En mai 2019, la Planète Revisitée a échantillonné quatre lagunes corses. En voici quelques résultats sur les Pycnogonides, arthropodes marins.
L’expédition Corsicabenthos, ce n’est pas seulement pour les crustacés et les mollusques ! D’autres taxons moins connus, tels les pycnogonides, ont également fait l’objet d’un échantillonnage exhaustif pour renseigner la biodiversité méditerranéenne – et ce, jusque dans les lagunes des côtes tyrrhéniennes de Corse : Biguglia, Diana, Urbinu et Palu.
Par la diversité des milieux qu’elles présentent, ces lagunes (que l’on appelle aussi localement étangs) sont une curiosité à explorer – par la variation du taux de salinité entre l’entrée de la lagune (grau) et ses eaux intérieures ; et par la diversité des habitats (différents types d’herbiers, fonds vaseux ou sableux, etc.). Étudier la faune des pycnogonides de ces lagunes apportera de précieuses informations sur les préférences écologiques des pycnogonides, qui sont encore très mal connues.
Neuf espèces, et soixante-neuf spécimens de pycnogonides ont été collectés dans les lagunes corses en 2019. La très grande majorité (63 spécimens, 8 espèces) a été trouvée dans une seule collecte réalisée dans le nord de l’étang de Diane, dans un herbier à zostères, au fond sableux et couvert de coquilles. C’est un chiffre particulièrement élevé pour ces animaux pourtant plutôt rares. Pour comparaison, les échantillonnages corses de 2019 ont rapporté en moyenne 15 spécimens par évènement de collecte. Les récoltes au Sud de l’étang de Diane et dans l’étang d’Urbino, qui présentent des milieux variant des herbiers aux fonds sableux, ont également rapporté des pycnogonides mais en des proportions beaucoup plus faibles (un spécimen, et 5 spécimens pour 2 espèces, respectivement).
Enfin, aucun pycnogonide n’a été collecté dans les étangs de Palo et de Biguglia. Ce contraste avec Diane et Urbino est sans doute en partie dû aux méthodes d’échantillonnage ; tandis que les collectes dans les étangs de Palo et de Biguglia ont été principalement faites à l’œil ou en prélevant des sédiments, des plongeurs sont intervenus dans les étangs d’Urbino et de Diane pour utiliser un aspirateur sous-marin, une méthode plus efficace pour collecter ces petits animaux lorsqu’ils se cachent dans des habitats difficiles d’accès comme les algues ou les phanérogames.
Ascorhynchus castelli (Dohrn, 1881) (fam. Ascorhynchidae), mâle. Photos © Romain Sabroux
Anoplodactylus pygmaeus (Hodge, 1864) (fam. Phoxichilidiidae), mâle. Photos © Romain Sabroux
Ammothella longipes (Hodge, 1864) (fam. Ammotheidae), femelle gravide (notez les fémurs enflés, qui contiennent les ovocytes mâtures). Photos © Romain Sabroux
Tanystylum conirostre (Dohrn, 1881) (fam. Ammotheidae), mâle. Photos © Romain Sabroux
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