Le projet Réseau TRAnsfrontalier des LAGunes, des lacs et des étangs (RETRALAGS) est financé par le programme européen de coopération transfrontalière Italie-France Maritime (MARITTIMO).
L’objectif de ce projet est de développer un modèle de gestion durable du patrimoine écosystémique des lacs, lagunes et étangs dans la zone transfrontalière du programme MARITTIMO (Var, Alpes-Maritimes, Corse, Ligurie, Toscane, Sardaigne).
Le Conseil Départemental du Var fait partie des huit partenaires de ce projet européen lauréat pour élaborer un plan d’actions commun visant à améliorer l’efficacité des initiatives publiques pour la protection et la gestion des zones humides en se basant sur des modèles de gestion existants.
Ainsi, le salin des Pesquiers (commune d’Hyères) et les étangs de Villepey (Fréjus) ont été identifiés comme sites pilotes par le Département du Var.
Ces actions pilotes visent à améliorer l’utilisation des biens publiques de la zone considérée, à travers une approche durable et intégrée. L’objectif est à la fois de représenter une valeur ajoutée pour le territoire sur lequel elles sont implantés, et d’y appliquer de bonnes pratiques transférables à d’autres systèmes territoriaux impliqués.
Reconquête des fonctionnalités écologiques et hydrauliques du canal de ceinture du salin des Pesquiers avec des fascines d’huîtres.
Contexte et enjeux
Le site du salin des Pesquiers, géré par la Métropole Toulon Provence Méditerranée, est situé sur la commune d’Hyères, dans le département du Var. Propriété du Conservatoire du littoral depuis septembre 2001, il constitue un site naturel remarquable de 550 hectares.
Le site est historiquement entouré par un canal de ceinture qui a une double fonction : empêcher toute rentrée d’eau douce qui pourrait remettre en cause la production de sel et toute intrusion humaine. A ce jour, plusieurs tronçons de ce canal de ceinture sont envasés ou obstrués, ce qui entraîne un manque d’oxygénation des eaux en été, pouvant conduire à une mortalité piscicole et des problèmes olfactifs.
Dans le cadre du projet RETRALAGS, le maître d’œuvre EKOS Ingénierie s’est associé avec Agir Ecologique pour établir un double diagnostic (hydraulique et naturaliste) du canal de ceinture.
Objectifs et travaux
Suite à ces diagnostics, des travaux d’ingénierie écologique ont été proposés afin d’améliorer le renouvellement des eaux par un curage du canal sur certaines portions, associé à un rétrécissement des sections de nature à augmenter les vitesses d’écoulement.
Les solutions retenues sont les suivantes :
- Réduire les sections passantes par des techniques de fascinage, constituées de grilles gabions et grillage en maille fine, remplies de coquilles d’huîtres avec pour objectif de diversifier les microhabitats des berges,
- Curer en déblais/remblais derrière les fascines pour recréer les berges,
- Mettre en place des boudins cocos végétalisés derrière les fascines, pour maintenir les terres de remblai et pour favoriser la reprise de la végétation.
- Transplanter des espèces locales (Obiones et Salicornes).
Ces travaux ont été réalisés par la Compagnie des forestiers au cours de l’hiver 2018-2019
Gabion en coquille d’huîtres, boudin coco et digue naturelle © MTPM | Curage / remblaiement / surcreusement avec un Mobitrack © MTPM |
Toujours dans l’objectif d’améliorer la qualité des eaux, il a été proposé d’utiliser le pouvoir filtrant des organismes présents en installant des structures immergées. Deux espèces, présentes dans le canal, ont été principalement ciblées :
- Le Cascail Ficopomatus enigmaticus (ver grégaire enfermé dans un tube calcaire dont les constructions groupées de tubes forment des récifs d’individus pouvant atteindre plusieurs dizaines de centimètre d’épaisseur) dans les parties du canal les plus perturbées du canal
- La moule Mytilus edulis sur les secteurs les plus marinisés.
Le développement du Cascail pouvant obstruer le canal, favoriser son installation sur des structures artificielles était aussi l’opportunité de pouvoir facilement le retirer en cas d’invasion.
Colonisation légère des pieux en bois par le Cascail, secteur médian entre zone perturbée et entrée marine | Installation du Cascail sur les dispositifs installés en zone perturbée | Vue large d’un dispositif, situé proche de la prise d’eau à la mer : les cordages et les pieux sont peu colonisés |
Bilan et conclusion
Aujourd’hui, l’ensemble des actions ont été réalisées mais il apparaît difficile de mesurer l’influence de ces actions sur la qualité de l’eau du canal de ceinture, des développements d’algues étant toujours observés sans réellement en connaitre les origines. Les boudins coco ont été peu végétalisés mais les gabions en coquille d’huîtres sont toujours en place et aucune dégradation n’est visible. Les structures pieux/corde coco ont été colonisés par du Cascail dans les secteurs les plus perturbés, par contre il n’a pas été noté d’installation de moules sur les parties les plus proche du canal d’arrivée d’eau de mer. Ces mêmes structures sont par contre fréquentées par l’ichtyofaune qui pourrait s’en servir comme zone refuge.
La poursuite d’un suivi dans les années à venir pourra apporter des réponses sur l’influence réelle de ces actions sur la qualité des eaux du canal de ceinture du salin des Pesquiers.
- Contact
Matthieu LASCEVE
Métropole Toulon Provence Méditerranée
[email protected] , 04 94 93 82 09
Un observatoire et un sentier piéton dans les étangs de Villepey
Le projet porte sur la construction d’un observatoire et d’un cheminement bois qui présente et valorise un milieu naturel particulièrement rare à l’échelle de l’Europe : la lagune méditerranéenne.
Le coût total de l’opération de 164 000 € est financé par le Projet Retralags (74 000 €), le Conservatoire du littoral (77 000 €) et le Département du Var (13 000 €).
L’aménagement complet a été intégralement construit sur place. L’observatoire culminant à plus de 5 mètres de haut est positionné sur 11 pieux vissés.
Deux niveaux ont été réalisés : le premier pour l’arrivée du cheminement est couvert avec des fenêtres occultées pour observer la faune en toute discrétion. Son étage découvert offre une vue paysagère panoramique sur les étangs de Villepey.
Le cheminement en platelage bois, quant à lui, mesure 160 mètres de long pour 1,80 m de large, accessible aux personnes à mobilité réduite.
Pour réaliser cet ouvrage, des études de sols ont été nécessaires. Le sol étant peu porteur, le bureau d’étude a donc préconisé l’utilisation de pieux vissés en alternat avec des pieux battus pour répartir la charge de l’ouvrage. Pour renforcer davantage la stabilité de l’ouvrage en profondeur, une partie des pieux en bois est posée sur des platines, vissés eux-mêmes à une profondeur comprise entre 3 et 8 mètres par endroit.
Cet aménagement, accompagné de panneaux d’informations sur l’histoire de la lagune de Villepey, son paysage, sa faune et sa flore, participe à la découverte de ce milieu naturel exceptionnel situé au cœur des étangs de Villepey.
Observatoire de la lagune de Villepey © Service biodiversité – Estérel Côte d’Azur Agglomération |
- Référent du projet sur site
David HERITIER
Garde gestionnaire des étangs de Villepey
Service Biodiversité – Estérel Côte d’Azur Agglomération