Définitions et usages des pesticides, les chiffres clefs
Date de publication : 12/12/2014
Les lagunes méditerranéennes sont de nature riches et productives, elles se situent entre terre et mer, à l’interface entre le milieu des eaux douces et celui des eaux salées, à proximité des activités humaines qui de tous temps s’y sont concentrées. Leur confinement naturel, associé à un positionnement à proximité des rejets des activités humaines, à l’aval de bassins versants de plus en plus urbanisés, en font des écosystèmes sensibles et soumis à de fortes pressions d’origine anthropique qui menacent parfois leur intégrité physique et biologique. Parmi ces pressions, la contamination chimique et en particulier celle par les pesticides est depuis longtemps un sujet d’intérêt mais complexe du fait de l’important facteur de dilution de ces molécules dans le milieu récepteur.
Qu’entend-on par pesticide ?
Le terme ‘pesticide’, de l’anglais ‘Pest’ (animal ou plante nuisible) et du latin ‘caedo-cadere’ (tuer) est un terme générique qui désigne l’ensemble des substances utilisées pour la prévention, le contrôle ou l’élimination d’organismes jugés indésirables. Synonymes de produits phytosanitaires ou produits phyto-pharmaceutiques, les pesticides regroupent plusieurs sous-classes comme les herbicides, insecticides, fongicides et les biocides (désinfectants, produits antiparasitaires…) en fonction de leur cible préférentielle.
Parmi les insecticides célèbres, on trouve notamment le DDT, le lindane et l’endosulfan, 3 organochlorés aujourd’hui interdits, et les néonicotinoïdes dont l’Imidaclopride (Gaucho) et le thiaméthoxam (Cruiser) également interdits.
Parmi les herbicides destinés à la lutte contre les herbes jugées ‘indésirables’, on trouve notamment la glyphosate (Roundup®), toujours autorisé.
Ces substances, du fait de leur potentiel toxique pour des organismes non ciblés initialement, sont considérées une fois dans l’eau, comme des contaminants de l’environnement, car elles sont susceptibles de perturber le fonctionnement des écosystèmes, même à des concentrations très faibles de l’ordre du microgramme par litre jusqu’au nanogramme par litre.
Quels usages de pesticides ?
90 % des utilisations des pesticides sont réalisées par les agriculteurs, 9% par les particuliers (entretien du jardin, suppression d’insectes ou parasites indésirables), et 1% par les collectivités (entretien des espaces verts, opérations de désinsectisations) et gestionnaires d’infrastructures (routes, chemins de fer).
(Source : site Agence de l’eau RMC)
Avec environ 80 000 tonnes commercialisées en 2008, la France est le premier utilisateur de pesticides en Europe (en volume total) et le 4ème dans le monde. Si l’on rapporte la consommation à la production, la France est au 4ème rang européen derrière le Portugal, les Pays-Bas et la Belgique.
Du pesticide au contaminant : quel transfert des pesticides vers les milieux aquatiques?
A la différence des autres polluants, les pesticides sont la plupart du temps dispersés intentionnellement par l’homme dans l’environnement. Les transferts vers les milieux aquatiques se font à la fois par des apports diffus (lessivage des sols lors des précipitations, infiltrations, transfert par voie aérienne…) et par des apports ponctuels (rejets directs, accidentels ou non par exemple des usines de fabrication de ces produits, nettoyage des cuves).
Une contamination généralisée des bassins Rhône-Méditerranée et Corse
L’Agence de l’eau RMC, qui assure la surveillance de l’état chimique et écologique des rivières, plans d’eau et nappes souterraines, avec 3 millions de données individuelles collectées chaque année, a rendu son rapport de l’état des eaux 2014.
Les pesticides, cause majeure de la dégradation de la qualité des eaux des bassins RMC.
« La pollution par les pesticides ne régresse pas et reste la principale cause de dégradation de la qualité des eaux des rivières avec 150 pesticides différents retrouvés dans les rivières, parmi lesquels 36 interdits d’utilisation. (…) C’est le cas en particulier pour les zones de viticulture et de maraichage en Languedoc-Roussillon
Parmis les pesticides incriminés, l’herbicide Roundup se retrouve dans les ¾ des rivières du bassin et figure en tête des ventes avec plus de 4000 tonnes/an sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse. Il dépasse localement jusqu’à 200 fois la norme pour l’eau potable dans les cours d’eau. »
« Parmi les pesticides interdits d’utilisation, leur concentration connait des ressauts en période d’épandage dans les zones viticoles du Languedoc-Roussillon (…) ce qui ne permet pas d’exclure une utilisation encore actuelle. »
« Par ailleurs, 58 nappes d’eau souterraines sont impropres à la consommation à cause des pesticides. »
Ces rivières, souvent contaminées par les pesticides, viennent alimenter les lagunes méditerranéennes, dont la contamination a éte avérée en 2010 (rapport PEPSLAG 2013).
- En savoir plus
Ouvrage vulgarisé de référence: Biodiversité : victime silencieuse des pesticides, WWF, 2012
Intervention de Dominique Munaron, Ifremer/Sète lors de la journée d’échange ‘zéro pesticides dans nos villes riveraines des lagunes de PACA’ le 11 décembre 2012 :
>> Présentation de la problématique « pesticides en lagunes », les suivis mis en place et les impacts sur la biodiversité, Dominique Munaron, Ifremer