Synthèse de travaux sur l’évolution du trait de côte et la lutte contre l’érosion du cordon dunaire
Date de publication : 24/11/2015
L’étude sur l’évolution du trait de côte du littoral des Bouches-du-Rhône au regard de l’érosion marine qui s’est achevée fin 2009.
L’objectif était d’améliorer la connaissance et la compréhension des phénomènes d’érosion et de submersion marine et de créer un outil d’aide à la décision en termes d’aménagement du littoral global et évolutif (SAFEGE 2008). La démarche a été coordonnée avec le CRIGE-PACA. La zone d’étude couvrait l’ensemble du littoral du département, en partant du phare de l’Espiguette à l’Ouest jusqu’à la baie de la Ciotat à l’Est, ainsi que le pourtour de l’étang de Berre.
Tout comme l’étude de BCEOM sur le littoral des Alpes Maritimes, l’évaluation de l’évolution du trait de côte réalisée s’est basée sur la comparaison de photographies aériennes (1920, 1935, 1940, 1950, 1977, 1990, 1998, 2003). [1]
Crédit photo P. Gondolo-Conservatoire du littoral
Le cas du Jaï et des abords de l’étang du Bolmon (Site Natura 2000, Site du Conservatoire du Littoral)
L’essentiel du cordon appartient aux communes de Marignane et Châteauneuf-les-Martigues. Le Conservatoire du littoral possède les marais et l’étang de Bolmon et un petit fragment du lido du Jaï.
Suite à une visite des abords de l’étang du Bolmon et du lido du Jaï en avril 2008, les évolutions récentes de l’étang du Bolmon et du lido du Jaï ont été inspectées, essentiellement l’arrière-plage et le cordon dunaire.
Le cordon du Jaï est un milieu très riche du point de vue écologique avec la présence, au minimum, de 9 biotopes différents, et il abrite de nombreuses espèces protégées.
Aujourd’hui le secteur du Jaï dans sa partie naturelle se présente ainsi :
- une plage de plusieurs mètres de large
- une dune embryonnaire partiellement reconstituée en haut de plage
- une piste qui relie les deux extrémités du cordon
- une dune fossile (grise ou fixée) végétalisée
- une succession de biotopes humides en direction de Bolmon : marais temporaires, sansouïre, pelouses à Anthenis, pelouse pâturée…
- l’étang de Bolmon
Le lido du Jaï est (ou a été) soumis à plusieurs types de détériorations.
1/ Pendant de nombreuses années, l’érosion était surtout liée à la dynamique marine avec, en particulier par Mistral fort, la formation d’un talus d’érosion en haut de plage. De nos jours les coquilles déposées sur la plage ont tendance à protéger cette partie du cordon de la dynamique venue de l’étang.
2/ La détérioration du cordon dunaire semblait plutôt être liée à la présence de la piste passant dans la partie centrale du cordon et reliant les deux extrémités urbanisées. En effet, l’érosion touche plutôt la dune fossile, située en arrière de cette piste. La piste, située en position inférieure par rapport aux dunes environnantes, constituait une rupture dans le profil transversal du cordon, empêchant les échanges entre les parties nord et sud du cordon (propos rapportés par M. Brun). Il apparaît ainsi que la dune fixée bénéficiait de peu de renouvellement faute d’apport et de transit sédimentaire.
Le sable de la piste était complètement tassé et le passage régulier de véhicules empêchait toute colonisation par la végétation.
3/ De plus, la présence de la piste favorisait l’accès des véhicules à moteur aux dunes du Jaï : la pratique du quad et de la moto abîmait les fragments de cordon embryonnaire tandis que les voitures et camionnettes s’en servaient de parking. Ceci expliquait l’allure très fragmentée de la dune embryonnaire située en haut de plage.
D’après le Conservatoire du Littoral, la laisse de plage contribue à lutter contre l’érosion des plages puisque sa décomposition permet le développement d’une végétation qui fixe les dunes.
Des trous dépourvus de végétation peuvent se former en arrière du cordon dunaire à la faveur de brèches dans le cordon qui permettent le passage de courants d’air puissants pouvant occasionner une érosion (travaux de A. Ricard).
Dynamique littorale – Submersion
La position actuelle des Tamaris, plantés il y a environ 15 ans au niveau du cordon, illustre le recul du cordon de 0,5 à 1 m/an.
Aucune submersion du cordon dunaire ne se produit sur le Jaï, même par fort Mistral. Depuis début 2006, l’allure du trait de côte présente de légères indentations (« vagues »), tandis qu’auparavant le littoral était plus régulier.
Des épis sont présents face à la partie urbanisée du cordon, à Châteauneuf les Martigues.
L’érosion du littoral s’est accompagnée d’un recul du trait de côte en arrière des épis qui, construits à partir de la fin des années 50, se sont retrouvés détachés de la côte.
Peu à peu, sous l’effet des transports sédimentaires naturels, les épis ont été reconnectés au littoral par une bande de matériel sédimentaire selon un processus faisant penser à celui de la création d’un tombolo, mais inversé.
D’après le groupe de travail « GLADYS », il serait possible, en cas d’élévation du niveau de la mer que l’équilibre soit retrouvé par déplacement de la dune du Jaï en direction du Bolmon.
Faire face à l’érosion du Lido du Jaï : une des deux missions statutaires du Sibojaï
L’initiative du SIBOJAI sur le Lido du Jaï est de faire face à la montée du niveau de la mer observée et qui devrait s’intensifier.
Elle a impliqué dans le cadre du Plan de gestion les élus du Sibojaï, le Conservatoire du littoral et les acteurs du Comité de gestion, tous conscients de la nécessité d’agir.
Les opérations mises en œuvre n’ont pu être réalisées qu’avec la participation des populations (pose de fascines, semailles, programme BioLit).
L’acquisition d’une partie des dunes par le Conservatoire du littoral a été un préalable à la mise en œuvre d’une série d’opérations inscrites dans le plan de gestion.
Fin 2011, les acteurs du site ont fermé l’accès aux véhicules à moteur après avoir mis en place des opérations concertées de sensibilisation des usagers. Ensuite, un hersage des sols compactés par l’ancienne circulation automobile a été réalisé par traction animale (opération Pépito) afin de préparer le sol aux « semailles du Jaï ». Ces opérations se sont déroulées entre décembre 2012 et mars 2013 dans un objectif de restauration de la végétation dunaire.
L’originalité de ce projet tient dans la composante sociale puisque les populations locales et les usagers du site étaient invités à y participer.
Une autre facette de ce projet a consisté en la pose de fascines naturelles (branches de tamaris coupées) sur la dune et sur le haut de plage afin de favoriser le stockage du sable et la résilience des dunes face à la montée du niveau de la mer.
Ces chantiers participatifs ont été réalisés en partenariat avec les Journées Mondiales des Zones Humides, la Fête de la Nature, « Rendez-vous sur les chemins » jusqu’au printemps 2015.
Deux types de suivis sont effectués. L’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale étudie les résultats de la reconquête végétale et conseille le Sibojaï dans l’objectif d’atteinte d’un habitat dunaire de référence (restauration écologique). Les gardes du littoral effectuent un suivi photographique de la reprise de végétation sur la dune et de la cicatrisation des encoches d’érosion sur le haut de plage.
L’utilisation de méthodes de restauration écologique simples et peu coûteuses, qui peuvent être mises en œuvre par des volontaires et par les populations locales est reproductible.
Voir l’article : La restauration du Lido du Jaï : fédérer pour mieux préserver (13)
- En savoir plus
Étude de l’évolution du trait de côte du littoral des Bouches-du-Rhône au regard de l’érosion marine Phase 1 : Synthèse des connaissances existantes, 2008 – Conseil général des Bouches-du-Rhône (08MEN006 Juillet 2009, SAFEGE) : Télécharger le rapport
Synthèse des travaux menés sur l’observation de l’évolution du trait de côte – Rapport final – BRGM/RP-59396-FR, Rapport final janvier 2011 : Télécharger le rapport
- Contact
Elodie GERBEAU, Chef de projet
Courriel : [email protected]
Tél : 06 27 93 12 56
Unité GEMAPI – Site Etang de Bolmon – Métropole Aix-Marseille-Provence
Bureau : 12 rue Henri BARRELET 13700 MARIGNANE
[1] Les secteurs les plus problématiques ont été identifiés et les données ont été incorporées dans un SIG mis à disposition des communes. Les données et résultats des trois études ont été mis en ligne dans la base de données régionale du CRIGE-PACA