Les aménagements pour gérer la fréquentation nautique : où en est-on ?
L’étang de La Palme est, depuis quelques années, devenu un haut lieu de pratique du kitesurf et de la planche à voile. Mais l’étang de La Palme n’est pas que le paradis des kitesurfeurs. La pêche professionnelle, la chasse au gibier d’eau s’y pratiquent depuis des siècles. Il s’agit aussi de l’habitat de nombreuses espèces protégées d’oiseaux. Sur cet étang devenu victime de son succès, des aménagements ont été posés en 2010 et 2011 en vue de gérer la fréquentation nautique : bouées délimitant une zone de navigation d’une centaine d’hectares, réglementation concernant la circulation et le stationnement des véhicules à terre, etc.
En 2012, une enquête de fréquentation a été réalisée par le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée afin de constater d’éventuels changements.
Une zone d’activité plus restreinte mais pas de baisse de la fréquentation
Les comptages effectués d’avril à août ont montré une fréquentation importante en avant-saison, et très importante en été, si bien que les jours de forte affluence de juillet ou août (jusqu’à 80 personnes comptées simultanément dans l’eau), le zonage n’était pas forcément respecté. Cependant, il a été noté que la fréquentation nautique s’est tout de même concentrée dans – voire à proximité – de la zone de navigation.
Par contre, le nombre de pratiquants était en hausse par rapport à 2009, année de la précédente enquête de fréquentation. Par exemple, pendant la pleine saison, la moyenne de kitesurfeurs les jours de vent fort est passée de 21,4 à 26 pratiquants présents simultanément.
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Des pratiquants compréhensifs, des pêcheurs dans l’expectative
L’enquête a aussi consisté en des entretiens avec les pratiquants ou les écoles de kitesurf, directement sur le site. Elle a permis de montrer que les personnes enquêtées considèrent à 93% que la zone de navigation est plutôt adaptée à la navigation, et se font une idée juste des raisons qui ont poussé à sa création.
La mise en place du zonage et de panneaux d’information a aussi permis aux pratiquants de sports nautiques d’avoir connaissance du classement en site Natura 2000 de l’étang de La Palme. En effet, en 2012, 73% des personnes interrogées le savaient, contre 29% en 2009.
Les écoles de kitesurf présentes reconnaissent que l’absence de véhicules sur la plage est une bonne chose. Elles confirment que la fréquentation de l’étang de La Palme n’a pas baissé et constatent que la zone de navigation n’est pas toujours respectée par certains pratiquants libres.
Les pêcheurs, quant à eux, constatent une amélioration certaine car la fréquentation est moins diffuse que les années précédentes. Cependant, ils ont constaté des débordements réguliers et considèrent que le respect du zonage n’est pas forcément acquis.
Quelques améliorations à apporter au dispositif d’information
Au terme de cette enquête de fréquentation, mais aussi des retours effectués par les services de police qui assurent la surveillance ponctuelle du site, des bouées ont été rajoutées, et une amélioration de la visibilité de certains aménagements a été réalisée en 2012. Pour 2013, il est prévu des poser des panneaux d’information supplémentaires.
Le Parc «dézoome» et envisage la gestion des activités sportives à l’échelle territoriale
Comme sur le reste du pourtour méditerranéen, d’autres lagunes du territoire du Parc sont elles aussi soumises à l’augmentation rapide du nombre de pratiquants d’activités nautiques de loisirs voire à l’émergence d’activités nouvelles (stand-up paddle, etc.). Lorsque ces installations spontanées de petites entreprises privées (écoles de kitesurf), de clubs ou d’individuels ne génèrent pas de conflits d’usages, elles créent un dérangement de la faune, et ce, parfois dans des zones restées plutôt peu fréquentées jusqu’alors. C’est le cas par exemple de l’étang de Bages-Sigean, plus au nord, pour lequel la solution reste entièrement à construire avec élus et acteurs locaux.
Désireux d’accueillir les pratiquants de ces activités sportives sur son territoire dans de meilleures conditions (sans compromettre les activités traditionnelles porteuses de l’identité territoriale, ni les équilibres écologiques), le Parc a pris conscience de l’urgence d’envisager le développement durable des sports de nature à l’échelle de l’ensemble de son territoire. Avec l’appui du Conseil général de l’Aude, porteur du Plan départemental des espaces, sites et itinéraires (PDESI), il achève en ce moment même un Schéma de développement raisonné des activités de pleine nature dont le principal objectif est de contribuer à leur développement, tant pour leur vocation récréative et sportive que pour leur contribution à l’attractivité touristique du territoire. Les fédérations sportives ont bien entendu été associées à la concertation et à l’identification de leurs besoins.
Sur la base du recensement des sites de pratiques dédiés aux différentes activités de pleine nature, ce schéma permettra :
- de disposer d’une vision d’ensemble sur le territoire du Parc, en identifiant notamment les zones de cumul d’activités et d’enjeux écologiques,
- de proposer différentes modalités d’organisation de la cohabitation des différents usagers et la préservation de la nature, ce qui peut éventuellement, dans les cas extrêmes d’incompatibilité, prendre la forme d’une relocalisation de l’activité sportive sur un secteur de moindre enjeu naturel.
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Crédits Photos : K. Fortuné-Sans, PNR Narbonnaise