LittoSIM est une plateforme de simulation participative lancée en 2015 avec l’appui financier du CNRS. Destinée à sensibiliser les acteurs locaux aux moyens de prévention du risque de submersion marine, la plateforme est aujourd’hui amenée à évoluer vers un dispositif générique et s’intéressera prochainement à 2 secteurs de Méditerranée : la Camargue et Hyères.
Qu’est-ce que la plateforme LittoSIM ?
Conçue sous la forme d’un jeu sérieux, LittoSIM se présente sous la forme d’une simulation intégrant à la fois un modèle de submersion marine, la modélisation d’acteurs agissant sur le territoire (association de défense, services de l’Etat, etc.) et d’actions de jeu jouées in situ par des élus et techniciens (communes et intercommunalité).
Déployée sur l’île d’Oléron, en partenariat avec la communauté de communes d’Oléron, très affectée après le passage de Xynthia en 2010, la simulation propose une réflexion sur les effets des types d’aménagement du territoire sur la gestion du risque de submersion (défenses frontales, modes d’urbanisation, défenses douces, retrait stratégique).
Le jeu vise ainsi à explorer différents scénarii de gestion des risques de submersion, dont le déroulement est à la fois induit par les choix d’aménagement des joueurs et par la simulation en tant que telle, contraignant ainsi les trajectoires de jeu.
Aperçu des interfaces LittoSIM : simulation de submersion et interface joueur. Crédits : LittoSIM
Mise en œuvre de la plateforme
La plateforme LittoSIM est mise en œuvre sous la forme d’ateliers de mise en situation collective, au cours desquels les acteurs locaux choisissent entre plusieurs actions possibles, au fur et à mesure des tours de jeux, qui simulent 15 années et 3 submersions : construction/rénovation de digues; implantation de ganivelles ; construction hors ou dans la zone inondable, plus ou moins loin du littoral, avec ou sans urbanisme adapté, modification des PLU communaux entre zones agricoles, naturelles, à urbaniser.
Ces choix d’aménagement entrent en interaction avec les actions de l’Etat et des associations qui sont intégrées dans le modèle et pilotées par le maître de jeu. Le forçage se présente sous forme de contraintes financières, “réglementaires” et d’incitations.
Ainsi, l’aménagement effectif du territoire est confronté à la modélisation de la submersion (surface inondée, hauteur d’eau, parcelles bâties inondées, etc.) après plusieurs tours de jeu (correspondant à des années).
A la suite de la simulation, les participants échangent sur les stratégies délibérément choisies par eux et sur celles induites par le jeu, puis sont amenés à débattre sur les apports du jeu, en termes de connaissance du risque (aléa, vulnérabilité liée aux pratiques d’aménagement), de réflexion sur les opportunités et les difficultés de coordination entre acteurs, ainsi qu’en termes d’apprentissages induits par le forçage imposé par le modèle aux joueurs.
Vers un dispositif générique
La plateforme LittoSIM est amenée à évoluer vers un dispositif générique[*], au sein duquel plusieurs modèles de territoire seront implémentés afin de correspondre à la diversité des contextes rencontrés sur le littoral métropolitain. Parmi les terrains pressentis, deux secteurs en Méditerranée :
- La Camargue offre un éventail de stratégies de gestion du littoral contrastées qui est intéressant du point de vue de la recherche de la généricité du dispositif.
- La commune de Hyères quant à elle inscrit sa stratégie de gestion du littoral dans une opération Grand Site ; ce contexte permettra d’interroger comment la conciliation entre la conservation du patrimoine naturel avec les activités qui s’y pratiquent est mise en œuvre.
- Contacts
Pour la Camargue :
Elise Beck
Laboratoire PACTE – Univ. Grenoble Alpes
Email : [email protected] Tél : 04 76 82 20 64
Pour Hyères :
Brice Anselme
Laboratoire PRODIG – Univ. Paris I
Email : [email protected] Tél : 01 44 07 75 56
[*] Le projet LittoSIM-GEN (2018-2020), financé par la Fondation de France, vise à évaluer la généricité du dispositif en l’appliquant à d’autres territoires du littoral métropolitain. Plus particulièrement, le projet interroge les apprentissages produits par la mise en œuvre du dispositif sur des territoires où le contexte politique et physique de gestion du risque diffère. Il est structuré en 3 axes : 1) le développement de la plateforme informatique générique pouvant s’adapter à des contextes locaux différents, 2) la conduite d’un ensemble d’expérimentations sur cinq cas d’études (rencontres avec les partenaires locaux, déploiement d’ateliers de simulation participative, évaluation des apprentissages), et 3) le transfert du dispositif auprès des partenaires opérationnels (formation au dispositif et diffusion).