Retour sur les Ateliers du conservatoire du littoral du 5 et 6 décembre 2012, à Montpellier
Le littoral est soumis à des événements climatiques exceptionnels, dont la fréquence et l’amplitude s’accroissent en fonction du changement climatique général. Ce constat impose au Conservatoire du littoral de définir une stratégie qui tienne compte de ces évolutions et des risques associés, pour ajuster les principes de son intervention foncière et pour prévoir le devenir des sites vulnérables déjà placés sous sa responsabilité.
Ces préoccupations recoupent celles des collectivités territoriales sur les espaces vouées à l’habitat et aux activités productives. L’enjeu englobe tout le littoral, densément peuplé et siège de nombreuses activités économiques, touristiques et sociales, ou bordés d’espaces naturels, les uns étant souvent liés aux autres.
Lors de cette 32ème session organisée les 5 et 6 décembre 2012 à l’Hôtel du Département à Montpellier, 3 ateliers ont permis d’échanger sur les point suivants :
- Atelier 1 : Stratégie foncière publique sur le littoral
- Atelier 2 : Gérer des littoraux en mouvement et transformer les contraintes en opportunités
- Atelier 3 : La régulation des risques littoraux vue depuis les terrains du Conservatoire du littoral
Il en ressort en séance plénière :
1- Stratégie foncière publique sur le littoral
L’objectif principal de la stratégie foncière publique consiste à préserver les espaces naturels.
Plusieurs niveaux de collectivités adressent les problèmes actuellement rencontrés. Cependant, il serait plus aisé pour les différents partenaires publics que les politiques à mener, problèmes rencontrés et effets attendus soit affichés clairement, afin de sensibiliser plus efficacement les populations. Des politiques raisonnables et réalistes sont nécessaires. La construction d’une culture du risque est un besoin national, à décliner localement. La concertation doit donc se poursuivre avec les représentants des différents niveaux de collectivités, des associations, des usagers et des populations.
Des politiques d’anticipation seront donc requises, sous forme de réserves foncières ou de remembrement urbain. Il est nécessaire de prévoir des dispositions à court terme, dont des relocalisations des activités et leur réversibilité en fonction de l’état des terrains. Il serait par ailleurs intéressant de restituer ces terrains aux professionnels de la mer, afin qu’une population active rende vie aux villes.
La question du coût des terrains inondables a également été abordée. Une négociation éclairée doit être menée à ce sujet avec les Domaines. »
2- Gérer des littoraux en mouvement et transformer les contraintes en potentialités
« Désormais aujourd’hui les élus se trouvent en capacité de mener des actions qui auraient été inenvisageables une dizaine d’années auparavant. Il existe une indiscutable nécessité de s’adapter au changement. Dans le cadre des mises à disposition d’experts, le volet social ne doit pas être oublié, en faisant intervenir des sociologues ou des communicants auprès de la population.
Les phénomènes affectant les fleuves et le littoral sont proches, notamment les conséquences sur le littoral des perturbations du transit sédimentaire dans les fleuves. La notion de « lit majeur » des fleuves pourrait être transférée aux mers et aux océans.
En Camargue, l’intégration des changements climatiques dans la gestion du complexe deltaïque figure en premier point de la Charte du parc naturel régional de la Camargue, qui engage l’Etat et les collectivités vers des objectifs menant à des actions concertées.
Enfin, la perte de terres ressentie par les habitants d’un territoire doit être éclairée par la nécessité du recul, en convergeant vers une valorisation du phénomène auprès des populations. Ce cheminement conduisant les habitants à accepter la perte de leurs biens est cependant difficile à mener. »
3- La régulation des risques littoraux vue depuis les terrains du Conservatoire du littoral
« La question du changement climatique requiert une approche systémique. La gouvernance, les aspects démocratiques, économique, juridiques, psychologiques doivent être pris en compte.
En Bretagne, la Charte des espaces côtiers bretons a permis d’engager une réflexion sur la manière de construire ensemble une politique collective capable d’éviter les écueils de l’inertie et de la coercition. La réponse proposée comporte un important volet de sensibilisation du public et d’information concernant l’approche du risque.
En effet, les populations ne s’approprient pas la notion de risque, qu’elles abordent avec un optimisme excessif ou un scepticisme face aux occurrences espacées des événements. Il est donc difficile pour les élus locaux de faire accepter des mesures impliquant l’abandon de demeures.
Les changements climatiques entraînent une réflexion sur l’efficience des politiques publiques et des outils d’aménagement territorial, ainsi que sur le domaine public maritime (DPM).
Le SCOT s’avère être un outil pertinent, surtout lorsqu’il intègre le volet terre-mer. L’intérêt des PPRI a également été souligné, car ils sont généralement bien acceptés. Un meilleur partage de la rente foncière liée au terrain sur le littoral permettrait d’assumer la responsabilité du risque et d’imaginer une gestion simultanément collective et privée d’espaces redevenus naturels. Renforcer la cohérence de la gestion des différents espaces publics permettrait de faire de ces espaces des espaces de recul.
La redéfinition du DPM implique l’émergence d’un nouveau concept de cogestion avec l’Etat et les collectivités, ce territoire étant actuellement administré par des compétences distinctes, terrestres ou maritimes.
Il est important pour le Conservatoire de renforcer le statut des espaces qui lui appartiennent et retournent au domaine public maritime, en faisant évoluer la circulaire de 2007 et en recherchant un financement collectif pour un système de défense qui serait pris en charge par l’ensemble des bénéficiaires.
Le Conservatoire détient une importante responsabilité en matière d’expérimentation en milieu naturel. Son rôle consiste en outre à inciter à des réflexions sur des échelles pertinentes, et sur les évolutions des espaces intermédiaires en y menant des expériences d’adaptation au changement et d’aménagements innovants. »
Textes extraits des actes de l’atelier
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Télécharger les actes (ci-contre)
Voir aussi le livret « Le Conservatoire du littoral face au changement climatique »