Dans le cadre de l’évaluation de l’état de conservation de l’habitat 1150 sur la façade méditerranéenne, préconisée par le projet Life Marha, plusieurs structures gestionnaires continuent d’avancer dans la mise œuvre de la méthode nationale sur leurs sites lagunaires avec l’accompagnement du Pôle lagunes.
Le critère de la qualité physico-chimique de la colonne d’eau et des sédiments fait partie des critères retenus afin d’évaluer l’état de conservation de cet habitat (cf. méthode parue en 2019). Ces indicateurs abiotiques sur la physico-chimie sont des variables explicatives importantes qui avec les indicateurs de surface, biologie et fonctionnement hydro morphologique participent à la question d’état de conservation.
Ce critère est issu du cadre communautaire de la DCE mais toutes les lagunes ne sont pas nécessairement suivies par cette directive compte-tenu du coût et du temps des échantillonnages et analyses élevés.
Grâce au soutien financier des DREAL Occitanie et Paca, des suivis des indicateurs Colonne d’eau, Contaminants chimiques et Sédiments ont pu être mis en place sur les lagunes de différents sites N2000 pas suivies dans le cadre de la DCE sous la coordination du Pôle lagunes.
Pourquoi suivre la qualité physico-chimique des lagunes ?
Comme toutes les zones humides littorales, les lagunes sont en proie à diverses pressions anthropiques (agricoles, touristiques, industrielles, urbaines) et au changement climatique. Leur état écologique (au sens de la directive cadre sur l’eau) est très largement mauvais sur la façade méditerranéenne française. Les lagunes méditerranéennes sont soumises à des phénomènes d’eutrophisation d’origine anthropique, notamment en raison de leur confinement, des apports d’eaux chargées en nutriments issues de l’activité agricole du bassin versant et de rejets d’eau polluée parfois encore insuffisamment traitée dans les stations d’épuration.
La qualité physico-chimique des lagunes est le socle de l’écologie dans ces habitats. Elle sert de support à la vie aquatique. L’analyse physico-chimique de l’eau et du sédiment permet de contrôler les composés naturellement présents et de détecter d’éventuelles contaminations. Elle est un enjeu majeur de la protection de l’environnement.
L’objectif de l’indicateur « Colonne d’eau » est de donner une évaluation de la qualité de l’eau des lagunes, qui conditionne en grande partie le développement des biocénoses présentes. Ainsi, les substances dissoutes et en suspension dans l’eau vont constituer des apports nutritifs pour différents organismes.
L’indicateur Contaminants chimiques permet d’évaluer l’état chimique d’une lagune vis-à-vis de différents contaminants (métalliques, organiques hydrophiles et hydrophobes).
L’indicateur « Sédiments » permet de caractériser l’intégrité du substrat d’une lagune au travers des mesures de la matière organique, de l’azote et du phosphore contenus dans le sédiment. Le sédiment est un élément important dans le fonctionnement des lagunes. En raison de son caractère accumulateur, il concentre de nombreux éléments chimiques, qu’ils s’agissent de polluants ou d’éléments azotés et phosphorés, responsables de l’eutrophisation des lagunes. Ses processus particuliers (accumulation et relargage) rendent ce compartiment complexe à intégrer dans une étude portant sur l’état de conservation, mais cependant riche en informations. Ses caractéristiques propres (granulométrie, substrat d’origine, taux de matière organique, etc.) conditionnent en partie le développement de la faune (principalement benthique) et la flore (hydrophytes enracinés, certaines algues, etc.).
Suivis dans les lagunes d’Occitanie
Les crédits État de la part de la DREAL ont représenté un appui cette année aux structures de gestion (SMBT, SMCG, CAHM, CABM) qui mettent en œuvre l’évaluation de l’EC des lagunes :
- sur 6 sites N2000 (étangs du complexe de Bages-Sigean, La palme, Grande Maïre, Orpellières, Thau, Camargue gardoise) concernant les indicateurs Colonne d’eau et Sédiments ;
- sur 4 lagunes du pourtour de Bages-Sigean (en parallèle à la campagne Suchimed menée par l’Ifremer, suivies sur les mêmes mois de campagne) pour les contaminants chimiques (cf. photo ci-dessous).
Suivis dans les lagunes de Paca
En région Paca, le soutien financier de la Dreal Paca a permis de mettre en place deux études sur les sites N2000 Camargue et Embouchure de l’Argens: un suivi de la Colonne d’eau et des Sédiments en 2023 et un suivi Contaminants chimiques au cours d’une campagne à l’automne 2024 et au printemps 2025 (texte ci-dessous).
Retour sur la formation « Mise en œuvre de l’indicateur Contaminants chimiques à l’échelle des sites Natura2000 « Camargue » et « Embouchure de l’Argens » du 12 septembre à la Tour du Valat
11 gestionnaires de lagunes et animateurs N2000 de cinq structures différentes ont participé à cette journée de lancement qui a eu lieu le 12 septembre à la Tour du Valat avec l’appui de l’équipe de l’Ifremer.
Les mesures pour l’évaluation de l’état chimique de 11 pièces d’eau (cf. localisation photo ci-dessous), seront réalisées via l’utilisation des techniques d’échantillonnage intégratif passif (DGT, POCIS, SBSE) sur des points situés dans le champs « moyen » de chaque masse d’eau (afin de capturer un état « général » et pas uniquement les apports d’une source en particulier).
Les expositions et relèves d’échantillonneurs passifs (EP) seront réalisées par les structures gestionnaires après avoir été formés préalablement par l’Ifremer pour leur mise en œuvre.
L’objectif de la rencontre était de former les gestionnaires à l’utilisation des EP, leur distribuer le matériel à poser sur les lagunes et se concerter sur le planning de la campagne.
L’interprétation des résultats sera basée sur les critères de la DCE (Normes de Qualité Environnementales) pour les substances prioritaires et selon les critères (PNECs) du projet OBSLAG pesticides1 pour les pesticides non prioritaires.
Les substances ne disposant pas de critères de qualité seront simplement recherchées à titre exploratoire (elles reflètent néanmoins le type de pression pesant sur les lagunes -agricole, industrielle, urbaine, domestique…).
De la théorie… | …à la pratique |
Avec quelques mises en situation… | |
Le Pôle-relais lagunes méditerranéennes tient à remercier l’équipe de l’Ifremer (D. Munaron, M. Bouillet et F. Chavanon) pour la qualité de leurs interventions et les gestionnaires pour leur participation active.