1er Comité technique pour une déclinaison du PNA en faveur du Phragmite aquatique en Méditerranée
Le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) est une espèce migratrice transsaharienne qui niche dans les marais tourbeux de l’Est de Europe (Biélorussie, Ukraine, Pologne et Lituanie). En période post-nuptiale, il traverse la France en faisant des haltes dans les marais du Nord, de la Manche et de l’Atlantique, avant de rejoindre les zones humides ouest africaines où il hiverne. En période pré-nuptiale, il réalise ses escales migratoires dans les marais méditerranéens (Occitanie et PACA) autour de la mi-avril ; il peut également être observé dans le couloir rhodanien.
Au cours du XXème siècle le déclin de cette espèce s’est amorcé et accéléré. Elle n’aurait pas su s’adapter aux profondes modifications de son habitat dues aux activités humaines et notamment la révolution agricole. La France accueille la quasi-totalité de la population mondiale en migration post-nuptiale. Cela lui confère un rôle majeur dans la conservation de l’espèce, de ce fait elle a signé un mémorandum d’entente internationale (en 2010) et a honoré son engagement par la mise en place d’un 1er Plan Nation d’Action (2010-2014), puis d’un second (2022-2031). Ce deuxième PNA est actuellement animé par Bretagne Vivante, et vise, entre autres, à rassembler un maximum d’acteurs en charge des sites d’accueil de cette espèce pour mettre en œuvre des actions de connaissance et de gestion conservatoire des habitats favorables à l’alimentation de l’espèce.
Carte du cycle migratoire du Phragmite aquatique (Hemery et al., 2018)
Un premier rendez-vous en Méditerranée pour proposer une déclinaison régionale du PNA Phragmite aquatique
La migration pré-nuptiale du Phragmite aquatique est principalement observée durant le mois d’avril. L’identification de cette espèce reste difficile à distance, l’essentiel des données de migration viennent du marquage / recapture de l’espèce (méthode par le baguage appliqué par les bagueurs du CRBPO).
Le nombre de données sur les marais rétro littoraux méditerranéens reste aujourd’hui relativement faible et nécessite de renforcer le suivi afin de mieux connaître l’occupation des sites littoraux d’Occitanie et de PACA. Comme pour toutes les escales migratoires, pré et postnuptiales, l’enjeu est ensuite de déterminer la qualité de ces habitats et de la préserver.
Crédits : photo de gauche : Zymantas Mokvenas BEF Lituanie / photo de droite : bagueur du CRBPO
Plusieurs axes dans le PNA contiennent des actions qui visent à développer des outils d’évaluation, une gestion favorable des habitats de l’espèce, approfondir des connaissances, pérenniser les sites de migration, déployer un indice représentatif du succès de reproduction, contribuer à la protection des zones d’hivernage, valoriser des acquis, … Le suivi de cette espèce (son régime alimentaire, ses types de proies, ses habitats préférentiels) fait donc appel à plusieurs domaines d’expertises, dont l’ornithologie, l’entomologie (pour définir ses ressources, biomasse en arthropodes), et la phytosociologie. Ce qui conduit à travailler avec divers groupes thématiques dont la composition est dynamique en fonction du temps disponibles des personnes concernées. L’idée du PNA est aussi d’homogénéiser à l’échelle nationale des méthodes régionales utilisées entre ces divers groupes d’experts.
Le PNA II en faveur du Phragmite aquatique comprend également une action spécifique sur la migration pré-nuptiale en France. De ce fait, Bretagne Vivante, structure animatrice du PNA, a sollicité un appui à l’échelle de la Méditerranée française. C’est pour cette raison que la Tour du Valat, le CEN Occitanie et l’ADENA ont été contactés pour prendre part à un projet de déclinaison pour la Méditerranée et ainsi relancer une dynamique partenariale autour de cette espèce.
Le 19 avril 2024, ces structures ont ainsi animé le premier comité technique du PNA Phragmite aquatique en Méditerranée réunissant une vingtaine de structures gestionnaires et d’autres plus naturalistes, habituellement impliquées dans l’évaluation de l’état des roselières et de son avifaune.
Les premières conclusions du Comité technique du 19 avril 2024
Les discussions ont été nombreuses autour de l’acquisition de connaissances nécessaires sur l’espèce en Méditerranée et sur les sites potentiels pouvant accueillir l’espèce en Occitanie et en PACA.
Pour profiter de la dynamique initiée par ce premier comité technique et pouvoir concrètement mettre en œuvre des actions en 2024-2025, les trois structures animatrices de la réunion vont s’organiser autour de :
– Le Pôle-relais lagunes méditerranéennes (CEN Occitanie et Tour du Valat) qui permettra de faire la transmission des informations venant du PNA et le lien interrégional entre les structures qui s’impliqueront en Occitanie et PACA (appui au suivi des actions et réunions portées en Méditerranée en lien étroit avec Bretagne Vivante);
– L’ADENA qui animera un groupe de travail visant la remontée des données cartographiques sur les parvo-roselières (gestion du stockage des données cartographiques). Ce groupe permettra à l’avenir de mieux intégrer l’identification des parvo-roselières dans le cadre des suivis protocolés menés en roselières. Il s’agira alors de décrire et simplifier les listes d’habitats potentiellement intéressants pour qu’elles soient mieux bancarisées. À cet effet, il est à prévoir un outil de type atlas photographique des habitats à hélophytes fréquentés par le P. aquatique.
Afin de recueillir les informations sur les habitats suivis en Occitanie et Paca, leur état de conservation et leur gestion, un questionnaire sera diffusé aux structures de gestion prêtes à s’impliquer dans le PNA.
– Bretagne Vivante animera un groupe de travail connaissance avec les bagueurs pour être prêts à mettre en place un protocole test en 2025. Il faudrait également trouver des financements pour faciliter la mise en œuvre du suivi (écoute, repasse, baguage).
En parallèle au développement de ces projets, la DREAL de Bretagne, pilote du PNA, prendra contact avec les DREAL de Méditerranée pour discuter d’une animation régionale (ou interrégionale) et avoir une vision des actions à l’échelle du temps du PNA.
Enfin, un projet de Life autour de la conservation de cette espèces, est en cours d’instruction. Il est coordonné par Wetlands international, avec le concours notamment de Bretagne vivante et la Tour du Valat, dans un objectif de complémentarité avec les actions du PNA P. aquatique. S’il est accepté, le Life démarrera début 2025.
- Contacts
Christine Blaize, Bretagne Vivante, Animatrice du PNA Phragmite aquatique, [email protected]
En Méditerranée, partenaires du Comité technique :
– Nathalie Barré (CEN Occitanie / Pôle-relais lagunes méditerranéennes), [email protected]
– Virginie Mauclert (Tour du Valat / Pôle-relais lagunes méditerranéennes), [email protected]
Jocelyn Champagnon ([email protected])
– Clara Rondeau (ADENA), [email protected]