En Méditerranée, des campagnes de surveillance sont mises en œuvre tous les 3 ans depuis 2006 pour répondre aux objectifs de surveillance des eaux côtières et de transition.
Rappel : La Directive Cadre sur l’Eau 2000/60/CE (DCE) établit un cadre réglementaire pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau. Elle fixe comme objectif général l’atteinte d’un bon état écologique et chimique des masses d’eau (unité élémentaire de surveillance) souterraine et de surface, initialement à l’horizon 2015, puis pour 2021 ou 2027.
suivi dce de l’état écologique des LaguneS
Au sens de la DCE, la distinction entre masses d’eau côtières (MEC) et masses d’eau de transition (MET) se fait selon les définitions établies dans l’article 2 de la Directive Cadre. L’état des lieux du bassin Rhône Méditerranée Corse a permis un découpage des masses d’eau naturelles, aboutissant à 31 masses d’eau de transition (MET), dont 28 appartenant au type « lagunes méditerranéennes ». (voir carte ci-dessous)
Parmi les lagunes méditerranéennes, deux catégories sont identifiées :
– les lagunes dont la salinité moyenne est supérieure à 18 (polyhalines et euhalines)
– les lagunes dont la salinité est inférieure à 18 (oligohalines et mésohalines).
Les lagunes polyhalines et euhalines sont suivies par l’Ifremer et la Stareso et font l’objet de la présente communication.
Les lagunes oligohalines et mésohalines sont suivies par la Tour du Valat depuis 2015. Elles présentent des caractéristiques hydrologiques et biologiques particulières, qui ont nécessité le développement d’outils de diagnostics spécifiques. Ceux-ci permettent de mieux situer la qualité de ces masses d’eau par rapport à l’objectif de bon état DCE (Sanchez et Grillas, 2014 ; études Onema/Ifremer/Tour du Valat/UM). Les principaux résultats sont disponibles sur la plateforme Medtrix.fr
L’objectif principal des campagnes de suivi de la DCE Lagunes consiste à évaluer l’état chimique et l’état écologique de chaque masse d’eau de transition des districts « Rhône et côtiers méditerranéens » et « Corse », selon les modalités suivantes :
- état chimique « agrégé » à partir des substances prioritaires et dangereuses prioritaires (dans le biote et dans l’eau), avec une représentation en deux classes d’état chimique ;
- état écologique « agrégé » à partir des différents éléments de qualité biologiques (Phytoplancton et Macrophytes) et physico-chimiques , avec une représentation en cinq classes d’état écologique.
Sur la période 2016, 2017 et 2018, 17 masses d’eau de transition ont été suivies (Tableau 1).
Tableau 1. Liste des 17 masses d’eau lagunaires méditerranéennes suivies par l’Ifremer dans le cadre de la DCE
Cette brève présente les résultats de la cinquième campagne DCE lagunes réalisée en 2018.
Cette campagne DCE Lagunes a conduit à :
- la mise en œuvre par l’Ifremer de stations artificielles de moules selon la méthodologie RINBIO sur 10 masses d’eau de transition (MET) lagunaires du contrôle de surveillance ;
- la mise en œuvre d’échantillonneurs passifs (POCIS et DGT) par l’Ifremer sur 13 des MET lagunaires du contrôle de surveillance pour alimenter le descripteur DCE : élément de qualité « Chimie eau » ;
- le suivi de la biomasse et de l’abondance du phytoplancton, ainsi que des paramètres physico-chimiques d’appui sur la période 2013 – 2018 pour 17 MET lagunaires du contrôle de surveillance (éléments de qualité « Phytoplancton » et « Physico-chimie ») ;
- le suivi de l’état des macrophytes dans 17 MET lagunaires en 2016, 2017 et 2018 par l’Ifremer et des partenaires ou gestionnaires des lagunes (élément de qualité « Macrophyte ») ;
État chimique :
Initialement, la DCE recommande une évaluation de l’état chimique des masses d’eau à partir d’échantillons d’eau. Or, compte tenu des difficultés analytiques et de la faible représentativité spatiale et temporelle des échantillons d’eau, la surveillance des contaminants chimiques est réalisée en Méditerranée sur des matrices intégratrices, comme les mollusques (Suivi dans le biote) ou les Échantillonneurs Passifs Intégratifs (EPI) (Suivi dans l’eau).
Chimie – Suivi dans le biote :
En 2018, aucun dépassement de seuil n’est observé pour l’ensemble des substances prioritaires évaluées dans le cadre du réseau RINBIO sur les 10 MET lagunaires du contrôle de surveillance.
Chimie – Suivi dans l’eau :
La présence dans le milieu marin de certaines substances des listes prioritaires DCE qui ne s’accumulent pas ou peu dans les organismes vivants ou qui sont bioremédiées par ces derniers et qui sont présentes à l’état de traces dans les eaux, sont donc extrêmement difficiles à caractériser par les moyens classiques de dosage direct dans l’eau. L’utilisation d’Échantillonneurs Passifs Intégratifs (EPI) possède l’avantage dans ce cas d’extraire et de concentrer in situ certains contaminants dissous réduisant ainsi une partie des difficultés, et du coût lié à l’analyse des contaminants à l’état de traces et facilitant ensuite leur détection analytique en laboratoire.
Pour la campagne 2018, les résultats de l’ensemble des substances prioritaires intervenant dans le diagnostic « chimie eau » sont présentés sur le Tableau 2. Sur les 13 masses d’eau suivies dans le cadre de la DCE, toutes sont considérées comme étant en bon état selon l’indicateur chimie-eau.
Les résultats pour ces substances sont identiques à ceux de la dernière campagne (2015), où seule la MET de Gruissan était déclassée par la cybutryne, un pesticide utilisé en usage biocide (peintures anti-fouling). Cette MET n’a pas fait l’objet d’un suivi cette année. En revanche, on observe une nette amélioration par rapport à la campagne de 2012 où les MET de Leucate, La Palme, Bages-Sigean, Ayrolle, Gruissan, Thau, Or et Palavasiens Est étaient en mauvais état par rapport à une ou plusieurs de ces mêmes substances prioritaires hydrophiles (essentiellement à cause de la terbutryne, cybutryne, diuron et 4NP). Plusieurs de ces déclassements ont été mis en évidence a posteriori, au moment de la sortie de l’arrêté de juillet 2015 qui a mis à jour la liste de substances prioritaires avec leurs NQE. C’est pourquoi nombre d’entre eux n’apparaissent pas dans le rapport DCE 2012. La recherche et l’analyse de composés plus nombreux que les seules substances prioritaires réalisées grâce aux EPI ont permis de remettre à jour ces diagnostics a posteriori.
Tableau 2. Résultats pour l’élément de qualité « Chimie eau » des masses d’eau de transition (MET) pour le bassin Rhône Méditerranée Corse.
État écologique :
Biomasse et abondance du phytoplancton :
Pour la période 2017-2018, l’ensemble des classes de qualité est représenté dans les masses d’eau de transition pour l’indicateur Phytoplancton (Tableau 3). Sur 17 masses d’eau suivies, 8 (Salses-Leucate, La Palme, Bages-Sigean, Gruissan, Thau, Vaccarès, Diana et Urbino) sont en très bon ou bon état alors que 6 sont en état médiocre (Ponant, Biguglia et Palu) voir mauvais (Canet, Or et Palavasiens Est).
Depuis les derniers suivis effectués en 2015, 11 masses d’eau conservent leur état de qualité pour le compartiment phytoplancton et 4 présentent une amélioration (Thau, Urbino, Ponant et Vaccarès). En revanche, deux lagunes (Biguglia et Diana) présentent une dégradation, passant respectivement de l’état moyen (jaune) à médiocre (orange) et de très bon (bleu) à bon (vert).
Tableau 3. Résultat pour l’élément de qualité « Phytoplancton » des masses d’eau de transition (MET) pour le bassin Rhône Méditerranée Corse.
Physico-chimie :
Pour la période 2017-2018, l’ensemble des classes de qualité est représenté dans les masses d’eau de transition pour l’indicateur Physico-chimie (Tableau 4). Sur 17 masses d’eau suivies, 11 (Salses-Leucate, La Palme, Bages-Sigean, Gruissan, Thau, Palavasiens Ouest, Berre, Biguglia, Diana, Urbino et Palu) sont en très bon ou bon état alors que 4 sont en état médiocre (Vaïne) voire mauvais (Canet, Or, Palavasiens Est).
Depuis les derniers suivis effectués en 2015, 14 masses d’eau conservent leur état de qualité pour le compartiment physico-chimie et 3 présentent une amélioration (Ponant, Vaccarès et Vaïne).
Tableau 4. Résultat pour l’élément de qualité « Physico-chimie » des masses d’eau de transition (MET) pour le bassin Rhône Méditerranée Corse.
Macrophytes :
Pour la période 2016, 2017 et 2018, l’ensemble des classes de qualité est représenté dans les masses d’eau de transition (Tableau 5). Sur 17 masses d’eau suivies, 8 (Canet, Salses-Leucate, La Palme, Bages-Sigean, Gruissan, Palu, Urbino et Diana) sont en très bon ou bon état alors que 5 sont en état médiocre (Palavasiens-EST, Vaccarès, Berre et Vaïne) voire mauvais (lagune de l’Or).
Depuis les derniers suivis effectués (2009, 2012 ou 2015), 11 masses d’eau conservent leur état de qualité pour le compartiment macrophytes et 5 présentent une amélioration (Ponant, Berre, Diana, Urbino et Palu). En revanche, une lagune (Vaccarès) présente une dégradation de l’état des macrophytes passant d’un état moyen à médiocre.
Tableau 5. Résultats pour l’élément de qualité « Macrophytes » des masses d’eau de transition (MET) pour le bassin Rhône Méditerranée Corse.
Synthèse :
Le Tableau 6 présente le bilan de l’état des masses d’eau de transition (MET) pour le bassin Rhône Méditerranée Corse.
Tableau 6. Résultats synthétiques de la campagnes DCE lagunes 2018.
- Contact
Nicolas Cimiterra
Laboratoire Environnement Ressources Languedoc Roussillon
Ifremer
04 99 57 32 81