Étude de l’École Nationale du Paysage de Versailles-Marseille sur le territoire de l’Etang de Berre.
Situé en limite ouest de la métropole d’Aix Marseille Provence, l’Etang de Berre est un territoire dont les enjeux dépassent ses limites géographiques. Son potentiel économique a pris le pas sur ses richesses naturelles. Cependant, face au tournant économique actuel, au déclin des raffineries et aux problématiques de réchauffement climatique toujours plus présentes, ce territoire peut devenir l’exemple d’une reconversion durable, en cohérence avec ses paysages et son histoire.
En 2016, par la création de la métropole, les cinq intercommunalités qui entouraient l’étang se réunissent en une seule entité. Cette réunion devient l’occasion d’un nouveau Schéma de cohérence territoriale (SCOT), véritable opportunité pour la mise en place d’un projet global, commun et prospectif.
Dans le cadre de leur dernière année d’étude à l’École Nationale Supérieure du Paysage (ENSP) de Versailles/Marseille, des étudiant(e)s répondent à la proposition de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (RMC) de concevoir un projet autour de l’Étang de Berre, de l’embouchure du Rhône au plateau de l’Arbois. Pendant 6 mois, ils élaborent ensemble la problématique : Comment la gestion des zones humides peut-elle dessiner un projet de paysage ? Comment prendre en compte des enjeux primordiaux tels que la montée des eaux, l’expansion urbaine et une reconversion des raffineries ?
Dans la phase d’initialisation du projet, quelques images, articles de journaux ou expériences ont été rassemblés, souvent évocateurs d’une image négative de l’Etang de Berre. La porosité naturelle des contours de l’étang a cédé place à un horizon bien plus rigide et limité, ponctué par les cuves et les cheminées des raffineries. De nombreuses infrastructures routières et des zones d’activité viennent compléter ce réseau qui ne cesse d’imperméabiliser les sols et rendent certaines parties du pourtour de l’étang infranchissables.
Ce territoire est aussi composé d’une variété de paysages qui en font sa richesse. Quand la topographie vient plonger dans l’étang, amenant avec elles, ses pins, ses pistachiers ou encore ses chênes ou bien lorsque les marais viennent subtilement se fondre dans la végétation halophile. Tout cela n’est qu’un aperçu des différentes ambiances créées par les garrigues, marais, salins, plaines maraichères ou encore par ses massifs. C’est autant de qualités qui vont pouvoir donner à l’Etang de Berre un projet d’aménagement digne de ses pourtours et profiter à un plus vaste public.
C’est pourquoi le périmètre de l’étude est à l’échelle de l’ambition d’un territoire fort et rassemblé autour d’un désir commun. Ainsi, une stratégie à trois échelles est proposée dans ce projet.
L’échelle du pays des étangs. Ce n’est plus un étang mais bien un ensemble de communes autour d’un parc métropolitain. L’ensemble des villes du territoire d’étude des Marais du Vigueirat au plateau de l’Arbois y sont rassemblées.
Légende : dessin des étudiants de l’ENSP pour représenter le pays des étangs comme un parc métropolitain.
Des implications symboliques autant que de grandes directives d’aménagement, tels que des liaisons avec les massifs ou la finalisation d’un cheminement commun permettent d’ancrer le projet à l’échelle de la métropole.
La seconde échelle s’oriente vers des principes d’usages, notamment agricoles ou industriels, on rassemble les différentes forces autour des étangs. Le projet alimentaire territorial devient un objectif sur lequel s’appuyer.
La troisième échelle permet de s’adapter au contexte de chacune des communes et vise certains points clés qui sont prioritaires en termes d’aménagement, des singularités qui auront des répercussions bien plus larges. Il s’agit là de proposer un schéma général d’aménagement de l’étang qui se base tant sur sa richesse hydrologique globale qu’à travers des exemples d’applications locales à l’échelle des communes. Cette stratégie spatialisée ainsi développée, montre concrètement les sites prioritaires et les opérations paysagères nécessaires à la reconquête du territoire par l’habitant. Elle s’accompagne de l’élaboration d’un langage commun permettant l’appropriation du projet par les communes et peut leur apporter un regard nouveau, celui d’une ville réconciliée avec son territoire, en plein effort environnemental.
Légende : illustration de l’échelle 3 présentant « les singularités » qui permettraient de définir une stratégie fine d’intervention. Les points chauds cartographiés déterminent les priorités d’actions communales des secteurs principalement impactés par 4 enjeux : la montée des eaux, la continuité urbaine, la mutation industrielle et les potentialités naturelles. Source : rapport d’étude de l’ENSP, 2018.
Face aux défis auxquels fait face l’Etang de Berre, aux préjugés réels ou fantasmés, l’évolution inévitable, commerciale, industrielle, administrative doit être vue comme une opportunité pour ce territoire de s’enraciner dans un projet commun, durable et en cohérence avec son territoire.
Ce travail peut aider la métropole à promouvoir une vision d’ensemble dans laquelle l’engagement doit modeler le territoire en fonction des problématiques paysagères et pour un équilibre entre l’urbain, l’agricole et les espaces naturels.
Choyer les paysages et les inclure dans une logique d’aménagement traduit une prise de conscience écologique nécessaire pour le respect de l’humain et des ressources naturelles.
- Contacts ENSP de Versailles/Marseille
Travail réalisé par :
Florence Marais – [email protected]
Valentine Gilbert – [email protected]
Étudiantes en dernière année de l’ENSP – DPLG4
Jérôme Mazas
Paysagiste dplg
paysagiste-conseil de l’état
Enseignant de projet à l’ENSP de Versailles – Marseille.
0607 406 410