais en revanche ce sont des écosystèmes très productifs qui abritent des populations très importantes d’un grand nombre d’espèces. Par exemple, les oiseaux s’y reproduisent, s’y arrêtent lors de leurs migrations ou y hivernent en nombre. Le réseau de dénombrement d’oiseaux d’eau coordonné par Wetlands International permet d’identifier les sites majeurs en raison du nombre d’oiseaux qu’ils accueillent (cf carte 3).
48 des 55 zones humides accueillant en moyenne plus de 50000 oiseaux d’eau en janvier (sur la période 1990-2010) sont des sites littoraux, potentiellement menacés par le recul de trait de côte. Il est donc envisageable que le changement climatique entraîne à terme une diminution importante des effectifs d’oiseaux d’eau.
Carte 3. Principaux sites d’hivernage des oiseaux d’eau dans les pays méditerranéens (effectifs à la mi-janvier supérieurs à 50000 oiseaux). Données Wetlands International.
- Contact
Thomas Galewski
Chef de projet
Tour du Valat
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Exemple d’impact d’évènement climatique extrême sur l’avifaune: