Est-il possible d’améliorer la connectivité entre mer et lagune pour les juvéniles de poissons le long des graus artificialisés ? Porté par Seaboost et Biotope, le projet RECOLAG souhaite apporter des éléments de réponse au travers d’un premier projet pilote ambitieux.
RECOLAG : lauréat de l’appel à projets « Restauration écologique des petits côtiers de Méditerranée et Biodiversité » lancé en 2018 par le Pôle Mer Méditerranée en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, la Région Occitanie, la Région Sud Provence Alpes Côte d’Azur et la DIRM Méditerranée.
L’urbanisation du trait de côte (liée à la mission Racine dans les années 1960) associée à l’expansion des zones de salins ont fortement modifié le fonctionnement écologique des petits fonds côtiers et des milieux lagunaires du littoral d’Occitanie. Cette étude vise à apporter les éléments nécessaires pour confirmer ou non l’hypothèse selon laquelle l’urbanisation des graus, leur complexification et rallongement limite la connectivité mer/lagune. Le territoire de la commune balnéaire du Grau-du-Roi possède désormais certaines des dernières masses d’eau toujours en connexion directe avec la mer et susceptibles de remplir les fonctions écologiques et écosystémiques caractéristiques des écosystèmes lagunaires d’Occitanie. L’une d’entre elles, la lagune de Salonique, représente une surface de près de 22 ha située en plein cœur de la commune du Grau-du-Roi.
Cette lagune euryhaline peu profonde continue de remplir en partie différentes fonctions écologiques essentielles à l’accomplissement du cycle de vie de nombreuses espèces marines. Annuellement, elle remplit une fonction de nurserie pour différentes espèces de poissons au stade juvénile comme la daurade, le loup, le sar ou encore l’anguille. Son fonctionnement écologique n’en demeure pas moins limité en comparaison au fonctionnement historique du littoral côtier du Grau-du-Roi et du reste de la Petite-Camargue.
En effet, un chenal maritime artificialisé de près de 2 km sépare la lagune de Salonique de la pleine mer. L’absence d’habitats et d’abris intermédiaires pour les stades larvaires qui cherchent volontairement à rejoindre la lagune en empruntant ce linéaire pourrait limiter la fonctionnalité de nurserie de l’étang de Salonique.
Des nurseries artificielles nouvelle génération de près d’une tonne appelées module « Connectivité » ont ainsi été développées et immergées par l’entreprise Seaboost. Constitués de matériaux coquillés recyclés, de bambous, d’herbiers artificiels et d’une structure en béton poreux bas carbone éco-conçu, ces micro-habitats pour les poissons visent à offrir abris et alimentation aux juvéniles de poissons en phase de migration chaque année depuis les graus artificialisés jusqu’à l’entrée des lagunes[1]. Après un état initial d’une année (11 campagnes de plongées en 2019), les habitats ont été immergés à différentes distances du grau ainsi que dans la lagune de Salonique. Ils sont suivis depuis mai 2020 par le bureau d’étude Biotope pendant une année supplémentaire avec une dizaine de missions de suivi prévues sur le terrain.
[1] Ces nurseries ont été testées dans le Parc National des Calanques dans le cadre du projet REXCOR, les herbiers artificiels type Roselières associées également dans les projets REXCOR mais aussi GIREL, RECIF’LAB à Agde et des projets sont à venir à la Seyne sur mer, Menton et La Ciotat.
Source : Communiqué Seaboost / Biotope