Le projet AnguillaMed a pour objectifs de décrire l’état sanitaire des populations d’anguilles européennes (Anguilla anguilla) de Méditerranée occidentale (rivières et lagunes) et de développer des outils innovants (non létaux) d’évaluation de cet état. Ces résultats devraient permettre de faire le lien entre l’état sanitaire des anguilles et le niveau de pressions anthropiques s’exerçant sur les habitats aquatiques continentaux afin de proposer des mesures de restauration adaptées à cette espèce et ces habitats. La population d’anguille a subi un fort déclin sur l’ensemble de son aire de répartition depuis les années 1980. Il est en effet estimé que cette population a diminué de plus de 90% lors des dernières décennies. Les causes du déclin de l’anguille sont multiples : perte et dégradation des habitats, pêche, pollution, introduction de parasites exotiques et modification des courants océaniques due aux changements climatiques. Tous ces facteurs impactent simultanément la population d’anguille mais l’importance de leur contribution respective ne peut pas encore être déterminée.
Les partenaires du projet Interreg POCTEFA AnguillaMed (EFA078/01), lancé en 2024 sont : le Centre d’Estudis dels Rius Mediterranis – Universitat de Vic – Universitat Central de Catalunya, le Centre de Formation et de Recherche sur les Milieux Méditerranéens (CEFREM, UMR Université de Perpignan Via Domitia, UPVD et Centre National de la Recherche Scientifique, CNRS), le Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (CRIOBE, UMR UPVD, CNRS et Ecole Pratique des Hautes Etudes, EPHE), l’Institut de Diagnosi Ambiental i Estudis de l’Aigua – Consejo Superior de Investigaciones Científicas (IDAEA-CSIC) et l’Institut de Recerca i Tecnologia Agroalimentàries (IRTA), avec la participation de l’Agència Catalana de l’Aigua (ACA).
Le projet AnguillaMed, « État sanitaire des anguilles européennes des lagunes et cours d’eau de Méditerranée occidentale : développement de méthodes non invasives d’étude des sources de contaminations et proposition de mesures de restauration », inclura 12 masses d’eau. Cinq masses d’eau sont localisées dans le Département des Pyrénées Orientales (tronçons avals des fleuves Têt et Tech et de la rivière Verdouble, et les lagunes de Canet-Saint Nazaire et Salses – Leucate), quatre dans la province de Girona (tronçon aval de la rivière de Llançà, Aiguamolls de l’Alt Empordà et Aiguamolls del Baix Ter) et trois dans la province de Barcelone (tronçons avals des rivières Tordera et Besós, et Delta del Llobregat). Ces masses d’eau ont été choisies de manière à refléter tout le gradient d’altération des habitats aquatiques induit par des pressions d’origine anthropique, depuis des masses d’eau peu impactées jusqu’à celles fortement impactées.
Le projet AnguillaMed combine une approche classique d’évaluation de l’état sanitaire des anguilles, comme l’analyse de la concentration de contaminants dans différents organes et la détection et le dénombrement des parasites internes par observation microscopique, avec une approche beaucoup plus innovante (non létale) basée sur des méthodes de biologie moléculaire et de chimie déployées à partir de prélèvements sanguin ou de mucus cutané. Le développement et la mise en œuvre de cette dernière approche sont des éléments fondamentaux et essentiels pour autoriser la pérennisation des suivis à long terme sur cette espèce en danger critique d’extinction.
Les résultats du projet AnguillaMed devraient permettre de préciser l’état écologique des lagunes côtières et des cours d’eau (fleuves et rivières) et les causes du déclin de la biodiversité. Les causes généralement avancées pour ce déclin sont liées à l’altération de l’hydromorphologie et de l’hydrodynamique (modifications du niveau d’eau, des débits et de la connectivité écologique), aux pollutions diffuses d’origine agricole ou industrielle, etc. L’anguille étant une espèce indicatrice de la qualité du milieu aquatique, particulièrement sensible aux contaminations chimiques et aux infestations parasitaires, des mesures pertinentes et spécifiques de gestions des habitats ciblées sur ces pressions, pourront être proposées. L’élaboration de ces mesures sera faite en concertation avec les organismes de gestion et les parties prenantes de la société civile pour chaque site d’étude. Les résultats obtenus dans le projet AnguillaMed pourront être transposés à d’autres habitats similaires de Méditerranée voire même d’Europe.
Le projet AnguillaMed est cofinancé à 65% par l’Union Européenne à travers le programme Interreg VI-A Espagne-France-Andorre (POCTEFA 2021-2027). L’objectif du programme Interreg POCTEFA est de renforcer l’intégration économique et sociale de la zone frontalière Espagne-France-Andorre.
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