Auteurs de la publication : Rutger De Wit et Nathalie Boutin
Cet article explique comment la restauration écologique a été réalisée à travers des projets financés par l’Instrument Financier pour l’Environnement (LIFE) de la Commission Européenne sur les lagunes côtières de Méditerranée et de la Mer noire affiliées au réseau Natura 2000. Cette comparaison de projets LIFE de restauration écologique apporte un premier aperçu descriptif et permet d’apprendre quelles généralités en émergent pour des évaluations scientifiques plus complètes.
La Commission européenne a créé une base de données sur tous les projets LIFE et a mis en place un site doté d’un moteur de recherche, le « LIFE public data base », mobilisé pour cette comparaison. Néanmoins, pour bien évaluer les résultats des différents projets LIFE il a été constaté que les informations listées dans les fiches projets devraient être enrichies par plus de détails pratiques, techniques et scientifiques, notamment pour les différents projets leurs sites web et Layman’s rapports ainsi que les publications scientifiques.
Alors que le programme LIFE a commencé en 1992, le premier projet axé sur la restauration écologique visant les lagunes côtières de cette écorégion a été initié en 1995. Au total, 50% (27) des 54 projets LIFE mis en œuvre sur les lagunes côtières de Méditerranée et de la mer Noire comprenaient un chantier sur la restauration écologique. Dix-huit projets finalisés, tous réalisés après 2008, ont été suffisamment documentés pour établir cette analyse.
Distribution des sites ateliers avec des actions de restauration écologique dans les lagunes côtières de Méditerranée et Mer Noire pour 18 projets Life sélectionnés:
1 = LAG’Nature, 2 = MANSALT, 3 = BOURGAS LAKE, 4 = ACCOLAGOONS, 5 = Delta-LAGOON,
6 = ZONEUMIDE SPONTINE, 7 = Re.S.C.We, 8 = ST.eR.N.A., 9 = MCSALT, 10 = Salt of Life, 11 = VIMINE,
12 = Pletera, 13 = ENVOLL, 14 = SeResto, 15 = LAGOON REFRESH, 16 = REDUNE, 17 = Salinas,
18 = Lagoon of Life. Nombre en rouge : principal site atelier du projet dans l’aire de coordination du projet.
Nombre en bleu : site atelier secondaire du projet. Fond de carte : OpenStreetMap.breton
Après analyse des corpus textuels liés à ces projets Life, il ressort que les travaux de restauration écologique comprenaient :
(i) l’élimination des déchets solides et des espèces exotiques envahissantes,
(ii) la reconstruction des lagunes,
(iii) la création d’îlots en faveur des colonies d’oiseaux,
(iv) la restauration de l’hydrodynamisme des lagunes, et
(v) la restauration et la protection de la végétation.
Ces dernières actions comprenaient la végétation aquatique submergée dans les lagunes, les halophytes des vasières et dans les marais salés frangeants, les plantes des marais d’eau douce et la végétation dunaire.
Figures : Résultats des analyses textuelles N’VIVO basées sur 6 catégories définies ; les catégories sont listées dans le diagramme supérieur avec leur code couleur correspondant. Le diagramme à secteurs est basé sur le nombre d’occurrences pour l’ensemble des dix-huit projets analysés. Le graphique du bas donne la proportion d’occurrences des différentes catégories dans les dix-huit projets (même code couleur pour les catégories que dans le diagramme supérieur).
Il est notamment montré que le programme LIFE a moins bien réussi à aborder la question de la qualité de l’eau dans les lagunes côtières. Seuls trois projets mentionnaient explicitement la « qualité de l’eau », tandis que trois autres projets avancent des contributions à la DCE. La qualité de l’eau des lagunes côtières est primordiale pour la conservation des espèces aquatiques et des autres, comme les oiseaux, qui dépendent de l’eau pour leur nourriture.
Les lagunes côtières sont des eaux de transition et la restauration écologique de la partie aquatique (comme l’amélioration de la qualité de l’eau et la restauration des gradients eau douce-lagune-eau de mer) doit donc prendre en compte la notion de continuum aquatique.
Ainsi, lutter contre l’eutrophisation et la contamination chimique nécessite de gérer les bassins versants des lagunes pour réduire considérablement les charges de nutriments et de contaminants dans les lagunes côtières. Cela requiert une meilleure articulation entre les objectifs de la DCE et et de la Directive Habitats, une collaboration entre les territoires et une approche non sectorielle de ces questions importantes. Enfin, la question du changement global, et en particulier l’élévation du niveau relatif de la mer, devrait être abordée plus systématiquement dans les futurs projets LIFE.
Par conséquent, la mise en réseau entre structures gestionnaires des lagunes côtières et la communication sont essentielles. La majeure partie des sites web des projets sont multilingues, et ont permis de maintenir une diffusion des résultats au-delà de l’achèvement du projet. Cependant depuis 2020 plusieurs sites web ont disparu.
Jusqu’à présent, l’impact des sites de démonstration sur les autres sites a été très difficile à évaluer, d’autre part, et malgré le fait que de nombreux projets LIFE associent des partenaires académiques, les grandes évaluations scientifiques comparatives restent rares. Cela permet d’identifier clairement un besoin d’évaluations scientifiques et d’études comparatives pour accroître les connaissances académiques sur ce sujet.
- Contacts
Rutger De Wit, directeur de recherche au CNRS (Montpellier), UMR MARBEC, [email protected]
Nathalie Boutin, Chercheur à l’UMR MARBEC (CNRS) , Faculté des sciences de Montpellier [email protected]
- Sources des images et textes :
DeWit, R.; Boutin, N. European LIFE Projects Dedicated to Ecological Restoration in Mediterranean and Black Sea Coastal Lagoons. Environments 2023, 10, 101. https://doi.org/10.3390/environments10060101