Etude portée par Thomas Galewski (Tour du Valat) et Vincent Devictor (Université de Montpellier)
Date de publication : 24/01/2017
L’étude a concerné la communauté d’oiseaux nicheurs de Camargue qui a pu être reconstruite depuis le début du 19ème siècle jusqu’à nos jours. Il a été possible de coder de manière semi-quantitative l’abondance de toutes les espèces à différents pas de temps. En utilisant cette méthodologie, on observe que la communauté a beaucoup évolué dans le temps avec notamment une diminution de l’abondance spécifique et une perte de spécialisation. En d’autres termes, si 2 espèces sur 3 pouvaient être qualifiées de communes au 19ème siècle, ce n’est plus le cas que pour 1 espèce sur 3 aujourd’hui. La diminution a principalement affecté les espèces spécialistes des milieux agricoles et pâturés (ex : Alouettes, Perdrix rouge, Chevêche, Petit-duc, Tourterelle des bois, Linotte et beaucoup d’autres) tandis que les oiseaux utilisant les milieux humides ont mieux résisté.
Ce déclin s’est produit dans les années 1950-1980 à une époque où une très forte perte de milieux naturels et semi-naturels en Camargue (pelouses et sansouires en premier lieu) a été enregistrée, ainsi qu’un changement majeur de l’agriculture camarguaise qui délaisse l’élevage extensif au profit d’une céréaliculture intensive. Cette étude met en évidence un déclin important des oiseaux des milieux agricoles bien antérieur et supérieur au déclin observé depuis 20 ans à travers les programmes de science citoyenne.
Cette étude inédite démontre aussi l’intérêt de la littérature « grise » naturaliste (livres, compte-rendus, rapports de voyage…) pour retracer les variations démographiques historiques d’une population, d’une espèce ou d’une communauté d’espèces.
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