Assèchement précoce de l’étang suite à l’ouverture artificielle du grau 3 mois plus tôt
Le grau de l’étang de La Palme, un des derniers graus naturels de Méditerranée, a été ouvert par un groupe de personnes le 25 mai 2012, afin de vidanger le lido inondé et ainsi permettre la pratique d’activités sportives et de loisirs. Résultat : la plage est certes dégagée en 48h mais, 3 mois plus tard, sous l’effet de l’évaporation estivale, l’étang est, lui aussi, en partie asséché !
Des conséquences mal mesurées
Cette initiative spontanée d’une dizaine de personnes munies de pelles, par jour de fort Cers (vent de Nord-Ouest, dominant dans le Narbonnais) a été redoutablement efficace : en moins de 4 jours, le niveau de l’eau a baissé de 30 cm. Malheureusement ! Dans les mois qui suivent, l’évaporation de l’eau sous l’effet des températures estivales et du vent accomplit son action naturelle, et le niveau de l’eau baisse d’autant plus que l’étang est bas. Deux coupures hydrauliques apparaissent et séparent le nord et le sud de l’étang.
Le sud de l’étang, c’est le Grazel. Il borde la station balnéaire de La Franqui où, dès la mi-août, des habitants et estivants se plaignent d’odeurs nauséabondes issues de l’assèchement quasi-total du Grazel ; sans parler de l’inquiétude que cet état suscite auprès de la population très attachée à « son » étang.
Une situation heureusement moins dramatique qu’il n’y paraît
L’assèchement partiel du Grazel et des niveaux très bas dans l’étang de La Palme se produisent en fait régulièrement, mais en général, plus tard dans la saison. Il s’agit en effet d’un phénomène annuel naturel. Les années au printemps humide et été non caniculaire (ce qui a été le cas cette année), il arrive que le Grazel ne s’assèche pas du tout. L’initiative des quelques téméraires pensant bien faire en mai dernier a ainsi très certainement avancé l’échéance, et peut-être un petit peu amplifié le phénomène aussi.
Les suivis effectués par le Parc montrent que l’écosystème « encaisse » plutôt bien. . Les désagréments olfactifs signalés correspondent à une dégradation naturelle de matière organique sur les berges mises à nue. Aucune mortalité de masse n’a été constatée.
La situation est ainsi bien moins préoccupante que lors d’épisodes précédents similaires, en 2006 et 2008 notamment. La différence ? De gros efforts ont été effectués depuis 2 ans sur l’assainissement (par la commune de La Palme), si bien que même dans la situation actuelle propice à l’accentuation des problèmes d’eutrophisation, on n’observe pas de crise dystrophique.
Une action malheureuse que l’on aurait dû éviter
En 2010 et 2011, à l’initiative du Parc, dans le cadre de la mise en œuvre des actions du Document d’objectifs Natura 2000, une « Cellule de gestion du grau » a été créée regroupantles services de l’Etat, les communes de Leucate et La Palme, le Parc naturel régional ainsi que les différents acteurs concernés par l’étang et la plage des Coussoules. Un « Cahier des charges pour une gestion concertée » a été rédigé, validé par le Conseil scientifique du Parc.
L’initiative malheureuse de mai dernier montre que la communication sur ce travail est insuffisante ; et c’est dans ce sens que les efforts vont être faits dorénavant.
En attendant, tout le monde attend la pluie…
Crédits photos : PNR Narbonnaise
- En savoir plus
Consulter le « Cahier des charges pour une gestion concertée du grau de l’étang de La Palme » (ci-contre)
- Contact
Kattalin FORTUNÉ-SANS
Chargées de mission Natura 2000 et Pêche
Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée
Tél. 04 68 42 23 70
Courriel : [email protected]